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Commentaire hebdomadaire

Départ difficile pour les marchés, mais pas directement à cause de Trump

10 janvier 2025
Jimmy Jean
Vice-président, économiste en chef et stratège

Les marchés démarrent l’année 2025 en dents de scie, après deux années de forte croissance. À vrai dire, les signes de fatigue sont apparus en décembre. Depuis le pic postélectoral du 6 décembre, le S&P 500 a reculé de 4,5 %, reflétant un marché qui reprend son souffle dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés et d’incertitudes croissantes. De même, le S&P/TSX canadien a perdu 4,4 % depuis son dernier sommet, ce qui est loin d’être terrible compte tenu des risques persistants qui pèsent sur les perspectives.

 

Alors qu’un certain ralentissement du marché était attendu après un rallye prolongé, la hausse des taux s’avère être un frein important à l’appétit pour le risque. Le rendement des obligations américaines de 10 ans a atteint 4,78 % vendredi à la suite des données robustes sur l’emploi. Il a ainsi dépassé son précédent sommet d’avril dernier. À l’origine de la chute des obligations, les inquiétudes portaient sur la trajectoire budgétaire découlant des politiques économiques expansionnistes du président Trump. Plus récemment, ces inquiétudes ont été amplifiées par le ton plus hawkish de la Réserve fédérale (Fed).

 

Fait inhabituel, plusieurs membres de la Fed ont intégré dans leurs prévisions les politiques de M. Trump, même si celles-ci restent très vaguement définies. Bien que le gouverneur de la Fed, Christopher Waller, ait tenté de minimiser les répercussions potentielles des tarifs douaniers sur l’inflation dans son discours de mercredi, les marchés ne sont pas convaincus qu’il y aura plus qu’une baisse de taux cette année.

 

Il reste que la situation aurait pu être bien pire. Après tout, l’indice S&P 500 reste proche des 6 000 points, malgré un début d’année déjà mouvementé. En l’espace de dix jours, les États‑Unis ont connu deux attentats terroristes, Los Angeles est aux prises avec l’un des incendies de forêt les plus destructeurs, un premier décès humain dû à la grippe aviaire a été enregistré et la rhétorique politique mondiale s’est intensifiée à des niveaux inquiétants.

 

Même s’il est vrai que le S&P 500 a effacé tout son gain postélectoral, le marché se concentre moins sur le drame politique que sur des questions telles que les taux et les valorisations. Il faut dire que les investisseurs ont pris l’habitude de ne pas entièrement tenir compte de la rhétorique de Donald Trump, car nombre de ses propositions grandioses ne se sont pas concrétisées. Par exemple, son projet de bâtir dix « freedom cities » et sa promesse de construction d’un mur à la frontière financé par le Mexique ne se sont pas matérialisés. Même la rhétorique commerciale agressive du premier mandat de M. Trump a laissé place à peu de changements importants, si ce n’est de la ligne dure à l’égard de la Chine, maintenue par Joe Biden.

 

Ainsi, contrairement à la Fed, dont certains membres ont intégré les politiques de Trump à leur scénarios prévisionnels, les marchés adoptent une approche « on le croira quand on le verra ». Les décideurs canadiens feraient bien de s’inspirer de cette approche plutôt que de mordre à l’hameçon.

 

Justement, en ce qui concerne le Canada, notre fait marquant depuis le début de l’année n’est pas tant la démission de Justin Trudeau – largement attendue – que l’interview à bâtons rompus de Pierre Poilievre exposant sa vision. Même si l’entretien a constitué son effort le plus transparent pour étayer ses propositions, les détails ont manqué.

 

M. Poilievre a mis l’accent sur la réduction de la bureaucratie – un refrain familier qui fait écho à des initiatives antérieures au Canada et aux États‑Unis, avec leurs résultats mitigés. Sa vision de la transformation du Canada en une « plaque tournante de l’entrepreneuriat et de l’investissement » n’était pas non plus assortie de méthodes concrètes. Ces slogans, bien que séduisants, ont été surutilisés au cours de la dernière décennie par les gouvernements à tous les niveaux, y compris les provinces dirigées par des conservateurs. Or, les résultats concrets ont été peu évidents, donc il faut en savoir plus sur ce qui doit être fait différemment, outre la question de la lourdeur administrative. Bien entendu, on pourrait toujours penser qu’il est encore tôt. Dans les faits, ce n’est pas vraiment le cas.

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

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