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Francis Généreux
Économiste principal
Réserve fédérale : l’assouplissement monétaire commence avec un plus grand coup que prévu
Selon la Réserve fédérale (Fed)
- La Fed diminue de 50 points le taux d’intérêt cible des fonds fédéraux, qui passe à une fourchette de 4,75 % à 5,00 %.
- L’activité économique a continué de progresser à un rythme solide. La création d’emplois a ralenti et le taux de chômage a augmenté, mais demeure bas. L’inflation a fait davantage de progrès vers la cible de 2 %, mais reste néanmoins élevée.
- La Fed a une plus grande confiance que l’inflation se dirige durablement vers 2 % et juge que les risques à l’obtention de ses objectifs d’emploi et d’inflation sont à peu près équilibrés.
- Dans la détermination de tout ajustement additionnel aux taux directeurs, la Fed tiendra compte des prochains indicateurs, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques. Elle est fermement déterminée à soutenir le plein emploi et à ramener l’inflation à son objectif de 2 %.
Commentaires
Depuis déjà plusieurs semaines, il était clair que l’assouplissement monétaire débuterait à cette réunion de la Fed. Il y avait cependant encore des doutes sur l’ampleur de la baisse de taux, les marchés et les prévisionnistes étant partagés entre une baisse de 25 ou une baisse de 50 points (et des commentateurs et des politiciens incitaient même la Fed à faire un mouvement encore plus marqué). Les dirigeants de la Fed ont finalement opté, à une majorité de 11-1, pour une baisse de 50 points. C’est la première diminution des taux directeurs depuis mars 2020.
Le communiqué qui accompagne la décision fait état d’une situation économique qui ne change pas vraiment, à l’exception d’un ralentissement du marché du travail. La Fed se montre toutefois plutôt encouragée par les derniers développements du côté de l’inflation. Ce sont d’ailleurs ces deux facteurs qui ont sans doute incité la Fed à faire ce mouvement de 50 points. Un changement au communiqué n’est pas anodin : en juillet, la Fed se disait fermement déterminée quant à sa cible d’inflation. Cette fois-ci, elle a ajouté à la même phrase son intention de soutenir aussi le plein emploi.
Cela ne devrait pas être la dernière baisse de taux cette année. Le communiqué n’est pas si clair à cet égard, mais les prévisions des dirigeants de la Fed donnent plus d’informations. En conférence de presse, Jerome Powell a réitéré que la Fed ne suit pas un parcours prédéfini. Les prévisions indiquent toute de même des taux 50 points plus bas à la fin de la présente année. On peut ainsi anticiper deux baisses de 25 points, soit le 7 novembre et le 18 décembre. À cela s’ajouteraient quatre autres baisses de 25 points au cours de 2025.
La Fed ne croit pas que l’économie américaine soit en déroute ou qu’elle risque de l’être. La baisse de taux un peu plus grande que prévu n’est pas un signe de panique. Jerome Powell a souligné que : « L’économie américaine se porte bien. Elle croît à un rythme soutenu et l’inflation est en baisse. Le marché du travail est dynamique. Nous voulons le maintenir à ce niveau. C’est ce que nous faisons. »
On observe cette conviction dans les nouvelles prévisions économiques des dirigeants. Les prévisions concernant l’évolution du PIB réel ont peu changé, sinon avec une croissance 0,1 point de pourcentage plus basse cette année (de 2,1 % à 2,0 %). Les prévisions concernant le taux de chômage ont bougé un peu plus par rapport à ce qui était anticipé en juin. Le taux de chômage serait de 4,4 % tant à la fin de cette année (comparativement à 4,0 %) qu’en 2025 (comparativement à 4,2 %). Les dirigeants de la Fed voient cependant l’inflation un peu moins forte par rapport aux prévisions d’il y a trois mois. La variation annuelle du déflateur des dépenses de consommation serait de 2,3 % au quatrième trimestre de 2024 (2,6 % auparavant) et à 2,1 % à la fin de l’an prochain (comparée à 2,3 %). L’inflation de base est aussi revue à la baisse pour cette année.
Jerome Powell a réitéré que la politique monétaire actuelle demeure restrictive. La Fed se dit cependant prête à réagir si la situation le demande : « Si le marché du travail devait ralentir de manière inattendue, nous aurions la possibilité de réagir en réduisant les taux plus rapidement. » On peut donc croire que si les prochaines données sur l’économie et surtout sur le marché du travail se montrent décevantes, d’autres baisses de 50 points demeurent possibles.
Implications
La Fed a porté un plus grand coup que prévu en diminuant ses taux directeurs de 50 points. Conformément aux nouvelles prévisions de ses dirigeants, elle devrait opter pour des baisses de 25 points à chacune des prochaines réunions. Mais tout dépendra éventuellement de l’évolution de l’économie, de l’inflation et du marché du travail.
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