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L'Essentiel de la politique monétaire

Taux directeurs aux États-Unis : le prochain mouvement sera à la baisse, mais pas pour très bientôt

31 janvier 2024
Francis Généreux
Économiste principal

Selon la Réserve fédérale (Fed)

  • La Fed maintient le taux d’intérêt cible des fonds fédéraux dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 %.
  • L'activité économique a progressé à un rythme solide. La création d'emplois s’est modérée depuis le début de l’année dernière, mais demeure forte et le taux de chômage demeure bas. L'inflation s’est apaisée pendant la dernière année, mais reste élevée.
  • La Fed juge que les risques à l’obtention de ses objectifs d’emploi et d’inflation sont mieux équilibrés.
  • Dans la détermination de tout ajustement aux taux directeurs, la Fed tiendra compte des prochains indicateurs, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques. Elle ne prévoit pas qu’il sera approprié de réduire la fourchette cible des taux directeurs jusqu’à ce qu’elle ait acquis une plus grande certitude que l’inflation se dirige durablement vers 2 %. 

 

Commentaires

Les dirigeants de la Fed sont décidément en position d’attente. Étant donné les plus récents résultats des indicateurs économiques, ce n’est pas surprenant. La décision d’aujourd’hui était particulièrement facile à prendre et, d’ailleurs, l'ensemble des 106 prévisionnistes sondés par Bloomberg tablaient sur un statu quo à la réunion d’aujourd’hui.

La lecture du communiqué accompagnant la décision de garder les taux inchangés pour une quatrième rencontre consécutive offre peu d’espoir d’un changement prochain de la politique monétaire. D’un côté, les arguments qui étaient encore présents en décembre concernant de nouvelles hausses ont disparu du communiqué. De plus, Jerome Powell a signalé en conférence de presse que les taux actuels représentent le sommet du cycle.

D’un autre côté, bien que les risques soient considérés comme mieux équilibrés, il est maintenant assez clair que le sens du prochain mouvement sera à la baisse. C’est la seule éventualité mentionnée dans le communiqué. Ce n’est donc plus une question de « quoi », mais uniquement de « quand ». Ce n’est pas vraiment une surprise alors que les prévisions publiées en décembre signalaient déjà que les prochains mouvements, plus tard en 2024, seraient à la baisse. Cela dit, la Fed nous dit aussi qu’il faudra patienter avant de voir une réduction des taux directeurs, car elle n’est pas encore assez certaine que l’inflation converge durablement vers la cible officielle de 2 %. C’est vraiment ce degré de certitude qui est maintenant le facteur important dans la conduite de la politique monétaire américaine.

La bonne croissance de l’économie, la bonne tenue du marché du travail et les mouvements récents de l’inflation (notamment en utilisant les déflateurs des dépenses de consommation) vont dans le bon sens. Il n’y a donc pas d’empressement à ajuster rapidement les taux. La Fed peut ainsi se permettre d’attendre que « d’autres bonnes données », selon les dires de son président, se présentent afin d’être encore plus certaine que l’inflation poursuivra sa descente. Entre autres, il faudrait que l’inflation des services ralentisse davantage. Un ralentissement de la croissance des salaires serait aussi bienvenu. Somme toute, « le comité procédera avec prudence lorsqu’il considérera le moment d’assouplir sa politique actuellement restrictive. »

 

Implications

Comme prévu, la Fed a opté pour le statu quo. Il est maintenant clair que le prochain mouvement de taux sera à la baisse. Ses dirigeants semblent écarter la réunion de mars, mais, si l’inflation continue de ralentir, des baisses à partir du printemps ou de l’été sont plausibles.