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Prévisions des devises

Le dollar américain n’a pas maintenu ses gains d’avril 

Les marchés hésitent à escompter une grande divergence des politiques monétaires

30 mai 2024
Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Hendrix Vachon, économiste principal

Faits saillants

  • Les attentes à l’égard des politiques monétaires continuent de générer beaucoup de mouvements sur les taux de change. Jusqu’au début du printemps, l’attention était surtout portée sur le début des baisses de taux d’intérêt et un décalage important se dessinait entre la Réserve fédérale (Fed) et la plupart des autres principales banques centrales. Depuis, l’attention s'est déplacée sur le nombre total de baisses de taux d’intérêt à venir, et présentement on constate que les marchés hésitent à miser sur une forte divergence.
  • Au moment d’écrire ces lignes, les anticipations calculées à l’aide des contrats à terme sur le marché monétaire se situaient à environ une baisse et demie de taux d’ici la fin de l’année pour la Fed. Pour la Banque centrale européenne (BCE), ce sont deux baisses et demie qui étaient anticipées, ce qui n’est pas une si grande divergence avec la Fed. Les attentes à l’égard de la Banque du Canada (BdC) étaient similaires à celles à l’égard de la BCE. Qui plus est, les marchés maintiennent une forte probabilité pour une première réduction de taux en juin pour la BCE et la BdC. C’est donc dire que les attentes pointent pour l’instant vers un assouplissement très graduel pour le reste de l’année en zone euro et au Canada. La Banque d’Angleterre (BoE) ne devrait pas montrer plus d’empressement. Le déclenchement d’élections générales a rendu peu probable une première réduction de taux en juin. Les marchés s’attendent actuellement à une baisse et demie d’ici la fin de l’année pour la BoE.
  • Les récentes données économiques ont donné des arguments pour une plus faible divergence des politiques monétaires. Aux États-Unis, après plusieurs trimestres de vigueur, l’économie semble ralentir. Au contraire, les récentes données en zone euro et au Royaume‑Uni suggèrent plutôt une accélération de la croissance économique. Cela a aidé à l'euro et la livre à s'apprécier. La croissance des salaires négociés s'est également accrue en zone euro au premier trimestre. La BCE qui espérait plutôt une décélération.
  • Au Canada, les données économiques demeurent plutôt moroses et les différentes mesures d’inflation ont continué de diminuer. La création d’emplois a été forte en avril, mais la progression moyenne des derniers mois reste inférieure à la croissance soutenue du bassin de travailleurs. Le marché de l’emploi continue donc de s’équilibrer avec une réduction du nombre de postes vacants. Dans l’ensemble, le dollar canadien s’est tout de même un peu apprécié en mai, oscillant actuellement aux environs de 1,365 $CAN/$ US. Ses gains ont été plus faibles que l’euro et la livre.
  • Le yen et le franc suisse ont plus de difficulté à s’apprécier contre le dollar américain. Au Japon, les données économiques ont été décevantes, notamment avec une baisse significative du PIB réel. L’inflation a aussi diminué, ce qui réduit l’urgence de poursuivre le relèvement des taux d’intérêt amorcé en mars dernier. Les marchés anticipent que le principal taux directeur japonais sera relevé de 0,3 point de pourcentage d'ici la fin de l'année. Du côté de la Suisse, l’inflation demeure peu menaçante et la Banque nationale suisse a déjà décrété une réduction de taux.

Principaux éléments à surveiller

  • Nos prévisions misent sur une plus grande divergence des politiques monétaires que ce qui est anticipé actuellement par les marchés. En conséquence, nous voyons un potentiel de réappréciation du dollar américain contre plusieurs devises au courant de l’été. Par la suite, si l’inflation américaine démontre suffisamment de progrès, l’approche de baisses de taux aux États‑Unis s’accompagnera vraisemblablement par un dollar américain plus faible. Nous prévoyons deux baisses de taux aux États-Unis à la fin de 2024. Notre scénario n’inclut pas non plus de ressac important au niveau de l’appétit pour le risque, alors que la conjoncture économique mondiale devrait généralement s’améliorer dans les prochains trimestres. Ainsi, le billet vert ne devrait pas profiter d’un effet de valeur refuge plus tard en 2024 et l’an prochain.
  • En zone euro, les chiffres d’inflation publiés à la fin du mois de mai seront certainement suivis de près, mais c’est surtout la réunion de la BCE du 6 juin qui sera à surveiller. Il semble très probable qu’elle annoncera une baisse de taux d’intérêt, mais le plus intéressant sera ses indications sur ses prochaines décisions. L’euro devrait se déprécier si la BCE se révèle assez prompte à décréter d’autres baisses de taux. Pour l’instant, nous misons sur quatre réductions de taux en zone euro d’ici la fin de l’année.
  • C’est un peu la même histoire pour le dollar canadien. Notre scénario inclut quatre baisses en 2024, dont une en juin suivie d’une autre en juillet. Cette séquence, si elle se réalise, pourrait amener le taux de change canadien à tester le seuil des 1,40 $ CAN/$ US durant l’été. L’effet pourrait être amplifié par des données économiques demeurant assez faibles au Canada et l’absence de progrès convaincants sur l’inflation américaine.

Principaux taux de change







Marchés des devises



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