Changement de mode de vie, location à long terme, migration vers les zones plus rurales, voici quelques conséquences vécues par les jeunes qui ont de la difficulté à trouver un logement abordable. C’est ce que soulève un rapport économique jeunesse Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. sur l’accès à la propriété produit par Desjardins. Pour mieux comprendre la situation et les enjeux auxquels les jeunes font face, j’ai discuté avec Randall Bartlett et Jimmy Jean, deux économistes du Mouvement Desjardins. Voici, les 4 points qui m’ont le plus marqué dans ce rapport.
Un texte d’Audrey Pigeon, reportrice jeunesse au Mouvement Desjardins.
Les choix de vie sont influencés
Avant toute chose, il est important de comprendre ce qui cause la hausse des prix du secteur immobilier. En fait, c’est le principe de l’offre et de la demande : une demande forte et une offre faible. La croissance démographique, un marché du travail effervescent et des taux d’intérêt intéressants entrainent une forte pression sur les logements disponibles. Du côté de l'offre, les retards de chantiers, la réduction du nombre de constructions, de nouvelles unités résidentielles et d’autres facteurs signifient que l’offre est moindre.
« Un logement est abordable lorsqu'il ne représente pas plus de 30 % du revenu brut de la personne, avant impôt. Selon Statistique Canada, environ 3 ménages canadiens sur 4 ont un logement abordable, mais les propriétaires sont les plus susceptibles de vivre dans un logement abordable et plusieurs arrivent à ne plus avoir de paiement d’hypothèque avec les années. Donc, ceux qui ont le plus de difficulté sont les nouveaux propriétaires ou locataires, souvent de jeunes adultes. Avec le marché actuel, c’est très difficile de rester en dessous de ces 30% », affirme l’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean.
Dans les grandes villes comme Toronto, Vancouver ou Montréal, beaucoup de gens déménagent pour s’installer en région ou en banlieue pour réduire les coûts reliés au logement.
« Quand les jeunes quittent les centres urbains pour s’installer plus loin, les services, les programmes scolaires, sportifs et autres sont tous réduits à cause de la baisse de la demande », fait valoir l’économiste Randall Bartlett.
Non seulement l’offre de services est réduite, mais les jeunes apportent leur vivacité d’esprit et leur innovation avec eux lorsqu’ils quittent, ce qui rend les grands centres moins dynamiques.
Pour ceux qui vivent dans les villes ou provinces inabordables, le coût n'est pas que financier : les habitudes et les aspirations sont changées.
« Pour rembourser la dette d’étude et pour économiser, les jeunes ont tendance à vivre plus longtemps chez leurs parents. Ils mettent plus de temps que les générations précédentes à entrer dans des relations à long terme et à avoir des enfants. La famille est souvent plus petite que ce que les parents auraient souhaité », ajoute Randall Bartlett.
Les immigrants sont très touchés
Les nouveaux arrivants viennent au pays dans le but de trouver une vie meilleure. Il est logique que d’avoir un logement fasse partie de ce rêve. Historiquement, les nouveaux arrivants louent rapidement un logement et lorsqu’ils achètent une maison, plusieurs générations y cohabitent. Sans logement, c’est plus difficile pour eux de prendre racine et de s'épanouir ici.
« Au Canada, nous sommes chanceux d’avoir un système d’immigration qui permet à plusieurs immigrants économiques de s’installer. Ils ont des compétences et ont souvent des contacts qui leur permettent d’avoir un emploi très rapidement. Leur revenu a tendance à être plus élevé que chez les résidents non permanents », souligne Randall Bartelett.
Louer au lieu d’acheter
Les appartements et les condos dominent le marché des nouveaux logements. Pour les ménages, ça signifie qu’ils devront soit se contenter d’espaces de vie plus petits, soit déménager plus loin pour trouver plus grand et abordable. Construire des maisons ou des logements plus grands n’est pas intéressant pour les investisseurs. Pourtant, c’est ce que le marché demande, mais ça signifie une moins grande rentabilité pour les investisseurs.
« Les condos et les appartements ne prennent pas en considération les besoins de la population et des familles. C’est le parcours standard d’acheter une maison unifamiliale à un certain moment. Avant, c’était possible, mais c’est devenu beaucoup plus difficile maintenant », explique Jimmy Jean.
De plus en plus, plusieurs choisissent de continuer à louer un logement au lieu d’en acheter un. C’est quelque chose de commun dans certains pays comme l’Allemagne a précisé Jimmy Jean. Toutefois, ici ce n’est pas encore coutume et c’est déstabilisant. L’accumulation de richesse est aussi plus ardue pour les locataires que pour les propriétaires.
L’inflation est plus ressentie chez les jeunes
Les Canadiens et Canadiennes ayant moins de 30 ans sont vivement touchés par l’inflation. Ils dépensent, en moyenne, plus de la moitié de leur revenu en logement, éducation, nourriture et transport. Ils sont aussi moins susceptibles de dépenser dans les non essentiels.
« Contrairement à la croyance populaire que la jeune génération dépense sans compter, les données prouvent le contraire », mentionne Randall Bartlett.
Les jeunes sont éduqués, font carrière dans des milieux en demande et font attention à leur argent. C’est d’ailleurs ce que prouve le précédent rapport économique jeunesse de Desjardins.
En ce qui concerne l’achat d’une maison, elle est impossible pour plusieurs jeunes sans l’aide des parents. L’aide familiale arrive juste après les économies dans le financement de la mise de fonds pour l’achat d’une maison.
Et maintenant ?
En lisant le rapport sur le logement abordable, j’ai vraiment pris conscience que c’est un enjeu vécu par plusieurs personnes au Canada. J’aurais aimé recevoir une solution rapide de la part des économistes, mais il n’y en a peu. Pour aider les jeunes à avoir accès à une maison, il faut miser sur l’augmentation de l’offre. Et pour ça, il faut du temps.
« La responsabilité à cet égard appartient à tous les paliers de gouvernement. Le gouvernement fédéral doit rapidement mettre en place des incitatifs plus généreux pour que les provinces et les municipalités construisent plus de logements. Pour les provinces et les municipalités, il faut accorder une attention sérieuse à l'augmentation de l'offre », soutient Randall Bartlett.
Au Québec, le gouvernement provincial a fait un partenariat avec Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ pour créer 2000 nouveaux logements abordables d’ici 2025, un objectif qui sera surpassé. Cette entente innovante est un exemple concret que les leaders socioéconomiques doivent travailler ensemble pour répondre aux enjeux de société.
Desjardins en est conscient, les jeunes sont confrontés à des défis uniques. C’est pourquoi la coopérative a placé la jeunesse au cœur de ses priorités. Pour trouver des solutions et mieux accompagner les jeunes, Desjardins a démarré une vaste consultation auprès d’eux qui culminera avec l’événement Rêver l'impossible en juin.
Pour en apprendre plus, je vous invite à lire la version complète ici.