Au Canada, les jeunes bénéficient d’un niveau d’éducation plus élevé que chez la plupart des autres pays du G7 ce qui leur offre une forte participation au marché du travail et des revenus plus élevés que les générations précédentes. C’est une des conclusions d’un rapport économique axé sur la jeunesse produit par les économistes de Desjardins. Le rapport souligne aussi l’amélioration de la place des femmes sur le marché du travail et l’importance de l’immigration dans notre économie. Je me suis entretenue avec deux économistes chez Desjardins, Maëlle Boulais-Préseault et Marc Desormeaux pour faire la lumière sur ce rapport.
Un texte de Audrey Pigeon, reportrice jeunesse chez Desjardins
L’éducation des jeunes adultes
Le Canada est un des pays du G7 qui détient la plus grande proportion de gens qui ont un diplôme collégial ou universitaire. On peut attribuer ça à la solidité du secteur collégial canadien grâce au rôle important des collèges et des Cégeps au Québec.
Toutefois, ce n’est pas un secret, les coûts sont le principal frein à la scolarisation. La bonne nouvelle, c’est que l’écart d’éducation entre les plus pauvres et les plus riches se rétrécit. De plus en plus, les moins nantis ont la chance de poursuivre leurs études grâce aux prêts et bourses offertes par les gouvernements. D’ailleurs, dans son budget de 2023, le gouvernement fédéral a l’intention d’éliminer l’intérêt sur les prêts fédéraux aux étudiants à compter du 1er avril 2023 ;
« C’est une mesure qui a déjà été en place pendant la COVID-19, mais là, le gouvernement fédéral souhaite la poursuivre à plus long terme », précise Maëlle Boulais-Préseault.
Les jeunes ont tendance à étudier dans les domaines du commerce, de la gestion et de l’administration publique. Ce sont 20% des étudiants qui étaient inscrits dans un programme en lien avec ces domaines en 2020. Le taux de surqualification dans ces domaines est d’ailleurs plus bas que dans d’autres domaines tels que les sciences humaines.
« Ce qu’on a remarqué dans les études, c’est que les principales motivations des jeunes à aller dans un domaine d’étude sont les possibilités d’emploi après la graduation et le salaire. Comme il y a de bons taux de placement en administration des affaires, ça pousse plusieurs jeunes à s’inscrire dans ces programmes-là », ajoute Maëlle Boulais Préseault.
Les femmes au travail
Étant moi-même une femme, j’aime bien voir où nous nous situons par rapport aux hommes dans différentes sphères. J’ai été surprise quand j’ai constaté qu’un des enjeux principaux est le fait d’avoir des enfants. Je suis toutefois rassurée d’apprendre que les femmes gagnent du terrain sur le marché du travail et dépassent même le taux d’emploi des hommes dans la catégorie 15-24 ans.
Cependant, les choses se corsent lorsque les femmes ont des enfants ou des personnes à charge. Chez les adultes de 25 à 44 ans, les femmes donnent « prendre soin d’enfants » comme principale raison de travailler à temps partiel, alors que ce n’est presque pas mentionné par les hommes du même âge. D’ailleurs, l’écart salarial entre les hommes et les femmes canadiennes ainsi qu’entre les mères et les non-mères s’intensifie avec chaque nouvel enfant.
La bonne nouvelle au Québec c’est qu’avec la mise en place des Centres de la Petite Enfance (CPE) au Québec, la situation s’est grandement améliorée dans la province. Le Québec est en bonne posture comparativement à l’Ontario par exemple. D’ailleurs, Marc Desormeaux souligne l’importance des CPE :
« Quand nous regardons l’historique des taux d’emploi au Québec versus en Ontario pour les hommes et les femmes, c’est clair que le système de garderies subventionnées au Québec a aidé les femmes à travailler et à recevoir un salaire. »
Afin de soutenir les femmes à rester ou à retourner sur le marché du travail, le télétravail et une meilleure conciliation travail/social/famille sont des avenues à explorer. D’ailleurs, comme le souligne Maëlle Boulais-Préseault, la pandémie a ouvert la porte au travail hybride et, de plus en plus, les entreprises se montrent flexibles de ce côté.
L’immigration canadienne
Le rapport des économistes nous permet aussi d’apprendre que l’immigration occupe une place importante dans l’économie canadienne.
« Les immigrants font partie de la population et contribuent à l’économie en ajoutant un bassin de main-d’œuvre disponible pour produire des biens et services. Ce qui est nécessaire avec la population vieillissante actuelle. Ce qui veut dire qu’avec le temps, de moins en moins de personnes seront disponibles sur le marché du travail. L’immigration aide à contrer le phénomène. Aussi, le Canada a un des taux de fertilité le plus bas des pays du G7, ce qui précise le besoin en immigration pour le marché du travail », fait valoir l’économiste Marc Desormeaux.
Les immigrants comblent d’ailleurs un besoin de main-d’œuvre important dans les domaines des STIMS (science, technologie, ingénierie et mathématiques). C’est d’ailleurs ¾ des diplômés de deuxième ou troisième cycle en génie et en science informatique qui sont issus de l’immigration.
« Ce sont des programmes reconnus mondialement, ce qui permet d’utiliser le diplôme obtenu dans n'importe quel autre pays. Il y a aussi des programmes de visas post-diplôme, ce qui encourage les étudiants à choisir le Canada », mentionne Maëlle Boulais-Préseault
En 2019, Statistique Canada a démontré que les immigrants âgés de 15 à 30 ans sont autant susceptibles que leurs semblables nés au Canada d’occuper un emploi à temps plein. De plus, selon une analyse du CiMT, les immigrants âgés de 15 à 24 ans ont connu une nette amélioration de leur place sur le marché du travail au cours des dernières décennies.
En bref, les jeunes et leurs aspirations ont évolué dans les dernières années. Je trouve que les énormes progrès des femmes et des immigrants sont très inspirants. Ce n’est d’ailleurs pas terminé. Le rapport économique pour la jeunesse confirme la place importante des jeunes dans la société. Je vous invite à lire le rapport Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. complet pour en apprendre encore plus.
Vous pouvez télécharger une version simplifiée du rapport ici Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre..