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Nouvelles économiques

États-Unis : la croissance du PIB réel finit 2023 en force

25 janvier 2024
Francis Généreux
Économiste principal

Faits Saillants

  • Le PIB réel a augmenté de 3,3 % à rythme annualisé au quatrième trimestre de 2023, selon l’estimation initiale des comptes nationaux. Cette croissance fait suite à des gains de 4,9 % au troisième trimestre et de 2,1 % au deuxième trimestre de 2023.
  • Sur l’ensemble de 2023, le PIB réel a augmenté de 2,5 %, après un gain de 1,9 % en 2022.

Commentaires

La croissance du PIB réel a surpris les attentes au dernier trimestre de 2023. Alors que le consensus tablait sur un gain de 2,0 %, le PIB réel a plutôt augmenté de 3,3 % à rythme annualisé. Certes, c’est plus lent que les 4,9 % enregistrés à l’été, mais c’est tout de même une croissance vive qui dépasse à nouveau la croissance potentielle évaluée aux alentours de 2 %. De plus, c’est aussi une performance remarquable dans un contexte de taux d’intérêt élevés et de confiance relativement basse (du moins avant la remontée observée en décembre).

À l’image de la bonne tenue du PIB réel au troisième trimestre, le gain du quatrième trimestre provient beaucoup de la consommation. La croissance annualisée de 2,8 % enregistrée par celle-ci n’est d’ailleurs pas très loin des 3,1 % obtenus à la période précédente. Évidemment, la bonne performance du marché du travail (494 000 embauches nettes d’octobre à décembre) et l’amélioration du revenu disponible personnel réel (+3,5 % annualisé au quatrième trimestre, comparativement à +0,3 % au troisième) ont appuyé les dépenses des ménages. Il reste maintenant à voir si ce rythme peut se poursuivre en 2024.

Les entreprises montrent aussi une certaine résilience. L’investissement privé non résidentiel est passé d’une croissance de 1,4 % au troisième trimestre à 1,9 % au quatrième, incluant un rebond des investissements en équipements. La grande surprise provient toutefois des stocks des entreprises. Alors que plusieurs signes pointaient vers une variation plus faible des stocks, celle-ci a légèrement augmenté. Cela a amené une modeste contribution positive à la croissance du PIB réel alors que les attentes tablaient sur une contribution négative plutôt importante. La bonne tenue des exportations (+6,3 % à rythme annualisé, alors que les importations n’ont augmenté que de 1,9 %) est aussi étonnante. La contribution des exportations nettes (+0,43 point de pourcentage) se montre donc également plus forte que prévu. Cela dit, comme les surprises proviennent surtout des stocks et du secteur extérieur, la progression de la demande intérieure se montre à la fois un peu plus modeste et, surtout, plus proche des attentes. Elle a augmenté de 2,7 % à rythme annualisé au quatrième trimestre, comparativement à 3,5 % au trimestre précédent.

Sur l’ensemble de l’année, le principal constat est que le niveau élevé des taux d’intérêt a peu affecté la croissance américaine. En fait, l’activité économique s’est montrée plus vive au second semestre (croissance moyenne du PIB réel de 4,1 %) qu’au premier (croissance moyenne de 2,2 %). Cela est étonnant alors que les embûches ont été nombreuses. On peut penser à la crise bancaire de mars, aux incertitudes liées aux débats autour du plafond de la dette et des dépenses fédérales, à l’inflation élevée, à la grève dans le secteur automobile et dans la production cinématographique et télévisuelle, à la reprise des remboursements de certains prêts étudiants et à la faible confiance qui a caractérisé une bonne partie de l’année. Dans ces circonstances, alors que les risques de récession étaient perçus comme élevés, un gain annuel de 2,5 % est tout de même remarquable. Est-ce que cette résilience sera toujours présente en 2024 et, dans ce contexte, est-ce que l’inflation peut continuer sa descente?


Implications

L’économie américaine demeure étonnamment vigoureuse dans un contexte de taux d’intérêt élevés. On peut se demander si cette résilience ne rendra pas nerveux certains dirigeants de la Réserve fédérale. Heureusement, la bonne tenue de l’économie n’a pas été accompagnée d’une réaccélération des prix. Les déflateurs des dépenses de consommation continuent même de s’approcher de la cible de la banque centrale. Le statu quo demeure donc de mise.