Alors qu’il se déroule sous nos yeux en temps réel, le conflit russo-ukrainien est d’abord un drame humain. Ces événements comportent aussi leur somme d’inquiétudes à propos des marchés financiers. Pour mieux comprendre ces enjeux, nous avons fait appel à Michel Doucet, vice-président, stratège d’investissement et gestionnaire discrétionnaire chez Desjardins Gestion de patrimoine.
Les médias font grand bruit des fluctuations sur les marchés boursiers. Quelle est la meilleure attitude à adopter en pareille circonstances?
La volatilité des marchés peut être un rendez-vous salutaire avec sa planification financière. Quelle est ma véritable tolérance au risque? Mon plan financier est-il adapté aux projets qui sont les miens. Et, par-dessus tout, il faut éviter de poser des gestes hâtifs en réaction aux événements. On ne laisse pas émotions prendre le dessus. L'argent, c'est géré froidement. Vendre dans la panique, c’est risquer de causer des dommages permanents à son patrimoine. Une fois désinvesti, difficile de deviner le bon moment pour réinvestir.
Le conflit russo-ukrainien, le flot de réfugiés et les dommages à l’économie des 2 pays va-t-il faire plonger les bourses sur le long terme?
Historiquement, à part la Deuxième Guerre mondiale et les attentats du 11 septembre 2001 (qui coïncidaient avec l'implosion de la bulle technologique), les conflits ont un effet limité sur les bourses. Par exemple, il aura fallu 31 jours pour rebondir lors de la guerre du Vietnam et seulement neuf lors la crise des missiles cubains. Les perturbations géopolitiques ont des répercussions généralement assez brèves sur les bourses. Donc, il faut garder son calme, ne pas céder aux émotions que provoque le drame humain qui se vit en Ukraine.
Y a-t-il lieu de s’inquiéter pour une correction boursière majeure si le conflit perdure?
D’abord, il faut rappeler que les économies russes ont ukrainiennes ne comptent respectivement que pour 3,2 % et 0,4 % du PIB mondial. Depuis le début de l'année, le TSX a fait un gain de 0,8 % en date du 7 mars 2022. Le S&P 500 a quant à lui encaissé un recul de 11,6 % pour la même période. La baisse moyenne intra-année (moyenne des plus fortes corrections) du TSX est de 16,5 % pour le TSX et de 14,5 % pour le S&P 500 depuis 1981. En d'autres mots, les variations du TSX sont loin de leur moyenne intra-année de recul. Tout comme pour le S&P 500.