Gina Vallée est agente au service à la clientèle chez Desjardins. Elle a une voix riche et la conversation facile — après dix ans à faire de la radio, ce sont des choses qui ne se perdent pas. Elle est fière d’agir comme ambassadrice dans son milieu de travail. « Si mon parcours peut aider des gens qui s’empêchent de vivre pleinement par souci de protéger leur carrière, je l’accepte », raconte-t-elle. Son apparence soignée lui attire des compliments de ses collègues, pour qui ça n’a aucune importance qu’elle soit née « Gino ». Voici son histoire.
Jamais trop tôt, jamais trop tard
C’est par choix que Gina délaisse complètement le milieu des médias en 2016, afin de vivre sa sortie du placard avec intimité, loin de la scène publique. Son seul regret : ne pas l’avoir fait plus tôt. « Chaque jour où tu vis dans le déni, c’est une journée perdue », confie-t-elle.
Sa réorientation de carrière et sa recherche d’emploi sont ponctuées d’anecdotes tantôt drôles, tantôt malaisantes (une première entrevue n’est certainement pas le meilleur moment pour questionner une personne trans sur sa préférence en matière de salles de bain).
« Toutes les entreprises font preuve d’inclusion pendant le processus d’embauche — c’est après quelques mois qu’on découvre si c’est sincère », explique Gina. La travailleuse se retrouve dans des organisations dont les belles valeurs ne se reflètent pas toujours dans le comportement des collègues. Jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre chez Desjardins.
Qu’est-ce qu’un nom ?
Avant même que Gina soumette son CV, une amie la rassure : « Desjardins est dans une classe à part. » À l’aube de ses 43 ans, la recrue y accepte un remplacement temporaire de quelques mois… qui se transforme en poste permanent. Elle s’y sent à sa place, appuyée par ses collègues.
Pourtant, un irritant persiste. Lors de son embauche, on lui explique que pour des raisons légales, son pseudonyme masculin doit être utilisé à certains endroits, notamment pour son adresse courriel et ses accès informatiques. Un détail pouvant sembler anodin, mais qui, chaque fois, l’agace en lui rappelant le chapitre précédent de sa vie. Comme un caillou dans un soulier, qui l’empêche d’avancer.
Faire partie de la famille Desjardins
Gina en parle lors d’un panel sur la diversité et l’inclusion. En découle une rencontre virtuelle avec Mario Lapierre, vice-président, Services spécialisés et Centre d’affaires en ligne, qui est touché par le témoignage de la conseillère et y voit une occasion de faire grandir l’organisation. Il lui dit : « Tu es Gina. Tu es une employée importante. Tu fais partie de la famille Desjardins. Partout où c’est possible d’utiliser ton genre féminin, on va le faire. » À la suite de cette rencontre, son pseudonyme et son adresse courriel sont adaptés. Le dirigeant demande également à Gina d’agir comme ambassadrice pour les personnes LGBTQ+ au sein de l’institution.
Parler pour aider les gens
Gina se considère chanceuse d’avoir bénéficié d’une belle écoute de ses proches et de sa famille lors de sa sortie du placard. Elle accepte d’offrir quelques conseils concernant l’inclusion dans un contexte professionnel, en soulignant que le cheminement de chaque personne est différent
Aux personnes qui révèlent leur identité
- Ne vous inquiétez pas pour votre carrière : « Évitez d’affecter votre sommeil, votre humeur et votre performance en vous inquiétant de ce qui pourrait arriver au travail et choisissez ce qui vous rend heureux. » Allégez votre esprit pour vous permettre de mieux avancer dans le processus.
- Parlez-en à une personne, puis à une autre et à une autre : « L’appui de votre famille, de vos ami(e)s et de vos collègues est important. Confiez-vous à quelqu’un avec qui vous êtes à l’aise, puis agrandissez le cercle à votre rythme. »
Aux collègues
- Félicitez une personne qui sort du placard : « Il faut du courage pour le faire. Soyez sincères, intéressez-vous à la personne et prévoyez un moment de discussion, dans un contexte détendu, pour lui poser des questions. »
- Respectez les choix identitaires de ceux qui vous entourent : « Communiquez avec la personne en fonction du genre auquel elle s’identifie. Utilisez son prénom et les conjugaisons qui s’y rattachent, comme gentil/gentille. »
Gina est reconnaissante que, malgré le casse-tête de la pénurie de main-d’œuvre, Desjardins lui accorde du temps pour remplir son rôle d’ambassadrice, comme lors de cette entrevue. « Je suis très contente d’en parler, mais dans dix ans, j’espère qu’on n’aura plus besoin de le faire. Parce que ça fera partie de la vie. »
Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie : une fierté d’ici
Le 17 mai 1990, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît que l’homosexualité n’est pas une maladie mentale. C’est pour souligner cette grande victoire que la Fondation Émergence crée, en 2003, la première Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Cet événement est désormais célébré dans plus d’une vingtaine de pays. Chaque année, la Fondation Émergence développe des outils éducatifs, traduits dans 20 langues, qui visent à sensibiliser le public à une thématique particulière de la réalité des personnes LGBTQ+.
Créer des milieux de travail alliés envers les personnes LGBTQ+
Comment bâtir un environnement professionnel plus inclusif et diversifié? C’est ce que propose le programme ProAllié de la Fondation Émergence présenté par Desjardins. Cette courte formation, dont la durée est d’une heure et demie à trois heures, enseigne les notions de base comme l’identité de genre, l’orientation sexuelle, l’expression de genre et les enjeux spécifiques que vivent les personnes LGBTQ+ en milieu de travail, ainsi que de bonnes pratiques d’inclusion. Chaque présentation s’accompagne d’un témoignage d’une personne de la communauté, choisie en fonction de l’organisation participante.
Pourquoi ? Parce que c’est la loi!
L’identité et l’expression de genre sont reconnues comme des motifs de non-discrimination par la Charte des droits et libertés de la personne. « Légalement, les entreprises ont une responsabilité dès l’embauche jusqu’à la fin d’emploi », précise Laurent Breault, directeur général de la Fondation Émergence.
L’inclusion favorise l’innovation
Une étude de la firme Deloitte Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. révèle que 80 % des dirigeants interviewés considèrent que la diversité et l’inclusion sont des avantages concurrentiels1. Il est également près de 60 % plus probable que les entreprises dotées de politiques d’égalité des chances et de mixité bénéficient d’une meilleure réputation, suscitent plus de créativité et d’innovation et voient leurs profits et leur productivité augmenter.
« La transidentité est souvent un obstacle à la recherche d’emploi; quand une personne trans se sent en sécurité, impliquée et engagée dans son milieu de travail, il est normal qu’elle souhaite y rester », ajoute Laurent Breault.
Pour en savoir plus sur le programme ProAllié de la Fondation Émergence présenté par Desjardins : visitez le site Web fondationemergence.org Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre..