- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège
Marc-Antoine Dumont, économiste senior • Florence Jean-Jacobs, économiste principale
Tendances des matières premières
La conjoncture économique prend une tournure défavorable
27 mars 2025
Faits saillants
- Bien que l’ampleur totale et finale des politiques commerciales de l’administration Trump reste encore à déterminer, une récession au Canada et aux États‑Unis nous apparaît maintenant probable. Dans ce contexte, les prix des matières premières sont susceptibles de connaître des baisses dans les prochains mois. Certes, certains prix ont bondi à la suite des annonces de tarifs douaniers, mais les effets néfastes de ces derniers et l’incertitude palpable sur les marchés devraient rapidement se faire sentir et entraîner un repli de la demande pour plusieurs produits de base.
- Notre prévision de fin d’année du prix du WTI (West Texas Intermediate) à 68 $ US le baril semble encore bien équilibrée entre les risques baissiers et haussiers. Les cours du pétrole ont fléchi de 5,9 % de février à mars face à une surabondance grandissante de la production mondiale de pétrole et à une montée des inquiétudes concernant la demande. Cela a incité l’OPEP+ à renverser sa décision d’accroître sa production à partir d’avril, trois semaines après l’avoir annoncée. Il faut aussi noter que le cartel a produit 1,2 million de barils par jour au-dessus de sa cible en février, ce qui a contribué à la baisse des prix du pétrole. En raison de ce dépassement de la cible de production et du manque de clarté quant aux intentions du cartel, nous n’anticipons pas de hausses réelles de sa production pour le moment. Le prix du gaz naturel a bondi de 13,4 % au courant du dernier mois alors que des températures plus froides en Europe et en Amérique du Nord ont entraîné une hausse de la consommation d’énergie pour le chauffage. Le climat plus doux du printemps devrait toutefois provoquer un léger recul de son prix dans les prochaines semaines.
- Après un bond notable des prix de l’aluminium, du cuivre et du nickel, nous prévoyons que leur cours décroîtra légèrement dans les prochains mois alors que la demande pour ceux-ci devrait refroidir. L’aluminium et l’acier se trouvent dans une situation particulièrement difficile alors qu’ils sont exposés à de doubles tarifs douaniers à la frontière américaine, pouvant amener la taxe totale à 35 % et 50 % respectivement pour les produits canadiens. La prime à payer pour acheter de l’aluminium en Amérique du Nord, soit la somme à additionner au prix du LME (London Metal Exchange), est d’ailleurs passée d’environ 500 $ US la tonne au début de l’année à 900 $ US la tonne au moment d’écrire ces lignes. Il est à noter que la prime inclut les tarifs. Plusieurs consommateurs industriels de ce métal mettent d’ailleurs en garde contre une possible baisse de leurs achats. Du côté du minerai de fer, son prix n’a pas bénéficié du même bond que les autres, notamment à cause d’une offre abondante et d’une demande incertaine provenant de Chine.
- Le prix de l’or devrait poursuivre son ascension provoquée par la montée de l’incertitude et la détérioration de la conjoncture économique. Nous maintenons une cible de fin d’année à 3 050 $ US l’once, mais il faut reconnaître que les risques sont davantage haussiers que baissiers. La mauvaise performance des Bourses, l’accumulation des signes de ralentissement de la croissance aux États‑Unis ainsi qu’un réarmement mondial plutôt inquiétant ont poussé plusieurs investisseurs vers la valeur refuge qu’est l’or. Dans ce contexte, les flux dans les comptes négociés en bourse ont bondi de près de 100 tonnes en février. La dernière hausse aussi importante remonte à mars 2022, après l’éclatement de la guerre en Ukraine.
- L’incertitude entourant la politique commerciale a fait bondir les prix du bois d’œuvre en mars à un niveau inégalé depuis 2022. Les dommages causés par les violentes tempêtes et tornades à la mi-mars dans le sud et le Midwest des États‑Unis risquent d’augmenter la demande pour le bois à court terme. À moyen terme, la détérioration anticipée de la conjoncture économique aux États‑Unis risque cependant de réduire la demande. L’incertitude tarifaire pourrait toutefois maintenir les prix nord‑américains du bois d’œuvre à un niveau plus élevé qu’ils ne le seraient en temps normal.
- Les marchés des grains sont plus volatils, avec les annonces multiples de tarifs (en vigueur et à venir) de la part des États‑Unis, de l’Europe et de la Chine. La production record de soya au Brésil exerce une pression à la baisse sur les prix mondiaux. Pour les prix du maïs, les facteurs haussiers et baissiers s’équilibrent. Les bonnes récoltes et la baisse des tarifs à l’exportation en Argentine réduisent les prix du maïs argentin, tandis que la demande mondiale soutient les exportations de maïs de plusieurs pays, dont les États‑Unis. Le faible dollar canadien est favorable aux exportateurs, mais les producteurs de canola canadiens doivent maintenant affronter des tarifs de 100 % sur les importations chinoises. Les prix des engrais progressent depuis le début de l’année, et la guerre commerciale pourrait faire monter leurs cours mondiaux dans les prochains mois.
Ajustements aux scénarios
- Énergie : aucun changement.
- Métaux de base : révision des moyennes annuelles afin de refléter le bond des prix.
- Métaux précieux : aucun changement.
Principales matières premières
Prix des matières premières
Contactez nos économistes
Par téléphone
Montréal et environs :
514 281-2336 Ce lien lancera votre logiciel de téléphonie par défaut.
NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards.
MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.