États-Unis : la vigueur de la création d’emplois surprend

Alors que les résultats des mois de juillet et d’août de l’enquête auprès des entreprises s’étaient montrés plutôt décevants, c’est tout le contraire pour ceux du mois de septembre. La création de 254 000 emplois est la plus forte depuis le mois de mars. Elle est aussi largement au‑dessus du consensus, qui s’établissait à 150 000 selon l’enquête de Bloomberg. À cela il faut ajouter les révisions haussières des données précédentes. Les embauches nettes passent ainsi de 142 000 à 159 000 pour le mois d’août et de 89 000 à 142 000 pour juillet. En dehors de la révision annuelle, c’est la plus forte révision sur deux mois depuis septembre 2023.

La croissance des salaires demeure forte. C’est un deuxième mois consécutif avec une hausse mensuelle de plus de 0,4 %. La variation annualisée sur trois mois est passée à 4,3 %, la plus forte depuis janvier dernier. On peut néanmoins se rassurer en rappelant que la productivité demeure particulièrement forte aux États‑Unis. Les salaires peuvent donc croître plus fortement sans que l’on craigne nécessairement une poussée inflationniste.

Parmi les secteurs d’activité, on remarque une amélioration de la proportion des 250 industries avec une croissance du nombre de travailleurs. Elle est passée de 51,8 % en août à 57,6 % en septembre, soit le plus haut taux depuis janvier. Parmi les principaux secteurs, seuls la fabrication (notamment l’industrie automobile avec 6 500 emplois de moins), le transport et l’entreposage et, encore une fois, les services d’emplois temporaires affichent des mises à pied nettes en septembre.

Pour un deuxième mois consécutif, l’enquête auprès des ménages offre en septembre un meilleur portrait mensuel que les résultats de l’enquête auprès des entreprises. Le gain de 430 000 emplois indiqué dans cette enquête en septembre marque aussi la meilleure croissance depuis le mois de mars. Cela dit, il faut rappeler que cette enquête est plus volatile que celle auprès des entreprises. La baisse du taux de chômage est néanmoins bienvenue alors que sa hausse avait suscité beaucoup d’inquiétude au cours de l’été. Il est plus difficile de craindre une récession imminente lorsque l’emploi est nettement en hausse (selon les deux enquêtes) et que le chômage est en baisse.

La vigueur du marché du travail en septembre suggère que l’économie américaine garde sa résilience. Les circonstances plus favorables (bien que d’autres indicateurs économiques ne soient pas aussi positifs) devraient inciter les dirigeants de la Réserve fédérale à continuer modérément la normalisation de la politique monétaire. Ils écarteront vraisemblablement d’autres baisses de taux de 50 points afin de plutôt opter pour des diminutions de 25 points, y compris en novembre.