- Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
L’année 2024 se termine comme elle a commencé : en lion
L’année 2024 a été mémorable, tant pour les événements qui se sont produits que pour les conséquences qu’ils pourraient avoir en 2025. C’est pourquoi notre dernier commentaire de l’année nous semble être l’occasion d’offrir une rétrospective et un aperçu de ce qui nous attend.
L’année a commencé en pleine crise d’abordabilité Lien externe au site.. L’inflation était forte, mais en baisse. Les taux d’intérêt étaient hauts, bien que stables. Cependant, à mesure que les ménages canadiens renouvelaient leur prêt hypothécaire à des taux plus élevés, l’inflation demeurait à un niveau difficilement acceptable pour bon nombre d’entre eux. Le mur imminent des renouvellements hypothécaires qui s’amorceront dès l’année prochaine pourrait ajouter à ces difficultés en comprimant le budget des ménages et en freinant la consommation.
Les loyers ont atteint des sommets Lien externe au site., ce qui est en partie attribuable à une forte croissance démographique qui a propulsé la demande bien au−delà de l’offre. Le Canada a accueilli un nombre sans précédent de nouveaux arrivants, des résidents tant permanents que non permanents. Vu le contexte d’abordabilité limitée, ce sont eux qui ont porté une grande partie du blâme. Pour faire face à l’opinion publique défavorable, le gouvernement fédéral a prévu Lien externe au site. de réduire d’abord les admissions de résidents non permanents, puis celles des résidents permanents. Ces changements de politique commencent tout juste à porter leurs fruits, au grand dam de certains groupes d’entreprises et le nombre de postes vacants demeure obstinément élevé dans certains secteurs.
Le ralentissement rapide de l’inflation en début d’année conjugué à un ralentissement de la croissance économique Lien externe au site. en raison de la faiblesse de la croissance démographique fait que la pression sur les prix devrait encore s’atténuer en 2025. C’est pourquoi la Banque du Canada a décidé Lien externe au site. de réduire le taux directeur de 50 points de base lors de sa réunion de décembre, après une diminution de même ampleur en octobre et trois baisses antérieures de 25 points de base chacune. Après avoir commencé juin à 5,00 %, le taux directeur finit l’année 2024 à 3,25 %, soit le haut de la fourchette où la Banque du Canada croit pouvoir établir sa politique monétaire à long terme. Et l’on s’attend à ce qu’il baisse davantage d’ici la fin de 2025, pour atteindre 2,25 %.
La réélection de Donald Trump à la présidence des États−Unis et l’arrivée de majorités républicaines aux deux chambres du Congrès se sont ajoutées aux grands événements qui ont touché le Canada en 2024. Tout au long de la campagne électorale, M. Trump a présenté les tarifs douaniers comme étant la solution à de nombreux problèmes auxquels est confrontée l’Amérique, se qualifiant d’ailleurs lui−même affectueusement de « Tariff Man ». Depuis son élection, il a ciblé le Canada de manière beaucoup plus directe, faisant miroiter des tarifs de 25 % pour le Canada et le Mexique (même si la Chine pourrait être encore plus durement touchée). Si ces menaces étaient mises à exécution, notre analyse Lien externe au site. porte à croire que l’économie canadienne pourrait basculer dans la récession dès l’année prochaine.
Pour les contrer, le gouvernement du Canada a annoncé Lien externe au site. la mise en place de mesures dans son Énoncé économique de l’automne 2024 pour renforcer la sécurité aux frontières. Cette annonce a toutefois été éclipsée par la démission de la vice−première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland, et par un déficit qui a atteint plus de 60 milliards de dollars l’année dernière. Cela a considérablement augmenté l’incertitude quant à l’orientation future des politiques intérieure et étrangère, car les libéraux, qui traversent une mauvaise passe, font face au même sentiment qui a ramené Trump à la Maison−Blanche. Il est difficile de savoir ce qui attend le gouvernement fédéral pour la prochaine année. Ce qui semble plus certain, c’est que des élections à date fixe devraient se tenir en octobre 2025.
Le sentiment négatif envers les gouvernements en place n’a toutefois pas été dirigé seulement contre la politique fédérale en 2024. Le Nouveau Parti démocratique de la Colombie−Britannique et le Parti saskatchewanais ont vu leur majorité considérablement réduite dans leur assemblée législative provinciale. Ils n’ont cependant pas vécu le sort réservé aux membres du Parti progressiste−conservateur du Nouveau−Brunswick, qui se sont fait montrer la porte lorsque le Parti libéral provincial a pris les rênes d’un gouvernement majoritaire. À l’inverse, les progressistes−conservateurs de la Nouvelle−Écosse ont obtenu une large majorité à l’Assemblée législative provinciale. Les spéculations entourant la tenue d’élections en Ontario en 2025 laissent entendre que la même chose pourrait se produire dans cette province. Pour ce qui est du Québec, dont les élections provinciales auront lieu seulement en 2026, la province est légalement tenue de présenter un plan l’an prochain qui visera à éliminer son déficit record de 10,8 milliards de dollars sur un horizon de cinq ans. Ce seul fait pourrait donner le ton des prochaines élections et faire oublier la résilience Lien externe au site. économique de 2024.
Somme toute, on peut dire que l’année 2024 a commencé en lion et s’est terminée en lion. Et l’année 2025 pourrait se montrer encore plus féroce.
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