Quelle est la relation entre les tarifs douaniers et les taux d’intérêt au Canada?
Même si les États-Unis ont décidé de reporter d’un mois l’entrée en vigueur de certains droits de douane, le Canada continue de prendre des mesures pour se préparer à leurs effets. Des tarifs ciblés ont été imposés en représailles sur des produits américains tels que le jus d’orange de Floride et le whisky du Tennessee, et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a menacé d’imposer une surtaxe de 25 % sur les exportations d’électricité vers les États de New York, du Michigan et du Minnesota.
La guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis n’est pas qu’un enjeu politique. On s’attend à ce qu’elle ait des répercussions dans l’économie canadienne, en augmentant le coût des biens et en mettant potentiellement des emplois en péril.
Mais ce bras de fer au sujet des droits de douane a aussi des effets moins évidents dans l’économie. Il influence les décisions de la Banque du Canada sur le taux directeur, décisions qui influencent à leur tour – directement et indirectement – les prix que les Canadiens et les Canadiennes paient pour des prêts hypothécaires et d’autres types de prêts.
Décision d’aujourd’hui sur le taux directeur de la Banque du Canada
La Banque du Canada a annoncé cette semaine une baisse de 25 points de base de son taux directeur, qui s’établit maintenant à 2,75 %. Ce niveau contraste avec le sommet de 5 % atteint en 2024. Selon le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.
Mais pourquoi la banque centrale du Canada se préoccupe-t-elle des droits de douane?
En modifiant son taux directeur, la Banque du Canada influence les dépenses des ménages canadiens en rendant les emprunts plus ou moins coûteux. La baisse des taux d’intérêt ne combattra pas directement les tarifs douaniers, mais elle aidera à en atténuer les effets en réduisant le coût de l’emprunt et en encourageant les ménages et les entreprises du Canada à continuer de dépenser.
Par exemple, les coûts pour une entreprise qui importe des biens des États-Unis pourraient augmenter en raison des tarifs douaniers. Avec la baisse des taux directeurs, le taux d’intérêt d’un prêt pour l’achat de ces biens sera probablement moins élevé qu’il ne l’aurait été autrement, ce qui diminuera les coûts pour l’entreprise. La facture que celle-ci devra refiler aux consommateurs sera donc moins importante.
Quelles seront les conséquences pour les Canadiens et les Canadiennes?
Les modifications apportées au taux directeur par la Banque du Canada ont une incidence sur le coût d’emprunt des institutions financières, ce qui influe indirectement sur les taux que celles-ci accordent à leurs clients. Les familles qui ont un prêt hypothécaire à taux variable seront les premières à constater le changement dans leurs paiements, car ceux-ci augmentent et diminuent en fonction des variations du taux d’intérêt préférentiel de leur institution financière. Les détenteurs d’un prêt hypothécaire à taux fixe devront attendre un peu plus longtemps avant de voir leurs paiements diminuer, car leur taux d’intérêt reste le même jusqu’à ce qu’ils renouvellent leur prêt.
De nombreux ménages canadiens pourraient voir leurs paiements augmenter cette année au moment de renouveler leur prêt hypothécaire, car les taux d’intérêt sont plus élevés en ce moment qu’ils ne l’étaient il y a cinq ans lorsque leur prêt a été contracté. Mais avec la diminution continue du taux directeur, la hausse pourrait ne pas être aussi considérable qu’elle l’aurait été autrement.
De plus, les prêts commerciaux seront moins dispendieux, ce qui aidera les entreprises forcées d’apporter des changements pour atténuer l’incidence prévue des tarifs douaniers.
Que nous réserve l’avenir?
Les économistes de Desjardins s’attendent à ce que l’économie canadienne soit durement touchée par les tarifs douaniers. La guerre commerciale ne durera pas éternellement, mais elle devrait avoir un effet durable sur les investissements des entreprises, qui étaient déjà faibles.
Toutefois, le Canada a déjà été confronté à de l’incertitude économique, et les gouvernements fédéral et provinciaux travaillent à mettre fin au conflit le plus rapidement possible. Si la baisse des taux d’intérêt n’est pas le meilleur outil pour gérer les conséquences d’une guerre commerciale, elle peut contribuer à en atténuer les effets sur les familles et les entreprises canadiennes.
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