- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Francis Généreux, économiste principal • Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne
États-Unis : Donald Trump retournera à la Maison-Blanche
Faits saillants
- Les électeurs américains ont fait leur choix et Donald Trump est parvenu à obtenir une majorité des voix au collège électoral.
- Au moment d’écrire ces lignes, les républicains obtenaient une majorité au Sénat. La situation était encore incertaine à savoir qui obtiendra le plus de sièges à la Chambre des représentants.
- On peut s’attendre à ce que Donald Trump aille de l’avant avec son programme de nouvelles baisses d’impôt, de déréglementation (notamment concernant l’énergie), de hausses de tarifs et de réduction de l’immigration. Toutefois, la plupart de ces mesures ne seront vraisemblablement pas décrétées au jour 1. Des contraintes diverses pourraient dicter le rythme de mise en application de ces politiques, de même que leur ampleur.
Commentaires
Le 45e président des États-Unis sera aussi le 47e. La frustration des Américains envers la hausse du coût de la vie, envers la gestion de l’économie par l’administration Biden et envers les pressions qu’occasionne l’immigration, tous des thèmes fortement mis de l’avant par Donald Trump et les républicains, ont eu raison de la candidature de la vice-présidente Kamala Harris. Les sondages serrés suggéraient une telle éventualité, mais le pessimisme économique des électeurs jure tout de même avec les performances réelles de l’économie américaine. La perception des ménages envers l’économie semble avoir été un facteur plus déterminant que l’évolution réelle des indicateurs économiques.
À quoi peut-on s’attendre à partir de maintenant? Il faut se rappeler que le transfert de pouvoir ne se fera que le 20 janvier 2025. D’ici là, l’administration Biden et les membres actuels du Congrès devront s’entendre sur certains sujets. Premièrement, le gouvernement fédéral fonctionne sur un financement temporaire jusqu’au 20 décembre. Il faudra une entente afin d’éviter un shutdown avant les Fêtes et avant le changement de Congrès le 3 janvier. Deuxièmement, le plafond de la dette devrait être remis en fonction le 1er janvier. Le Trésor américain pourra cependant utiliser des mesures spéciales afin de continuer de financer le gouvernement sans recours à un endettement supplémentaire pendant plusieurs semaines après cette date.
Du côté de la conjoncture à très court terme, il faut s’attendre à un revirement de situation au sein des indices de confiance des consommateurs, même si les indices totaux pourraient ne pas trop changer ou pourraient même s’améliorer comme on l’a vu en 2016. Si elle s’avère, une meilleure confiance pourrait être un élément positif pour la consommation à l’approche de la saison de Fêtes. En 2016, on avait aussi vu les indices de confiance des entreprises s’améliorer dans l’espoir de baisses d’impôt et d’allégement du fardeau réglementaire.
Notre Point de vue économique portant sur les enjeux de l’élection et les propositions des candidats Lien externe au site. a mis en évidence que l’ensemble des politiques mises de l’avant par Donald Trump pourrait, à terme, avoir une incidence négative pour les économies américaine et canadienne Lien externe au site.. Cela dit, on ne peut pas savoir dès maintenant si Donald Trump pourra rapidement mettre en place l’entièreté de son programme. Premièrement, le coût budgétaire de plusieurs des mesures proposées est assez exorbitant et, étant donné la situation budgétaire actuelle du gouvernement fédéral Lien externe au site., cela pourrait faire hésiter plusieurs membres du Congrès, même républicains. Deuxièmement, il y a des contraintes parlementaires. Les républicains ne détiendront pas une super majorité de 60 voix au Sénat, permettant ainsi aux démocrates d’utiliser le filibuster pour limiter l’agenda du président. Celui-ci pourra toutefois faire adopter certains éléments à saveur budgétaire en utilisant le processus de reconciliation (comme il l’a fait en 2018 pour ses baisses d’impôt et comme Biden l’a aussi fait en 2022 pour faire adopter l’Inflation Reduction Act). De plus, on ne connaît pas encore la composition finale de la Chambre des représentants. Dans le cas d’une hypothétique majorité démocrate, celle-ci pourrait contrecarrer les plans législatifs de Donald Trump (comme au cours des deux dernières années de son premier mandat). Troisièmement, le processus judiciaire pourrait aussi retarder, voire limiter, ce que le nouveau président pourra réellement effectuer. Cela pourrait notamment être le cas concernant l’immigration et la volonté de Donald Trump d’effectuer des déportations massives. Finalement, il reste à voir de quelle manière et à quelle vitesse il pourra aller de l’avant avec les hausses de tarifs promises. Celles envers la Chine pourraient être mises en place rapidement sous prétexte de sécurité nationale. Cela est moins évident pour une hausse généralisée des tarifs sur l’ensemble des importations américaines, notamment provenant des pays alliés. Les accords commerciaux actuellement en place, y compris l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), pourraient aussi être une contrainte.
Implications
L’élection de Donald Trump pour un deuxième mandat présidentiel risque d’amener des changements à nos scénarios économiques et financiers. Il faudra cependant voir jusqu’où il pourra aller de l’avant avec les mesures proposées en campagne électorale. Un élan positif de la conjoncture est plausible à court terme. À plus long terme, des hausses prononcées de tarifs et une chute du nombre d’immigrants pourraient être dommageables pour la croissance économique. Conjuguées à de nouvelles baisses d’impôt et des déficits budgétaires plus grands, ces mesures pourraient également alimenter l’inflation et amener des taux d’intérêt plus élevés que ce qui est actuellement prévu. On ne s’attend toutefois pas à ce que la Réserve fédérale prenne en compte ces nouveaux développements dès sa réunion de politique monétaire qui se conclura jeudi. Une baisse de 25 points de base reste prévue.
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