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Tendances des matières premières

Un été difficile pour les matières premières

23 août 2024
Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège
Marc-Antoine Dumont, économiste senior • Florence Jean-Jacobs, économiste principale

Faits saillants

  • Le déclenchement le 22 août de la grève des travailleurs ferroviaires du CN et du CPKC fait craindre des délais d’approvisionnement et des coûts imprévus pour le transport national et transfrontalier de pétrole, de céréales et de produits forestiers et miniers.
  • La production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (OPEP+) dépassait en juillet sa cible de production de plus de 0,9 mbj (millions de barils par jour). Cette baisse notable de la cohésion au sein du cartel se produit alors que celui-ci s’apprête à retirer ses coupes volontaires en octobre. Combinée à la production record de 13,3 mbj aux États-Unis, l’offre mondiale de pétrole s’avère plus soutenue qu’anticipé. Du côté de la demande, on observe plutôt l’inverse alors que la performance mitigée de l’économie chinoise a provoqué une révision à la baisse. Dans ce contexte, nous avons revu la cible de fin d’année du WTI (West Texas Intermediate) à 82 $ US par baril (graphique 1). Au Canada, les producteurs de pétrole bénéficient déjà de l’ouverture du pipeline Trans Mountain Lien externe au site., qui leur amène une plus grande capacité à exporter, réduisant ainsi leur dépendance envers les raffineries américaines. La grève des travailleurs du réseau de transport ferroviaire risque toutefois d’agrandir l’écart entre le WCS (Western Canadian Select) et le WTI à très court terme. Le nouvel oléoduc devrait néanmoins atténuer cette hausse.
  • La faiblesse de l’activité manufacturière en Chine, notamment avec la troisième contraction consécutive de l’indice PMI manufacturier en juillet, a nui à tous les métaux industriels (graphique 3). Pour le cuivre, il s’agit d’un rappel à l’ordre alors que le sommet observé en mai était au-dessus du niveau suggéré par les facteurs fondamentaux. Dans les prochains trimestres, la baisse des taux d’intérêt profitera à la demande de métaux de base, particulièrement dans les économies avancées. Toutefois, l’enlisement du marché immobilier chinois ainsi que le manque d’efficacité des mesures de relance risquent de limiter les besoins pour les métaux plus sensibles à ce secteur, comme le minerai de fer. La faiblesse de la construction dans le secteur commercial aux États-Unis pèse aussi sur le prix de ce dernier.
  • Le prix de l’or a encore une fois établi un nouveau record à 2 526 $ US l’once cette semaine (graphique 4). L’incertitude tant économique que financière, engendrée par les données de juillet sur l’emploi aux États-Unis ainsi que par la montée des tensions entre l’Iran et Israël, continue de soutenir son prix. Les avoirs en or dans les fonds négociés en bourse (ETF) ont d’ailleurs augmenté de 3 % depuis la mi-avril, signalant un appétit des investisseurs pour les valeurs refuges. Le début de la baisse des taux d’intérêt devrait aussi profiter au prix de l’or dans les prochains trimestres. Cela dit, son niveau actuel est très élevé et il pourrait perdre quelques plumes à très court terme.
  • Les prix du bois d’œuvre continuent d’être tirés vers le bas, principalement sous l’effet d’une construction résidentielle peu vigoureuse aux États-Unis; celle-ci a d’ailleurs faibli en juillet, influencée en partie par le passage de l’ouragan Beryl. L’incertitude qui plane autour de l’économie américaine pourrait faire perdurer cette situation pour encore un moment. Malgré de récentes fermetures de scieries (permanentes et temporaires), l’offre surpasse la demande sur le marché. Les faibles prix de vente accentuent les difficultés financières des producteurs de bois canadiens, notamment en Colombie-Britannique et au Québec. D’autant plus que le département du Commerce des États-Unis a augmenté les droits imposés sur le bois d’œuvre canadien le 13 août dernier, qui passent de 8,05 % à 14,54 %, une situation décriée par le gouvernement canadien Lien externe au site.. Le nouveau taux sera appliqué rétroactivement aux exportations effectuées en 2022 et s’appliquera aux nouvelles exportations, pour les compagnies ayant fait l’objet de l’examen du département du Commerce. L’indice de prix des pâtes et papier est quant à lui stable depuis bientôt deux ans (graphique 5).
  • Les cours des denrées agricoles continuent de glisser graduellement, et il est difficile de prédire quand le plancher sera atteint (graphique 6). Le maïs et le soya ont tous deux subi une forte dégringolade, leur prix étant au plus bas niveau depuis 2020. La production brésilienne abondante et la météo favorable dans le Midwest américain contribuent au mouvement baissier pour ces deux denrées. La concurrence entre les exportateurs, une faible demande mondiale et des récoltes nord-américaines qui s’annoncent abondantes pèsent sur les prix du blé. La faiblesse des cours céréaliers se répercute sur les prix internationaux des engrais, dont la plupart stagnent à des niveaux relativement bas. Cette situation devrait perdurer, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture Lien externe au site. (FAO), qui note toutefois la sensibilité des prix des fertilisants aux chocs imprévus des prix de l’énergie.

Ajustements aux scénarios

  • Énergie : révision à la baisse des prix du pétrole.
  • Métaux de base : aucun changement.
  • Métaux précieux : révision à la hausse.

Principales matières premières







Prix des matières premières



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