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Nouvelles économiques

États-Unis : le marché de l’emploi ne finit plus de surprendre!

6 octobre 2023
Francis Généreux
Économiste principal

Faits Saillants

  • L’enquête auprès des entreprises indique que les embauches nettes ont bondi de 336 000 en septembre.
  • Le taux de chômage est demeuré inchangé à 3,8 % en septembre. 

Commentaires

Le marché américain du travail continue d’étonner. Alors que, depuis le printemps, certains signes d’atterrissage en douceur se manifestaient, les données de septembre font plutôt état d’un redécollage bien rapide. Le gain mensuel de 336 000 postes est le plus fort depuis janvier dernier. Il se montre aussi pratiquement deux fois plus élevé que les 170 000 nouveaux emplois prévus par le consensus. Et ce n’est pas tout, car il faut ajouter à cela les révisions haussières pour les mois précédents, soit de 157 000 à 236 000 pour juillet et de 187 000 à 227 000 pour août; c’est 119 000 emplois supplémentaires!

Certains indicateurs publiés au cours des dernières semaines suggéraient que le marché du travail se portait étonnamment bien. C’est notamment le cas des nouvelles demandes hebdomadaires d’assurance-chômage, qui ont reculé depuis la fin du mois d’août. On pouvait aussi observer une baisse des annonces de mises à pied massives en septembre comparativement à août. La hausse des offres d’emploi en août s’ajoutait également à ces signes positifs. Toutefois, l’ampleur de la hausse des embauches en septembre est tout de même étonnante.

Les gains d’emplois sont plutôt généralisés. En septembre, 64,2 % des 250 secteurs répertoriés ont enregistré une hausse du nombre de travailleurs. Il s’agit du plus haut ratio depuis janvier dernier. C’est surtout dans les services que l’accélération s’est manifestée. Alors que plusieurs facteurs suggèrent davantage de difficultés pour la consommation, les taux d’intérêt élevés en premier lieu, les détaillants ont effectué leurs embauches nettes les plus élevées depuis mai. Une accélération est aussi notable du côté de la restauration. Le secteur du transport et de l’entreposage vient d’enregistrer un premier gain mensuel d’emplois après trois mois de mises à pied nettes. Du côté des biens, on observe tout de même un ralentissement des embauches dans la construction. La création mensuelle d’emplois dans la fabrication est demeurée stable à 13 000, incluant 8 900 dans le secteur automobile. Il reste à voir comment ce secteur performera en octobre alors que la grève s’y prolonge (les données de septembre n’ont pas été affectées par ce conflit de travail qui a débuté à la toute fin de la semaine de l’enquête).

Les résultats de septembre de l’enquête auprès des ménages montrent un portrait bien plus tranquille que ceux de l’enquête auprès des entreprises. La création d’emplois n’y a été que de 86 000, soit le plus modeste gain depuis la baisse du mois de mai. Le taux de chômage est demeuré stable en septembre, mais en hausse par rapport au creux du printemps dernier. Il semble que cette enquête, bien que normalement moins fiable, nous montre une image plus conforme à une économie qui devrait normalement ralentir sous le poids des hausses de taux d’intérêt.

Avec un nouveau gain mensuel de 0,2 % et une modeste décélération de la variation annuelle, le salaire horaire moyen suggère aussi que le marché du travail n’est peut-pas fondamentalement aussi fébrile que ce qui est signalé par le fort gain d’emplois affichés par l’enquête auprès des entreprises. 

Implications

L’accélération des embauches suggère que l’économie américaine ne parvient pas à décélérer. Bien que les salaires et l’inflation vont dans le bon sens, les dirigeants de la Réserve fédérale risquent d’être inquiétés par la vigueur du marché du travail, qui pourrait contrecarrer les espoirs d’un atterrissage en douceur. Ils pourraient être tentés par une nouvelle hausse de taux à leur prochaine réunion. Cela dit, la hausse significative des taux obligataires pourrait finir par freiner l'économie, ce dont devront tenir compte M. Powell et ses collègues.