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Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : une autre bonne croissance de l’emploi, mais le taux de chômage continue de grimper
Faits saillants
- L’enquête auprès des entreprises indique qu’il y a eu 206 000 embauches nettes en juin.
- La croissance du salaire horaire moyen a légèrement ralenti, avec un gain de 0,3 % en juin à la suite d’une hausse de 0,4 % en mai. Sa variation annuelle est de 3,9 %.
- L’enquête auprès des ménages montre une progression plus modeste du nombre d’emplois, soit 116 000, et le taux de chômage a de nouveau augmenté de 0,1 %, pour s’établir à 4,1 %.
Commentaires
La création d’emplois selon l’enquête auprès des entreprises a de nouveau surpassé les attentes en juin alors que le consensus tablait sur 190 embauches nettes. La surprise est toutefois bien moins grande qu’elle ne l’était en mai, où la divergence entre les attentes et le résultat initial était de près de 100 000. De plus, cette fois‑ci, elle est largement atténuée par les révisions baissières des résultats des mois précédents. Ainsi, le gain de mai est passé de 272 000 selon la première estimation à 218 000 et celui d’avril, de 165 000 à 108 000.
Il n’en demeure pas moins que le marché du travail américain se porte plutôt bien, du moins selon l’enquête auprès des entreprises. Durant la première moitié de l’année en cours, il s‘est créé 1 334 000 emplois, un résultat qui se compare avec les bonnes années du cycle économique qui a précédé la pandémie.
Si l'on se penche davantage sur les chiffres de juin, on remarque encore une fois que les gains du marché du travail ont été assez généralisés parmi les secteurs d’activité. La proportion des 250 industries avec une croissance du nombre de travailleurs est passée de 56,4 % en mai à 59,6 % en juin. C’est le plus haut taux depuis janvier dernier. On remarque, entre autres, une accélération des embauches dans la construction, chez les grossistes et au sein des gouvernements d’État. On remarque aussi certains reculs, notamment chez les détaillants et au sein de la restauration (-3 100 emplois). Encore une fois, la plus grande baisse est venue des services d’emplois temporaires (-48 900), où le nombre de travailleurs a diminué au cours de 26 des 27 derniers mois, pour un total de 514 700 emplois en moins dans ce secteur depuis le printemps de 2022. Autrefois, cela pouvait être considéré comme un signe précurseur de problèmes dans le marché du travail en général, mais la baisse dans ce secteur est si profonde et si isolée que l’on sent que les difficultés sont bel et bien propres à cette industrie.
Il faut aussi noter que la divergence entre l’enquête auprès des entreprises et l’enquête auprès des ménages demeure bien en place. Bien que cette fois-ci, la variation de l’emploi avec cette enquête ne soit pas négative, elle continue à montrer un portrait bien moins positif du marché du travail. Appuyé par une augmentation rapide de la population active, le taux de chômage affiche un quatrième mois consécutif de hausse et son niveau de 4,1 % atteint en juin est le plus élevé depuis novembre 2021. Cela dit, il faut rappeler que l’enquête auprès des ménages est moins fiable et plus volatile. Sa marge d’erreur des variations mensuelles (±600 000 emplois) est bien plus grande que celle de l’enquête auprès des entreprises (±130 000 emplois).
Implications
Le marché du travail américain est encore résilient et le gain de 206 000 emplois en juin prouve à nouveau cette ténacité. Les révisions baissières des mois d’avril et de mai changent un peu la donne, mais la bonne croissance mensuelle des salaires souligne que les pressions demeurent en place. Cela suggère que la Réserve fédérale restera probablement sur les lignes de côté jusqu’en novembre.
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