« Lorsque j'accompagne les agents de crédit sur le terrain, je me rends compte qu'on a une approche différente des autres institutions », explique un conseiller de Soro Yiriwaso, l'une des 6 institutions financières qui ont participé au projet Financement agricole et rural au Mali (FARM) mené par DID entre 2014 et 2021. Cette approche différente, c'est de faire du respect de l'environnement une dimension incontournable du processus de financement agricole.
Pour y arriver, le projet FARM s'est doté d'une stratégie environnementale comprenant 3 principales composantes : la gestion des risques climatiques, le renforcement des capacités des institutions financières et le renforcement des capacités des agriculteurs et agricultrices ainsi que des autres intervenants de la chaîne de valeur agricole.
1. Encadrer et documenter les bonnes pratiques
D'abord, une panoplie d'outils ont été conçus et mis à la disposition des institutions financières pour les encourager à adopter des pratiques respectueuses de l'environnement :
- une proposition de politique environnementale et sociale et un manuel de gestion environnementale
- un outil permettant de catégoriser les projets agricoles en fonction du risque environnemental qu'ils représentent
- un guide du bureau vert visant à réduire leur empreinte écologique
Des itinéraires techniques ont aussi été élaborés pour encadrer les pratiques agricoles. Douze fiches techniques de culture, dont 3 fiches incluant la conduite d'une culture biologique, ont été produites pour guider tant les producteurs et productrices que les institutions financières. Le respect de ces itinéraires est d'ailleurs devenu un prérequis pour souscrire au programme d'assurance récolte conçu dans le cadre du projet.
2. Former les agents de crédit
Un programme de formation sur la gestion des risques environnementaux et sociaux a été élaboré et diffusé auprès du personnel des institutions financières pour l'aider à mieux évaluer ces risques au moment d'analyser une demande de crédit.
De façon unanime, les personnes formées ont dit avoir amélioré leur capacité de comprendre les enjeux climatiques à l'issue de cette formation. « Chez nous, tout le monde a participé », explique un conseiller de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA). « Les conseillers sur le terrain sont maintenant en mesure d'expliquer quelles sont les conséquences de certaines pratiques défavorables à l'environnement, et cela permet aux producteurs de réagir. »
3. Sensibiliser les agriculteurs et agricultrices
Le personnel des institutions financières a également été formé et outillé en vue de sensibiliser la clientèle agricole aux risques environnementaux et sociaux associés à ses activités. Les agents de crédit sont ainsi devenus des agents de changement auprès des agriculteurs et agricultrices.
Pour entamer plus facilement la conversation, notamment avec les groupes de femmes, les conseillers et conseillères pouvaient compter sur des outils imagés présentant, en français et en bambara, les pratiques à adopter et à éviter. « Grâce à ces outils de sensibilisation, les femmes parviennent à épouser ce comportement du respect de l'environnement afin d'être en bonne santé et de protéger leurs cultures », souligne un agent de crédit du réseau de coopératives Nyèsigiso.
Un engagement qui porte fruit
Avant le projet FARM, les institutions financières maliennes n'abordaient pas la question de l'environnement avec les emprunteurs. Aujourd'hui, les 6 institutions financières participantes ont intégré cette approche de sensibilisation dans leur processus de financement agricole.
Pour l'institution financière Kafo Jiginew, l'adoption d'une politique environnementale et d'un système de gestion des risques environnementaux a rendu possible l'obtention d'un financement auprès de la Banque européenne d'investissement. L'institution compte par ailleurs mettre en place un service responsable de la gestion des risques environnementaux et sociaux au cours de la prochaine année.
S'appuyant sur les nouvelles méthodologies acquises dans le cadre du projet FARM, les institutions financières participantes comptent maintenant offrir des produits financiers verts qui encourageront l'acquisition de nouvelles technologies plus résilientes face aux changements climatiques.
Le projet FARM a été réalisé grâce à l'appui financier d'Affaires mondiales Canada.