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Royce Mendes
Directeur général et chef de la stratégie macroéconomique
Avec un taux d’inflation stable et une économie forte, pourquoi la Fed abaisse-t-elle les taux?
Selon Jerome Powell, la Réserve fédérale (Fed) devrait réduire les taux d’intérêt sous peu. Un assouplissement monétaire est généralement nécessaire pour contrer une faiblesse de l’économie et un ralentissement de l’inflation qui en découlerait. Toutefois, les données actuelles ne laissent rien présager de cela. L’économie américaine continue de surpasser largement ses pairs et l’inflation se montre un peu plus durable que prévu.
Ce cycle économique est vraiment très différent. À partir des premières baisses de taux en 2020 jusqu’aux hausses de 2022 et de 2023, rien n’aura été habituel. Les baisses de taux qui seront tôt ou tard décrétées par la Fed ne seront pas basées sur une inflation inférieure à la cible ni sur une récession.
L’objectif est maintenant d’ajuster la politique pour réussir le fameux atterrissage en douceur. Avec la bonne approche, ralentir progressivement l’inflation tout en maintenant un taux de chômage bas semble possible.
Le taux cible des fonds fédéraux est actuellement fixé à 5,375 %, ce qui est bien au-delà de l’estimation du taux neutre à long terme de la Fed, qui est de 2,50 %. Même si les décideurs révisent cette estimation à la hausse la semaine prochaine, les conséquences sont les mêmes : les taux doivent diminuer avant d’être même proches d’être neutres.
La différence entre un cycle typique de réduction des taux et celui à venir ne sera pas seulement attribuable à l’adoucissement des politiques. De plus, la Fed risque d’être beaucoup plus prudente que d’habitude une fois les baisses de taux commencées. Sans récession grave ni crise financière à gérer, ses dirigeants peuvent réduire les taux plus lentement.
Leurs homologues d’autres banques centrales adopteront probablement une stratégie différente. La Banque du Canada (BdC), la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre amorceront vraisemblablement l’assouplissement de leur politique monétaire en juin, au moment même où la Fed devrait annoncer une première diminution du taux directeur. Toutefois, le Canada, la zone euro et le Royaume-Uni flirtent déjà tous avec une récession.
Par conséquent, les réductions de taux pourraient y être plus importantes. Afin de combattre la morosité de l’économie intérieure, la BdC assouplira davantage que la Fed sa politique monétaire cette année et l’an prochain.
Alors que les emprunteurs des autres pays, comme les Canadiens, profiteront de baisses de taux plus nombreuses, ils seront déçus de voir la réaction de leur monnaie locale. Il est probable que le dollar américain demeure fort face au dollar canadien, en supposant que le cycle de réduction des taux soit moins prononcé aux États-Unis.
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