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Diversité et inclusion

Toujours aux prises avec un écart salarial avec les hommes, les Canadiennes s’occupent de plus en plus de leurs finances

7 mars 2022

À un moment de leur vie, 9 Canadiennes sur 10 assumeront seules la responsabilité de leur bien-être financier personnel1

Lévis, le 7 mars 2022 – Bien qu’au Canada, les femmes continuent d’avoir un salaire moindre que celui des hommes, la tendance est nettement à la diminution de cet écart. « Selon le Conference Board du Canada, l’écart salarial entre les sexes entre 2000 et 20162 a diminué de 24 %, passant de 23,9 % à 18,2 %, signale Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine. Cet écart ne se limite pas aux femmes à revenu faible ou moyen. Chez les contribuables ayant un revenu total de 270 900 $ ou plus, le revenu médian des femmes était de 362 300 $, contre 393 200 $ pour les hommes, soit une différence de 31 000 $ ou 8,5 %. »

En plus des écarts salariaux qui décroissent, le portrait des femmes investisseuses change. Elles sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers l’entreprenariat, de plus en plus scolarisées, ont des enfants plus tard et en ont moins ou pas du tout. Les femmes continuent majoritairement de prioriser la conciliation travail-famille, ce qui a généralement un impact sur leur revenu.

Les Canadiennes plus intéressées que les hommes à leurs finances

Face à tous ces défis de gestion de leur patrimoine, les Canadiennes s’intéressent de plus en plus à leurs finances. En effet, selon les recherches, 69 % des femmes accordent une « priorité haute ou absolue » à leurs finances, comparativement à 59 % chez les hommes. La sécurité financière des Canadiennes et celle de leurs proches sont capitales. Ces valeurs doivent se refléter dans leur planification financière, de même leurs actifs qui vont croître, notamment par le biais d’héritages, puisqu’elles vivent en moyenne plus longtemps que les hommes.

Tels sont les constats dressés, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, par Sophie Sylvain, planificatrice financière, et Me Caroline Marion, notaire, fiscaliste, planificatrice financière et gestionnaire fiduciaire chez Desjardins Gestion de patrimoine, au sujet de la situation financière des Canadiennes.

Les quatre priorités des Canadiennes dans la gestion de leur patrimoine

Une dynamique différente se dessine dans l’industrie financière afin de considérer les priorités des femmes dans la gestion de leur patrimoine et la poursuite de leur autonomie financière. Ces priorités se résument à la sécurité plutôt que la prospérité, avoir une planification qui reflète leurs valeurs, une nette préférence pour les placements ESG et des résultats prévisibles plutôt que la performance ».

Avoir de bonnes connaissances financières et être bien accompagnées permettent de prendre des décisions en toute connaissance de cause. « Il est temps de déboulonner quatre mythes qui ont la couenne dure et qui nuisent à la sécurité financière au féminin », marque Me Caroline Marion, qui a une longue expérience en matière de planification successorale.

Mythe 1 : Les conjoints de fait qui ont ou adoptent ensemble un enfant acquièrent rapidement les mêmes droits que les couples mariés

Voilà un mythe qui a la couenne dure!  Faire vie commune depuis un certain temps ou avoir des enfants ensemble n’accorde pas aux conjoints de fait les mêmes droits qu’aux couples mariés. Les notions de patrimoine familial et de régime matrimonial au Québec ou encore celles d’égalisation des biens familiaux nets ou de foyer conjugal au sens de la Loi sur le droit de la famille en Ontario n’existent pas pour les conjoints de fait. Et le nombre d’années de vie commune ou le fait qu’ils aient eu ou adopté des enfants ou non n’y change absolument rien. 

En cas de décès de l’un des conjoints, tout comme en cas de rupture, le survivant n’aura pas droit à une portion de la valeur des biens acquis pendant l’union dont il n’est pas copropriétaire. À défaut de testament, selon le Code civil du Québec, le conjoint de fait n'est pas reconnu à titre d'héritier légal. Les conséquences sont les mêmes pour les couples vivant en union libre en Ontario, à une exception près : un conjoint de fait peut présenter une demande de type « pension alimentaire » à l’encontre de la succession de son conjoint dont il n’hérite pas, mais qui était auparavant son soutien financier.

La confusion vient du fait que d’un point de vue fiscal et dans plusieurs lois à caractère social, les conjoints de fait sont reconnus et acquièrent des droits identiques à ceux des conjoints mariés après une certaine période de vie commune, laquelle peut être de seulement un an.

Mythe 2 : Les femmes récoltent des rendements inférieurs aux hommes parce qu’elles sont plus prudentes qu’eux en matière de placement

Ce sont plutôt les objectifs des femmes qui diffèrent. Elles n’accordent pas la même importance à certaines données financières, par exemple au rendement trimestriel du portefeuille. Cependant, elles sont plus soucieuses de prévoir les revenus mensuels pour équilibrer leur budget et faire face à des dépenses imprévues.

Les femmes sont de plus en plus informées et veulent faire leur propre choix en matière d’investissement, notamment en lien avec leurs valeurs. D’ailleurs, 46 % des Canadiennes souhaitent investir dans les placements socialement responsables.

D’autres études démontrent, qu’en général, les femmes transigent moins, gardent leurs placements plus longtemps et, conséquemment, obtiennent souvent un rendement supérieur à celui des hommes qui transigent plus fréquemment, notamment en période de volatilité.  

« La croissance de la littératie financière des Canadiennes fait en sorte qu’elles ne sont pas dupes de certaines solutions de placement qui ne leur permettent pas de maintenir un équilibre avec l’inflation et leur font perdre du pouvoir d’achat, observe la planificatrice financière Sophie Sylvain. Parions qu’avec leurs connaissances financières qui s’accentuent, elles seront de plus en plus sensibles à l'impact des frais de gestion sur les rendements de leurs investissements. »

Me Marion rappelle aux femmes qui œuvrent notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation ou des services à l’enfance et qui participent à un régime de retraite à prestations déterminées, que ce type de régime constitue la portion sécuritaire de leur portefeuille de retraite.  Elles ont donc avantage à investir leurs cotisations REER et CELI dans des investissements dont le potentiel de croissance est plus élevé, tels les titres boursiers.

Mythe 3 : Une planification financière ne sert qu’à valider si on pourra ou non prendre une retraite selon nos objectifs

C’est tout le contraire ! Une planification financière, c’est évaluer comment atteindre nos objectifs pour tout type de projets à différentes étapes de notre vie.  Selon l’Institut québécois de planification financière et le Financial Planning Standards Council, en planification financière « (l)es domaines d’intervention possibles sont : les aspects légaux, l’assurance et la gestion des risques, les finances, la fiscalité, les placements, la retraite et la succession ». C’est en outre une excellente façon de rehausser ses connaissances financières.

Lors d’une planification financière, il est courant de constater l’importance accordée par les Canadiennes à vouloir accumuler des sommes en vue de payer les études à leurs enfants. C’est un exemple d’objectif en lien direct avec des valeurs ancrées profondément en elles et dont elles font leur priorité. Un autre exemple du type de conseil que les femmes sont friandes d’obtenir auprès de leur conseiller rejoint leur besoin d’assurer le bien-être de leur famille malgré la survenance d’une inaptitude ou d’un décès.

Lorsqu’elles doivent prendre un moment pour réfléchir au choix du ou des mandataires qui prendront soin de leur personne et administreront leurs biens dans l’éventualité d’une inaptitude, elles voudront choisir des personnes de confiance, mais surtout, qui ont les mêmes valeurs. Elles voudront s’assurer que si elles ont l’habitude d’aider financièrement un proche, cette aide financière sera maintenue à même les biens de leur patrimoine. Une réflexion similaire sera entreprise dans le choix d’un éventuel tuteur à leur enfant mineur, afin que cette personne puisse transmettre leurs valeurs.

Un plan financier personnalisé contiendra les recommandations et stratégies à mettre en place afin d’optimiser et couvrir tous les angles de leur situation financière. Un must, sachant que les femmes assumeront seules la responsabilité de leur bien-être financier personnel, ce qui se produit pour neuf Canadiennes sur dix à un moment de leur vie.

Mythe 4 : On peut attendre à sa guise pour déclarer un conjoint de fait aux fins de l’impôt

Les régimes fiscaux au Canada fonctionnent selon le principe d’autocotisation. Le contribuable canadien est tenu de « fournir les renseignements nécessaires pour fixer avec exactitude la cotisation d’impôt et le montant des prestations payables. Selon ce principe, il n’est pas possible de choisir son état civil et de ne pas reconnaître un conjoint de fait qui se qualifie aux fins de l’impôt. Attendre avant de le déclarer n’est pas non plus une bonne idée et pourrait avoir des conséquences financières importantes, notamment si l’on bénéficie de mesures fiscales établies en fonction du « revenu familial ».

À titre d’exemples, l’allocation canadienne pour enfants, le crédit d’impôt pour la TPS et la TVH, la bonification des subventions versées dans un Régime enregistré d‘épargne études (REEE) ou dans un Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI) sont des mesures dont les prestations dépendent du revenu net familial.

Les lois fiscales reconnaissent le conjoint de fait après 12 mois de « vie commune » ou moins si le couple a eu ou adopté un enfant ensemble. Or, quand débute la vie commune? Ça dépend. La naissance ou l’adoption d’un enfant sont des moments fixés dans le temps, alors que le début d’une vie commune considère l’intention des membres du couple et est par conséquent une notion qui peut varier d’un individu à l’autre.

Puisque certaines mesures et crédits sont basées sur le revenu familial, il n’est pas rare lors d’une deuxième union que les sommes en jeu viennent affecter la dynamique financière du couple, surtout s’il y a un écart important entre les revenus des deux conjoints. La Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques de l’Université de Sherbrooke rappelle d’ailleurs qu’au fédéral, c’est le particulier ayant revenu net le moins élevé qui pourra demander la déduction pour frais de garde d’enfants. L’application d’une telle mesure peut devenir délicate lorsque dans une deuxième union, le conjoint gagnant un revenu moindre n’est pas le parent de l’enfant.

Ce qui affecte le niveau d’épargne et le niveau de vie des Canadiennes

  • La richesse contrôlée par les Canadiennes ne cesse d’augmenter. Elle atteindra 42 % en 2028 (ou 3 200 milliards de dollars), comparativement à 35 % en 2016 (ou 1 400 milliards de dollars). Cette progression est notamment imputable aux actifs que les femmes recevront en héritage au Canada, un transfert estimé à 900 milliards entre 2016 et 2026.
  • Selon le recensement de 2016, plus du cinquième des couples (21,3 %) vivaient en union libre au Canada, soit plus de trois fois la proportion enregistrée en 1981 (6,3 %). La proportion enregistrée en 2016 était de 39,9 % au Québec et de 14,4 % en Ontario. Un plus grand nombre de femmes que d'hommes vivent seules, et les Canadiennes représentaient 53,7 % des ménages d'une seule personne en 2016. Parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, environ le tiers (33,0 %) des femmes vivaient seules en 2016, comparativement à 17,5 % des hommes.
  • Puisque les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel, l’écart des revenus entre les sexes est beaucoup plus grand lorsqu’on compare le revenu annuel moyen. En 2019, au Québec, le revenu moyen total des femmes (39 800$) était 23,8 % plus faible que celui des hommes (52 200$).
  • Seulement 48 % des Québécois ont préparé un testament et 39 % ont préparé un mandat de protection.
  • En 2019, dans les entreprises de 200 employés et plus, pour les postes exigeant une formation universitaire, une Québécoise gagnait en moyenne 42,30 $ l'heure, contre un taux horaire de 45,13 $ pour son équivalent masculin.
  • En Ontario, les femmes parmi les 10 % les mieux rémunérées gagnent 37 % de moins les hommes comptant parmi les 10 % les mieux rémunérés. Les femmes titulaires d’un baccalauréat gagnent en moyenne 69 063 $ alors que les hommes avec la même scolarité gagnent en moyenne 97 761 $, un écart de 41,6 %.

1. Les données citées dans ce communiqué ont été rigoureusement établies. Elles ont été validées par la Conformité de Valeurs mobilières Desjardins.

2. La majorité des données citées dans ce communiqué émanent du recensement 2016 de Statistique Canada, les données du recensement 2021 n’étant pas encore analysées.


Source :
Richard Lacasse, porte-parole
Mouvement Desjardins
media@desjardins.com