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Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : la création d’emplois revient sur terre
Faits Saillants
- L’Enquête auprès des entreprises indique que les embauches nettes ont augmenté de 150 000 en octobre. La grève des travailleurs automobiles a amené une baisse de 33 200 emplois dans ce secteur.
- Le taux de chômage a légèrement augmenté pour passer à 3,9 % en octobre.
Après la surprise des données de septembre (la création d’emplois pour ce mois a d’ailleurs été révisée de 336 000 à 297 000), une hausse de 150 000 postes nous ramène dans une situation plus normale. C’est juste un peu moins que la moyenne de 168 000 qui prévalait de juin à août et c’est nettement en dessous de la moyenne de 287 000 qui prévalait au début de l’année.
Ce ralentissement est toutefois aidé par les effets de la grève qui a affecté le secteur automobile. Débuté le 15 septembre, le conflit de travail n’avait pas touché l’enquête du marché du travail de ce mois. Mais l’enquête d’octobre l’a subi de plein fouet. Ainsi, 33 200 emplois ont été retranchés dans le secteur de la fabrication de véhicules automobiles. Maintenant que le conflit est officieusement terminé, la grève étant sur pause le temps de ratifier les ententes conclues, on peut supposer que les données de novembre afficheront un rebond.
Mais qu’en est-il du reste de l’économie américaine? Le secteur manufacturier a fait du surplace, si l’on exclut le secteur automobile. La construction s’est légèrement améliorée entre septembre et octobre, ce qui peut être étonnant dans un contexte de taux hypothécaires très élevés. On remarque un net ralentissement des embauches dans les services, mais c’est davantage le gain de 218 000 de septembre qui était anormal que celui de 110 000 enregistré en octobre. Il n’en demeure pas moins que seulement 52,0 % des 250 secteurs répertoriés ont enregistré une hausse mensuelle de leur nombre de travailleurs en octobre, comparativement à 61,4 % en septembre et à une moyenne de 56,2 % au cours des trois mois précédents. La création d’emplois se fait donc un peu plus lente, mais surtout moins généralisée.
Les résultats d’octobre de l’Enquête auprès des ménages apportent un contraste important. Ici, on ne parle plus de croissance plus faible du marché du travail, mais plutôt d’une contraction. Selon cette enquête, il s’est perdu 348 000 emplois en octobre, le pire résultat depuis 2018, si l’on exclut les premiers mois de la pandémie. Cela dit, il ne faut pas oublier que cette enquête est nettement moins fiable. Pour être significatifs, les mouvements mensuels doivent être supérieurs à ±600 000 emplois (alors que pour l’Enquête auprès des entreprises, le seuil est de ±130 000). La baisse de 201 000 personnes de la population active a atténué l’effet de la chute de l’emploi (toujours selon l’Enquête auprès de la population) sur le taux de chômage qui n’a grimpé que de 0,1 % pour s’établir à 3,9 %. Remarquons que ce dernier a tout de même augmenté de 0,5 point de pourcentage depuis le creux de 3,4 % établi en avril.
Le gain de 0,2 % du salaire horaire moyen représente sa plus faible croissance mensuelle depuis février 2022. Il faut revenir à juin 2021 pour observer une variation annuelle plus basse que le 4,1 % du mois dernier. C’est un signal de plus que le marché du travail est de moins en moins fébrile.
Implications
La forte croissance des embauches en septembre apparaît de plus en plus comme une anomalie et la situation d’octobre semble bien plus normale et représentative de la conjoncture. Ces derniers chiffres devraient conforter les dirigeants de la Réserve fédérale dans leur décision de poursuivre la pause du resserrement monétaire.
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