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Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : ouragans et conflits de travail font mal aux embauches
Faits saillants
- L’enquête auprès des entreprises indique qu’il y a eu seulement 12 000 embauches nettes en octobre. Un conflit de travail et les ouragans Helene et Milton semblent être les principales causes de cette contreperformance.
- La croissance du salaire horaire moyen a été de 0,4 % en octobre à la suite d’une hausse de 0,3 % en septembre. Sa variation annuelle est demeurée à 4,0 %.
- L’enquête auprès des ménages montre une baisse de 368 000 emplois. La population active a aussi diminué. Le taux de chômage est demeuré à 4,1 %.
Commentaires
Alors que les résultats de septembre de l’enquête auprès des entreprises nous avaient donné une surprise positive sur la vigueur du marché du travail, octobre jette un portrait nettement plus sombre. Le gain de seulement 12 000 emplois au cours du mois qui s’est achevé représente la plus mauvaise performance des embauches nettes depuis février 2019 si l’on exclut les chutes causées par la pandémie. Si l’on regarde seulement le secteur privé, la baisse de 28 000 emplois est la pire depuis février 2010 (toujours excluant la pandémie). Il faut aussi noter que les données des mois précédents ont été révisées à la baisse, soit de 159 000 à 78 000 pour août et de 254 000 à 223 000 pour septembre.
Quelques facteurs expliquent toutefois ce résultat. Premièrement, la grève dans certaines usines de Boeing qui a été déclenchée à la mi-septembre amène une baisse de 44 000 emplois dans le secteur de la fabrication. Les plus récentes nouvelles concernant les négociations entre Boeing et ses machinistes sont plutôt encourageantes et on peut s’attendre à un rebond du nombre d’emplois une fois que le conflit sera terminé. Un autre facteur temporaire, mais qui a sans doute été crucial, est la météo. Les ouragans Helene et Milton ont frappé fort à la fin de septembre et au début d’octobre et amené plusieurs perturbations à l’activité économique ainsi qu’au marché du travail. On en a déjà eu un premier aperçu avec la hausse des demandes d’assurance-chômage au début d’octobre et celles-ci ont depuis diminué à un niveau semblable à ce que l’on pouvait voir avant le passage des tempêtes. Le Bureau of Labor Statistics (BLS) ne comptabilise pas formellement l’effet net des ouragans sur les fluctuations du nombre d’emplois. Il a toutefois mentionné qu’« il est probable que les estimations de l'emploi salarié dans certaines industries aient été affectées par les ouragans à la mi-octobre ». Cela dit, certaines données provenant du BLS nous éclairent un peu plus sur l’ampleur des effets des ouragans. Selon les données non désaisonnalisées, 512 000 travailleurs n’ont pu se présenter au travail à cause de la météo, ce qui est énorme pour un mois d’octobre (la moyenne depuis 1990 est de seulement 58 900). Bien que certaines entreprises subissent sans doute des effets de long terme de ces ouragans, on peut tout de même s’attendre à ce que les conséquences nationales se soient dissipées dans les résultats de l’emploi de novembre. Un rebond devrait donc alors survenir même s’il se peut que l’élan soit un peu moins fort que ce que l’on percevait avant les chiffres d’aujourd’hui.
Le résultat de l’enquête auprès des ménages est aussi décevant, mais on peut sans doute y voir là aussi un effet des facteurs qui ont influencé négativement l’enquête auprès des entreprises. Vu la grande volatilité de l’enquête auprès des ménages, la baisse de 368 000 emplois n’est pas si inquiétante (on a observé une perte de 408 000 emplois en mai dernier). La stabilité du taux de chômage (ainsi que celle des heures hebdomadaires travaillées) offre d’ailleurs un certain baume aux mauvaises nouvelles d’aujourd’hui.
Implications
À première vue, le portrait du marché du travail a changé avec les résultats du mois d’octobre. Alors que la plupart des données économiques, y compris celle concernant l’emploi, montraient une certaine robustesse, la situation semble maintenant un peu moins solide. Cela dit, la faiblesse des embauches en octobre provient surtout de facteurs temporaires et un rebond est vraisemblable pour les prochains mois. Les fluctuations des indicateurs économiques devraient animer les discussions des dirigeants de la Réserve fédérale à leur réunion de la semaine prochaine. Au bout du compte, on s’attend à ce qu’ils optent pour une réduction de 25 points de leurs taux directeurs.
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