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Nouvelles économiques

Zone euro : baisse du PIB réel

31 octobre 2023
Francis Généreux
Économiste principal

Faits Saillants

  • Le PIB réel de la zone euro a diminué de 0,1 % (non annualisé) entre le deuxième et le troisième trimestre de 2023 selon la version initiale des comptes nationaux.

Commentaires

Le PIB réel de la zone euro a subi cet été sa pire performance depuis 2020. La contraction au troisième trimestre demeure cependant modeste et pourrait bien être renversée lors des prochaines révisions. Pour le moment, elle signale davantage la poursuite d’une période de stagnation qu’une véritable entrée en récession, bien que cette dernière hypothèse ne puisse être complètement écartée. Cela dépendra de l’évolution de l’économie cet automne et au cours des trimestres suivants. Signalons que l’évolution récente des indices PMI eurolandais suggère que des baisses d’activité économique plus prononcées pourraient se matérialiser à partir du dernier trimestre de 2023 (graphique 1).

La publication de la première estimation des comptes nationaux n’est pas accompagnée de détails sur les composantes du PIB. On en sait toutefois un peu plus sur la répartition régionale de la croissance économique (graphique 2). Ainsi, l’Allemagne, la plus grande économie de la zone, a aussi subi une baisse de 0,1 % de son PIB réel cet été. De leurs côtés, la France (+0,1 %) et l’Espagne (+0,3 %) ont continué de croître, mais à des rythmes bien plus lents qu’au cours des trimestres précédents. Dans les deux cas, la consommation réelle a bien progressé, mais on sent des faiblesses du côté des exportations nettes. L’Espagne a aussi subi une baisse de ses investissements.

Dans un contexte où la Banque centrale européenne veut voir l’inflation s’approcher de sa cible de 2 %, une stagnation de l’économie eurolandaise peut presque être considérée comme une bonne nouvelle. Elle ne souffre pas des pires conséquences d’une récession et le chômage reste très bas jusqu’à maintenant, mais cela permet de ralentir les pressions inflationnistes. Ainsi, le taux d’inflation est passé à « seulement » 2,9 % en octobre, selon les données préliminaires aussi publiées aujourd’hui, ce qui est toute une performance alors que le même taux dépassait 10 % il y a un an (graphique 3). Cela dit, l’inflation de base se montre plus tenace, à 4,2 % en octobre.

Implications

L’économie eurolandaise piétine, enlignant les faibles croissances, les stagnations et les légères baisses du PIB réel. Une récession ne peut être complètement écartée alors que l'activité économique pourrait se détériorer davantage au cours des prochains trimestres. Une stagnation économique demeure toutefois suffisante pour ralentir l’inflation. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a pu se permettre de stopper ses hausses de taux directeurs et elle pourrait bien être l’une des premières grandes banques centrales à envisager des baisses au cours de 2024.