- Francis Généreux
Économiste principal
États Unis : l’emploi tient bon en février
Faits saillants
- L’enquête auprès des entreprises indique qu’il y a eu 151 000 embauches nettes en février, après un gain de 125 000 en janvier (révisé de 143 000).
- Le salaire horaire moyen a légèrement ralenti en février avec un gain mensuel de 0,3 %, après une hausse de 0,4 % en janvier. Sa variation annuelle s’est tout de même accélérée de 3,9 % à 4,0 %.
- Le taux de chômage est passé de 4,0 % en janvier à 4,1 % en février.
Commentaires
Après tous les bouleversements des derniers jours et après la publication de plusieurs indicateurs économiques nettement moins positifs, la croissance relativement correcte des embauches est plutôt réconfortante. Le gain est meilleur que celui de janvier, mais reste en deçà des embauches nettement plus fortes, mais difficilement soutenables, de décembre (+323 000) et de novembre (+261 000).
Le même constat mitoyen s’applique pour la proportion des 250 secteurs d’activité qui affichent une croissance de leur nombre de travailleurs. Ce ratio est passé de 60,8 % en décembre à 52,4 % en janvier pour remonter le mois dernier à 58,4 %. Il y a notamment une amélioration du côté de la construction et de la fabrication (notamment grâce au secteur automobile). Au sein des services privés, on remarque surtout les baisses du côté des détaillants, de la restauration et des services d’aide temporaires.
Et le secteur public dans tout ça? Évidemment, avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison‑Blanche et les opérations de réduction de la taille de l’état dirigées par Elon Musk, il y a certaines inquiétudes sur l’évolution de l’emploi au sein de la fonction publique. On en voit effectivement un effet. Il y avait en février 6 700 emplois de moins au gouvernement fédéral américain (excluant le service de poste, où il s’en est perdu 3 500). C’est la baisse la plus importante depuis juin 2022. Cela dit, cela ne représente qu’un recul de 0,3 %. Il faut aussi mentionner que les gains (+21 000) dans les autres paliers de gouvernements ont plus que compensé ces pertes. Bien qu’il y ait encore beaucoup de flou entourant les opérations concrètes du DOGE, il est probable que les pertes d’emplois soient plus importantes au cours des prochains mois. Déjà, les annonces de mises à pied ont bondi en février selon les données de la firme Challenger, Gray & Christmas et les demandes d’assurance-chômage de la part d’employés fédéraux ne cessent d’augmenter. De plus, on ne verra peut-être pas les conséquences des départs volontaires avec compensation avant septembre. Tout cela sera à surveiller de près.
La hausse du taux de chômage en février n’est pas très inquiétante alors qu’il revient à son niveau de décembre. Un taux de 4,1 % est relativement bas et montre un marché du travail encore un peu plus serré que l’équilibre. Cela dit, l’évolution de l’emploi selon l’enquête auprès de la population (-588 000) montre à nouveau une divergence par rapport à celle affichée par l’enquête auprès des entreprises (+150 000). Il faut toutefois rappeler la grande volatilité de la première.
Implications
Sans être extraordinaire, la création d’emplois a été bonne en février, relativement près des attentes du consensus. Toute l’incertitude engendrée par les politiques de l’administration Trump, avec la valse-hésitation des tarifs, pourrait cependant nuire davantage aux intentions d’embauches et même au niveau de l’emploi. Il est toutefois pour le moment assez clair que la situation n’est pas encore assez critique pour que les dirigeants de la Réserve fédérale recommencent très bientôt à diminuer leurs taux directeurs dans un contexte où l’inflation se montre tenace et pourrait être alimentée par les politiques protectionnistes de la Maison‑Blanche.
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