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Jimmy Jean
Vice-président, économiste en chef et stratège
Questions-réponses à la suite de notre Conférence Web
Ce mardi, nous avons tenu notre Conférence Web de la rentrée, dont le lien de réécoute est disponible ici Lien externe au site.. Comme d’habitude, de nombreuses questions ont été posées, et nous vous proposons cette semaine comme Commentaire hebdomadaire des réponses à certaines de ces questions.
1. Quels sont les principaux risques associés au conflit au Moyen-Orient?
Le principal risque reste celui d'un embrasement au Moyen-Orient. Les probabilités que ce risque se matérialise se sont accrues au cours des dernières semaines. Une confrontation directe aurait des effets sur les marchés financiers, notamment en augmentant les primes de risque sur le pétrole étant donné la menace sur les approvisionnements. Le fait que les indices boursiers évoluent à des niveaux records indique que les marchés sont possiblement complaisants face aux risques dans la région jusqu'à présent. Les actifs risqués sont donc vulnérables à de la volatilité en cas d’action militaire majeure. Une flambée des prix de l’énergie entraînerait l’inflation à la hausse, mais cela n’inciterait pas forcément les banques centrales à réagir. Resserrer la politique monétaire ne résoudrait pas les causes fondamentales de ces hausses de prix, et l’historique démontre que celles-ci ont tendance à être temporaires. Les banques centrales demeureraient également conscientes de l’atteinte à la confiance et des perturbations potentielles dans les chaînes de production, qui pourraient avoir un effet néfaste sur l’économie.
2. Avec les nombreuses mesures pour stimuler la construction résidentielle, peut-on espérer que les prix des maisons redeviennent abordables?
Les gouvernements ont mis en oeuvre beaucoup de mesures, dont certaines faisaient partie des recommandations que nous avions formulées, autant pour le Canada Lien externe au site. dans son ensemble que pour le Québec Lien externe au site.. Cela dit, malgré toute leur bonne volonté, nos travaux Lien externe au site. démontrent que les contraintes de main-d'œuvre en construction demeureront un défi important. En outre, ces analyses montrent que dans un scénario optimiste, les mises en chantier atteindraient tout au plus légèrement au-dessus de 300 000 unités annuellement, avec des hausses de coûts de main-d'œuvre importants étant donné le bassin limité. La régulation de la croissance démographique s’avère ainsi essentielle, et il faut agir sur d'autres obstacles qui restreignent l'offre, notamment le financement des infrastructures liées au développement immobilier. L’industrie de la construction doit aussi accroître sa productivité, qui est à la traîne de la moyenne des secteurs.
3. Pourquoi les taux hypothécaires ne descendent-ils pas plus vite, compte tenu des baisses répétées du taux directeur?
Les baisses du taux directeur de la Banque du Canada sont largement anticipées et se reflètent déjà sur les taux hypothécaires fixes. Il faudrait donc que les marchés anticipent des baisses plus agressives des taux directeurs pour voir une diminution importante des taux fixes. Cela correspondrait toutefois à un scénario pessimiste pour la croissance économique. Comme nous l'avons expliqué dans une analyse Lien externe au site., ce sont les taux variables qui sont le plus directement influencés par les taux de la Banque du Canada. Ceux-ci sont encore élevés, mais rappelons que les 75 points de baisses de taux jusqu’à présent ne sont qu’un renversement partiel des 475 points de base d'augmentation en 2022 et en 2023. Les taux variables devraient diminuer davantage et même passer en dessous des taux fixes de cinq ans d'ici environ un an. Il faut toutefois avoir des attentes réalistes, en gardant à l’esprit que nos prévisions tablent sur une stabilisation des taux d'intérêt dès 2025, et à des niveaux plus élevés que ce à quoi nous avons été habitués avant la pandémie.
4. Quelle sera l'évolution du dollar canadien?
Le dollar canadien est actuellement fortement influencé par la tendance de l'indice du dollar américain. Le fait que la Réserve fédérale se montre résolue à éviter un ralentissement trop brusque de l'économie est défavorable au dollar américain et, par implication, favorable au dollar canadien. Même si nous prévoyons une poursuite de l'appréciation du dollar canadien d'ici la fin de 2025, celle-ci devrait être très graduelle. Sur les prochains mois, le huard devrait fluctuer près de ses niveaux récents. Nos plus récentes prévisions des devises sont disponibles ici Lien externe au site..
5. Quels sont les facteurs qui contraignent le plus l'offre de logements? L'industrie de la construction semble ne pas pouvoir accroître sa productivité malgré les innovations.
En lien avec la réponse à la question 2, les limites sont multiples. Que ce soit le coût et la disponibilité de la main-d'œuvre et des matériaux, les délais de délivrance des permis, les frais de développement, les oppositions citoyennes à des initiatives de densification ou le manque de pénétration technologique dans le secteur de la construction, tous ces facteurs sont en cause. Il est difficile de désigner un seul facteur comme étant prépondérant. Nous avons d’ailleurs traité des enjeux de productivité dans la construction dans une étude Lien externe au site. publiée en janvier. Le logement préfabriqué et modulaire est une avenue porteuse pour livrer des projets plus rapidement et à moindre coût. Le gouvernement fédéral a annoncé plus tôt cette année un fonds d’innovation visant à stimuler ce type de construction. Toutefois certains détails sur la provenance des investissements restent flous.
6. Considérant le taux de retraite à la hausse dans les prochaines années, comment les employeurs pourront-ils poursuivre leurs activités et leur croissance si elles embauchent moins?
Il est vrai que les entreprises embauchent moins ces temps-ci, mais le fait qu'elles procèdent à peu de mises à pied indique aussi qu'elles ont conscience des défis de recrutement lorsque l’on est dans un régime de vieillissement démographique. C'est aussi la raison pour laquelle fermer complètement la porte à l'immigration serait une grave erreur alors que des pénuries de main-d'œuvre structurelles persistent dans des secteurs critiques (ex. : santé, éducation, construction). Mais au-delà de cela, les entreprises devront investir dans l’automatisation et les technologies, ce qui leur permettra d'augmenter leur productivité en réduisant la dépendance à la main-d'œuvre pour certaines tâches. On peut penser à l'utilisation de l'intelligence artificielle Lien externe au site. pour les services à la clientèle, ou encore l'adoption de robots dans les entrepôts. Cela passera aussi par des changements dans l'organisation du travail. Le développement des compétences et une formation continue renforcée seront essentiels pour relever ce défi.
7. Il me semble paradoxal que, malgré les milliers de postes disponibles, de nombreuses personnes éprouvent de la difficulté à trouver un emploi présentement. Pourriez-vous apporter plus de précisions sur cette situation?
Actuellement, nous ne sommes pas en situation de plein emploi. Le nombre de postes vacants est à son plus bas niveau depuis le début 2019, et le taux de chômage est de 5,7 % au Québec et de 6,6 % au Canada. Ce phénomène touche particulièrement les premiers chercheurs d'emploi, notamment les jeunes et les immigrants, surtout dans la région de Montréal. Cela étant dit, il y aura toujours des personnes qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi correspondant à leurs compétences, leurs aspirations ou leur situation géographique. Les emplois disponibles ne correspondent pas toujours aux qualifications détenues ou aux attentes des chercheurs d'emploi, créant ainsi un décalage entre l'offre et la demande sur le marché du travail.
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