Il y a parfois des événements qui orientent le cours d’une vie. Parlez-en au plongeur Alexandre Despatie. Sa participation aux Jeux du Québec de 1993, à Baie-Comeau, a fait naître en lui le rêve d’une carrière internationale. Aujourd’hui, le double médaillé olympique s’apprête à revivre d’une autre façon cette expérience marquante puisqu’il a accepté d’être le porte-parole de la 55e Finale des Jeux du Québec qui aura lieu à Laval.
Dormir dans le gymnase d’une école avec les autres jeunes athlètes, manger en groupe à la cafétéria, se faire de nouveaux amis, participer pour la première fois à une conférence de presse… Alexandre Despatie n’avait que huit ans quand les Jeux du Québec ont fait escale dans cette ville de la Côte-Nord, mais les souvenirs sont restés gravés dans sa mémoire.
Le jeune plongeur a fait sensation lors de cette Finale en remportant deux médailles d’or au tremplin de 1 mètre et de 3 mètres, et ce, même s’il livrait compétition dans une catégorie supérieure, celle des 12-13 ans. « Je ne m’attendais pas à monter sur le podium, avoue-t-il. C’était dans mes premières compétitions, je n’avais pas vraiment d’objectif en tête. »
Gêne et aplomb
Il le dit d’emblée, il a tout aimé de sa participation aux Jeux du Québec, surtout les rencontres avec les autres athlètes. « Se retrouver dans une compétition multisports, ça change les choses, explique Alexandre. On fait connaissance avec des jeunes qui pratiquent un sport différent du nôtre. Je me suis d’ailleurs lié d’amitié avec un cycliste avec qui j’ai fait par la suite plusieurs sorties en vélo. Les Jeux font naître des relations qui peuvent durer longtemps. »
Il se souvient aussi des applaudissements de la foule époustouflée par ses exploits. Autant il a aimé ça, autant il a été intimidé par cette manifestation d’appréciation. « J’ai baissé les yeux jusqu’à ce que je retrouve mon entraîneur. J’ai toujours été un peu gêné par les applaudissements des spectateurs, même aux Olympiques, j’ai continué de regarder à terre une fois sorti de la piscine », confie Alexandre.
Lors de cette Finale provinciale, il a donné une conférence de presse pour la première fois de sa jeune vie. C’est Michelle Gendron, qui a longtemps été coordonnatrice en communication stratégique pour les Jeux du Québec, qui l’avait préparé à affronter journalistes et photographes.
« Je lui ai fait visiter la salle de presse au préalable afin de le mettre en confiance. Je lui ai aussi dit que si on lui posait une question à laquelle il ne savait pas quoi répondre, il n’avait qu’à me regarder et j’interviendrais », raconte-t-elle. Une recommandation qui s’est finalement révélée superflue.
« Un journaliste lui a demandé ce que ça lui faisait de se retrouver en compétition avec des plongeurs plus âgés que lui. Sans hésitation, il lui a répondu que ça ne changeait rien vu qu’il était tout seul sur le tremplin. Dès le départ, il a démontré beaucoup de naturel et d’aplomb », ajoute Michelle Gendron.
À la veille de la 55e Finale des Jeux du Québec, Alexandre Despatie sait à quel point les jeunes peuvent être fébriles à l’idée de participer aux compétitions dans leur sport respectif. Son meilleur souvenir des Jeux de Baie-Comeau ? « Le trajet en autobus scolaire, lance-t-il sans hésitation. On était tous ensemble à jaser, à rigoler et à manger des bonbons. »
Il ne faut pas oublier que pour ces jeunes athlètes, l’important, c’est aussi…et surtout de s’amuser !
Une expérience de vie marquante
Alexandre Despatie, qui fait aujourd’hui carrière dans le monde des communications, a accepté le rôle de porte-parole de la Finale des Jeux du Québec à Laval avec d’autant plus de plaisir qu’elle se déroule dans sa ville natale. Ce sont donc plus de 3 300 jeunes athlètes, âgés de moins de 18 ans, venus des 19 régions du Québec qui s’y retrouveront du 22 au 30 juillet. L’ex-plongeur assistera aussi à différentes performances sportives et en fera le compte-rendu chaque soir sur les ondes de RDS.
Cela dit, qu’ils reviennent ou non avec des médailles, tous ceux qui vont participer aux Jeux du Québec repartiront avec une expérience de vie qu’ils n’oublieront pas de sitôt. « C’est ce qui fait la force des Jeux. Et cela vaut autant pour les athlètes que pour les bénévoles », affirme Alexandre Despatie.
En effet, l’organisation de chaque Finale nécessite l’embauche de plus de 2 000 bénévoles qui sont affectés à diverses tâches. « En plus de vivre une expérience mémorable, les bénévoles ont un rôle important à jouer dans la réussite des finales », explique Michelle Gendron.
Elle se souvient d’ailleurs d’un jeune garçon qui avait bien saisi qu’il était un rouage essentiel des Jeux. Sa tâche était d’acheminer les résultats des compétitions aux journalistes — c’était bien avant Internet. « Un jour, il a croisé un monsieur qui s’est mis à lui jaser pour savoir ce qu’il faisait exactement. Après quelques minutes, il a fini par lui dire en poursuivant sa marche : “Je m’excuse, monsieur, je n’ai pas le temps de vous parler parce que moi, ici, je suis important.” L’homme en question, qu’il n’avait pas reconnu, était nul autre que René Lévesque qui a trouvé sa réponse absolument charmante. M. Lévesque n’a pas voulu qu’on dise au jeune garçon qu’il venait de parler avec le premier ministre. Il trouvait que si les Jeux avaient le pouvoir de donner une telle confiance aux jeunes, il fallait qu’ils continuent longtemps », raconte Michelle Gendron.
L’appui des commanditaires
Un événement de l’envergure des Jeux du Québec ne peut se faire sans l’appui de commanditaires. Desjardins est grand partenaire depuis 1984, soit depuis plus de 35 ans. Une association de longue date qui témoigne de son fort engagement envers les jeunes. L’implication de la coopérative comme partenaire s’exprime même jusque sur le terrain grâce à une escouade d’encouragement formée par des bénévoles et des employés qui se promènent de compétition en compétition pour encourager les athlètes à se dépasser et être aux côtés des parents — souvent nerveux — et des spectateurs dans les gradins.
Il y a quelques années, un jeune garçon qui participait aux compétitions en tennis de table avait tenu à remercier personnellement l’escouade de ses encouragements. Comme il était seul de son sport dans sa région et qu’aucun membre de sa famille n’avait pu venir le voir jouer, cela avait fait une grosse différence pour lui en particulier et pour tous les autres athlètes. En plus, la présence des agents de Desjardins donnait de la crédibilité à son sport au même titre que tous les autres, disait-il. Une belle preuve des bienfaits de l’appui que pouvait apporter l’escouade.
Un modèle unique
C’est à l’été 1971 que la première Finale des Jeux du Québec a été présentée à Rivière-du-Loup. Initialement, ils ont été créés pour développer la pratique sportive à la grandeur de la province et contribuer à la formation d’entraîneurs et d’officiels. Vers le milieu des années 1980, à cette mission s’est ajoutée la détection des futurs talents ayant le potentiel de participer à des compétitions nationales et internationales. À l’instar d’Alexandre Despatie, plusieurs athlètes olympiques y ont fait leurs débuts, que ce soit Joannie Rochette, Émilie Heymans et Alex Harvey, pour ne nommer que ceux-là.
À ce jour, le modèle des Jeux du Québec reste unique au monde. « Aucun pays n’a adopté ce continuum de compétitions locales qui mènent à des finales régionales puis provinciales », soutient Michelle Gendron.
Après 50 ans d’existence, on peut dire que les Jeux ont fait leurs preuves.