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Florence Jean-Jacobs
Économiste principale
Malgré le rebond de l’activité économique, le marché de l’emploi québécois se détériore
Faits saillants
- Après une baisse marquée de près de 18 000 emplois en juin, l’emploi a fléchi à nouveau en juillet au Québec, cette fois de 9 100 emplois (tableau 1).
- L’évolution de l’emploi est très contrastée, avec des pertes prononcées dans l’emploi à temps plein (-35 300), contre des gains dans l’emploi à temps partiel (+26 200).
- De même, une dégringolade de l’emploi dans le secteur privé (-34 600) n’a été que partiellement compensée par le secteur public et les travailleurs autonomes.
- Le taux de chômage est resté stable à 5,7 %. Cela est attribuable à la chute du taux de participation, qui a atteint son plus bas niveau (64,2 %) en deux ans.
- Le taux de chômage provincial est toutefois tiré vers le haut par les régions à fort poids démographique (notamment l’île de Montréal, avec un taux de 7,6 %), tandis que trois régions enregistrent un taux inférieur à 3 %, qui plus est, en diminution (Abitibi-Témiscamingue, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Chaudière-Appalaches) (tableau 2).
- L’accélération des salaires est notable en juillet : la rémunération horaire moyenne a augmenté de 5,9 % sur 12 mois, alors que la variation annuelle était de 4,9 % en juin. Les nouvelles conventions collectives dans le secteur public au Québec, qui sont en vigueur depuis le début de 2024, contribuent à la progression des salaires par rapport à l’année dernière. Mais l’accélération salariale s’observe aussi dans plusieurs industries du secteur privé.
- Selon Statistique Canada, les jeunes et les immigrants récents sont particulièrement touchés par la détérioration en cours du marché du travail au pays, et le Québec ne fait pas exception.
- Le taux de chômage des jeunes (15 à 24 ans) a grimpé à 12,3 % au Québec. En excluant la pandémie, il faut remonter à 2016 pour trouver un taux de chômage aussi élevé dans cette tranche d’âge. La baisse du taux de chômage chez les 25 ans et plus a néanmoins permis de contrebalancer cette hausse.
Commentaires
Les industries du commerce de gros et de détail, celle de la finance et des services immobiliers, ainsi que l’hébergement et la restauration ont enregistré les pertes nettes les plus marquées. L’emploi dans les secteurs du transport, des services professionnels et de la construction a toutefois progressé.
Les pertes prononcées dans le secteur privé et l’emploi à temps plein en juillet démontrent bien que le ralentissement du marché du travail québécois est encore en cours (graphique). Depuis le début de l’année, le secteur privé a retranché 55 700 emplois, et la baisse de juillet constitue le pire résultat depuis janvier 2022. En outre, les heures travaillées ont reculé de 2,3 % par rapport à juillet 2023.
Implications
La faiblesse de l’emploi peut surprendre alors que l’on observe une amélioration substantielle du PIB réel Lien externe au site. et d’autres indicateurs économiques (voir notre Indice précurseur Desjardins Lien externe au site.). Pourtant, ce décalage entre la croissance économique et les effets subséquents sur le marché du travail n’a rien d’inhabituel. Les employeurs réduisent généralement les heures et les embauches après avoir vécu quelques mois de ralentissement de la demande pour leurs biens et services.
On assiste donc à un certain rééquilibrage de l’emploi au Québec, à la suite de la période de contraction économique des trois derniers trimestres de 2023. On prévoit d’ailleurs que le taux de chômage continuera de grimper légèrement, pour avoisiner 6 % d’ici la fin de 2024, et ensuite entamer une descente (voir nos Prévisions économiques et financières Lien externe au site.). Il demeure que visiblement, ce sont les jeunes qui font les frais de ce rééquilibrage. Après avoir lourdement écopé des pertes d’emplois durant la pandémie, le répit pour ce groupe d’âge n’aura donc été que passager.
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