- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Hendrix Vachon, économiste principal
Prévisions des devises
Le dollar américain s’est apprécié vite, mais il pourrait perdre un peu de valeur dans les prochains mois
21 novembre 2024
Faits saillants
- Le dollar américain demeure sur une nette tendance haussière depuis le début du mois d’octobre. Des gains ont été enregistrés contre l’ensemble des principales devises des pays avancés et émergents. Plusieurs indicateurs continuent de témoigner de la vigueur de l’économie américaine, alimentant des doutes quant à la capacité de la Réserve fédérale (Fed) à pouvoir décréter plusieurs autres baisses de taux d’intérêt directeurs dans les trimestres à venir. Les écarts entre les taux d’intérêt obligataires américains et ceux de plusieurs autres pays se sont élargis, procurant un avantage au billet vert.
- L’élection de Donald Trump a accentué les gains du dollar américain. Plusieurs des politiques qu’il propose pourraient amener des pressions inflationnistes qui pourraient limiter davantage la Fed dans ses baisses de taux d’intérêt.
- Le retour de Trump à la Maison-Blanche rehausse aussi le degré d’incertitude à l’échelle internationale, tant sur le plan géopolitique que sur le plan économique. L’une des principales menaces pour plusieurs économies est l’ajout de tarifs douaniers. Une accentuation du protectionnisme américain freinerait la croissance économique mondiale. La Chine paraît particulièrement à risque. Durant sa campagne électorale, Donald Trump a suggéré des tarifs de 60 % sur les produits chinois importés. Cela pourrait complexifier une situation économique déjà difficile en Chine Lien externe au site. et nuire davantage au yuan. Celui-ci s’échange actuellement aux environs de 7,25 yuans/$ US.
- La situation économique reste fragile dans plusieurs autres pays, y compris en Europe. En revanche, cela se traduit par des progrès en termes de réduction de l’inflation. Plusieurs baisses de taux d’intérêt par la Banque centrale européenne sont maintenant pressenties dans les prochains trimestres, contribuant à affaiblir l’euro, qui s’est récemment approché de 1,05 $ US.
- Les progrès en matière d’inflation ont été plus longs à se manifester au Royaume-Uni, mais les chiffres des derniers mois ont été plus encourageants. Les progrès découlent encore beaucoup de la diminution des prix de l’énergie, mais d’autres composantes de prix ralentissent aussi. La Banque d’Angleterre a néanmoins maintenu un ton prudent en octobre, évitant encore d’ouvrir la porte à des baisses de taux successives. Cela pourrait par contre changer prochainement. La livre, qui avait dépassé 1,34 $ US en septembre, oscille maintenant sous 1,27 $ US.
- Les temps sont durs aussi pour les devises liées aux matières premières. L’augmentation des risques économiques pour les prochaines années pèse sur les cours des ressources. Qui plus est, les politiques de Trump pourraient se traduire par une augmentation de la production de pétrole, de gaz naturel et de charbon aux États-Unis et donc limiter d’autant plus les hausses de prix pour ces produits. Le dollar canadien a perdu près de 4 % depuis le début du mois d’octobre. La perte est un peu plus élevée pour le dollar australien même si la Banque de réserve d’Australie n’a pas encore commencé son cycle de baisses de taux d’intérêt. La devise australienne souffre davantage de l’inquiétude à l’égard de l’économie chinoise.
- Même si le dollar canadien a fait un peu mieux que d’autres devises liées aux matières premières récemment, il n’en demeure pas moins que sa valeur est faible à 1,40 $ US/$ CA (un peu plus de 0,71 $ US). Il est passé sous les creux atteints dans les dernières années et a rejoint les niveaux observés au printemps 2020, en pleine première vague de la pandémie de COVID-19. Étant donné sa forte dépendance à l’égard du marché américain, le Canada pourrait figurer parmi les principales victimes du protectionnisme américain. À cela s’ajoutent d’autres défis, comme la poursuite des renouvellements hypothécaires et une possible forte diminution de la croissance démographique si le gouvernement fédéral atteint ses cibles plus faibles d’immigration. Au chapitre des bonnes nouvelles, l’inflation semble maintenant mieux maîtrisée, ce qui permet d’anticiper plusieurs autres baisses de taux d’intérêt directeurs. Par contre, les écarts de taux d’intérêt avec les États-Unis sont élevés et pénalisent le huard.
Principaux éléments à surveiller
- Le marché des devises s’est rapidement adapté à la nouvelle réalité politique aux États-Unis. Le dollar américain en a bénéficié, mais on peut se demander si cela est soutenable. Nos nouvelles prévisions économiques intègrent désormais une bonne partie du programme mis de l’avant par Donald Trump durant sa campagne électorale, y compris de nouvelles baisses d’impôt, des déréglementations (notamment concernant l’énergie), des hausses de tarifs douaniers et une réduction de l’immigration. Par contre, il reste beaucoup d’incertitude quant à la façon dont ces différentes mesures seront appliquées et à quel moment.
- En supposant que l’application des tarifs douaniers arriverait seulement plus tard en 2025, voire au début de 2026, l’économie mondiale pourrait connaître un répit à court terme. Appréhendant une hausse des tarifs, plusieurs entreprises américaines pourraient même décider de devancer certains achats à l’international, ce qui aurait un effet positif pour plusieurs économies. Ce scénario serait cohérent avec un rebond temporaire de plusieurs devises contre le dollar américain. Par contre, une tendance baissière reviendrait assez rapidement pour plusieurs taux de change d’ici la fin de 2025 dans l’anticipation d’une année 2026 plus difficile.
- L’évolution des politiques monétaires pourrait encore amener beaucoup de volatilité sur les taux de change. Nous croyons que l’économie américaine pourra difficilement conserver son rythme de croissance actuel. La remontée des taux obligataires devrait entraîner un certain freinage économique, notamment sur le marché de l’habitation. Le marché de l’emploi plus équilibré devrait aussi se traduire par une croissance plus modérée des salaires et de la consommation. Au bout du compte, nous prévoyons que la Fed décrétera encore plusieurs baisses de taux directeurs avant d’adopter une approche plus prudente lorsque l’administration Trump mettra officiellement en place des mesures susceptibles d’alimenter l’inflation.
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