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Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : recul de la consommation réelle, mais rebond des indices de prix
Faits saillants
- La consommation réelle des ménages américains a diminué de 0,1 % en janvier, après une bonne croissance de 0,6 % en décembre.
- Le revenu disponible réel a stagné (0,0 %) en janvier, après un gain de 0,2 % en décembre.
- Le déflateur des dépenses de consommation a augmenté de 0,3 % en janvier et sa variation annuelle est passée de 2,6 % à 2,4 %. De son côté, le déflateur qui exclut les aliments et l’énergie a subi un bond mensuel de 0,4 % et sa variation annuelle est passée de 2,9 % à 2,8 %.
Commentaires
Après de fortes croissances au cours des derniers mois de 2023, il était assez prévisible que les dépenses des ménages américains s’essoufflent un peu. Le recul du mois dernier représente la première baisse mensuelle depuis l’été dernier. Cela semble être le reflet d’une météo bien moins clémente en janvier qu’en décembre. On en avait déjà vu les effets présumés au sein des heures travaillées, des ventes au détail, de la construction et de la production manufacturière. Pour la consommation réelle, on remarque notamment la chute de 1,1 % du côté des biens, la pire baisse depuis novembre 2022. À l'opposé, la météo plus froide a appuyé les services avec un gain de plus de 5 % de la consommation d’électricité et de gaz.
La consommation commence donc 2024 plutôt timidement. Cela dit, l’acquis de croissance pour le premier trimestre est plutôt bon. Si la consommation réelle ne bouge pas en février et en mars, la variation trimestrielle annualisée serait tout de même de 1,6 %. Si, grâce à une météo plus favorable, un rebond se mettait en branle dès février, on pourrait s’attendre à une croissance trimestrielle encore plus forte.
Du côté du revenu des Américains, les données de janvier montrent une stagnation du revenu personnel disponible réel, et ce, après trois mois de hausses mensuelles assez marquées. Cette absence de mouvement au cours du premier mois de l’année cache cependant des variations importantes au sein des sources de revenu. Les revenus provenant de l’emploi ont augmenté de 0,4 % en dollars courants, une situation semblable à celle des mois précédents. On remarque toutefois une hausse importante (la plus forte depuis décembre 2020) des revenus provenant des dividendes qui a gonflé le revenu personnel total. Cela a toutefois été contrebalancé par une hausse de 6,0 % des paiements d’impôts et de taxes, laissant une croissance bien plus modeste (et nulle en termes réels) du revenu disponible réel. On remarque aussi que le taux d’épargne a légèrement augmenté de 3,7 % à 3,8 % entre décembre et janvier; cela demeure relativement bas par rapport à la moyenne de 4,5 % enregistrée en 2023.
Finalement, à l’image de ce que nous avait déjà montré l’indice des prix à la consommation, le déflateur des dépenses personnelles s’est aussi accéléré en janvier. On remarque notamment une hausse de 0,6 % du déflateur du côté des services. La variation trimestrielle annualisée du déflateur des services excluant l’énergie et le logement — l’une des mesures préférées de la Réserve fédérale — s’est fortement accélérée, passant de 2,2 % en décembre à 4,1 % en janvier. Cela risque d’inquiéter les dirigeants de la banque centrale.
Implications
Après plusieurs mois de fortes hausses, la baisse de la consommation réelle n’est pas trop inquiétante. L’accélération du déflateur des dépenses de consommation est toutefois plus propice à rendre nerveux les dirigeants de la Réserve fédérale. Afin de s’assurer que l’inflation continue vraiment de diminuer, ceux-ci devraient attendre quelques réunions avant d’entamer les baisses de taux directeurs.
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