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Nouvelles économiques

États-Unis : un rebond éphémère de la croissance du PIB réel américain

26 octobre 2023
Francis Généreux
Économiste principal

Faits Saillants

  • Le PIB réel américain a augmenté de 4,9 % à rythme annualisé au troisième trimestre de 2023, selon l’estimation initiale des comptes nationaux. Cette plus forte croissance depuis l’automne 2021 fait suite à des gains de 2,1 % au deuxième trimestre et de 2,2 % au premier trimestre de 2023.

Commentaires

Bien qu’étonnant par son ampleur, la croissance annualisée du PIB réel américain s’est tout de même avérée proche de nos attentes. C’est que les bonnes nouvelles se sont accumulées pendant l’été pour l’économie. Cela est particulièrement vrai du côté de la consommation réelle qui, avec un gain de 4,0 %, a enregistré sa meilleure performance depuis la fin de 2021. Les trois principales catégories de dépenses (biens durables, biens non durables et services) ont connu un rebond après une certaine faiblesse au cours du deuxième trimestre. Remarquons que les ménages n’ont épargné que 3,8 % de leur revenu disponible au troisième trimestre (comparativement à une moyenne de 5,0 % pour les deux périodes précédentes). Cela a aidé à soutenir la consommation malgré une baisse du revenu.

Tout n’est pas rose, cependant. L’investissement non résidentiel des entreprises a subi cet été sa première diminution (-0,1 % à rythme annualisé) depuis l’été 2021. L’investissement en équipement a diminué, ainsi que la construction non résidentielle (après deux trimestres de fortes hausses). Il faudra surveiller si ces faiblesses indiquent que l’impulsion provenant du programme économique de l’administration Biden commence déjà à s’essouffler. À l’inverse, l’investissement résidentiel a recommencé à croître cet été après neuf trimestres consécutifs de contraction. Toutefois, la hausse des taux d’intérêt hypothécaires des derniers mois suggère que d’autres difficultés sont à venir dans ce secteur. L’activité économique a été appuyée par une hausse des stocks plus forte de la part des entreprises, qui a apporté une contribution positive de 1,32 point de pourcentage à la croissance du PIB réel.

Parmi les autres facteurs qui ont contribué à l’accélération de l’économie cet été, on retrouve les dépenses gouvernementales, qui ont enregistré un gain de 4,6 %. Du côté des dépenses militaires fédérales, on remarque la plus forte hausse trimestrielle, soit 8,0 %, depuis la fin de 2020. Finalement, la progression annualisée de 6,2 % des exportations est aussi un élément positif, bien que terni par une hausse presque aussi forte (5,7 %) des importations.

Implications

L’économie américaine demeure anormalement vigoureuse pour un contexte de taux d’intérêt si élevés et où la confiance des ménages et des entreprises se montre plutôt faible. Il est ainsi difficile de croire qu’une telle situation peut être durable. Dans ce cas, la Réserve fédérale n’aurait pas le choix de poursuivre son resserrement monétaire. Toutefois, on s’attend plutôt à un ralentissement de la croissance au cours des prochains mois et trimestres. Cela serait davantage compatible avec un statu quo des taux directeurs, mais il faudra aussi que la création d‘emplois ainsi que l’inflation ralentissent.