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Marc Desormeaux
Économiste principal
C’est la saison des budgets provinciaux!
La saison budgétaire 2024 débute officiellement jeudi prochain avec la publication du plan financier 2024‑25 (AF 2025) de la Colombie‑Britannique. Avec la réduction de certaines pressions haussières sur les prix, il devrait y avoir moins de recettes inattendues ou de grandes mesures d’allégement de l’abordabilité qu’au cours des deux dernières années. Mais les plans du printemps 2024 nous en diront tout de même long sur les risques d’inflation, les perspectives économiques et les services publics auxquels les ménages canadiens peuvent s’attendre dans les années à venir. Que doivent surveiller les contribuables et les investisseurs cette année?
En raison des inquiétudes persistantes entourant le ralentissement de l’économie, les perspectives de revenus sont mitigées. Au Québec et en Ontario, la croissance du PIB nominal est supérieure aux prévisions à la mi-année, ce qui bonifie les rentrées d’impôt sur le revenu et les taxes sur la consommation. Cependant, les revenus fiscaux provenant des entreprises ont été révisés à la baisse. Dans le cas de l’Ontario, cela est lié à un ajustement de l’assiette fiscale effectué par le gouvernement fédéral au cours des années précédentes. Cet effet a affecté sa situation financière en novembre Lien externe au site. et demeure un risque pour plusieurs autres provinces cette année. En Alberta, le prix du pétrole moins élevé que prévu n’annulera pas les importants excédents anticipés l’an dernier. Cependant, la sensibilité historique et croissante aux cours du pétrole brut signifie que même les petites fluctuations du prix de l’or noir auront désormais d’importantes répercussions fiscales. D’un point de vue plus optimiste, malgré les perspectives moins favorables à l’égard du prix du gaz naturel aux États‑Unis, la Colombie‑Britannique devrait profiter de la nouvelle capacité d’exportation à Kitimat Lien externe au site. cette année et intégrer une grande latitude dans ses prévisions du cours de cette matière première Lien externe au site..
Les quatre plus grandes provinces avaient déjà augmenté leurs projections de population à la mi-année, mais d’autres révisions à la hausse sont possibles compte tenu de l’importance des gains enregistrés depuis. Cela pourrait certainement stimuler l’expansion Lien externe au site., mais aussi exercer une nouvelle pression sur les services publics, alors que certains gouvernements prévoient des réductions des dépenses par personne Lien externe au site.. Cette interrelation sera particulièrement importante dans les petites provinces qui n’ont pas mis à jour leurs projections à plus long terme depuis la saison budgétaire de 2023, surtout dans les cas où les plans d’infrastructure ont été revus à la hausse et où les résultats nets se sont détériorés.
En ce qui concerne les infrastructures, les dernières saisons budgétaires ont souvent vu des ambitions grandissantes se heurter à des retards importants dans des projets. Ces retards sont en grande partie attribuables à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction, qui devrait perdurer au cours des années à venir Lien externe au site.. La relance des activités de ces projets pourrait exercer une pression à la hausse sur l’endettement et l’emprunt au cours de l’exercice 2025 et par la suite.
Nous soutenons depuis plus d’un an que le coût de la vie élevé exercera éventuellement une pression à la hausse sur les salaires des employés du secteur public assumés par les gouvernements provinciaux. On peut affirmer qu’il s’agit du principal risque fiscal en 2024 et qu’il pourrait aussi exacerber l’inflation. En effet, au moment d’écrire ces lignes, les négociations salariales du secteur public se poursuivent dans plusieurs provinces. Des grèves ont déjà touché la fonction publique québécoise et fédérale. Parallèlement, la mise à jour financière du troisième trimestre de l’Ontario, publiée cette semaine, a révélé qu’un montant additionnel de 1,7 G$ était prévu pour les dépenses en soins de santé, et ce, principalement pour tenir compte des pressions sur la rémunération.
La bonne nouvelle, c’est que certaines provinces (mais pas toutes) disposent encore d’une importante marge de manœuvre financière pour les aider à absorber des chocs imprévus. L’Ontario a assumé de nouveaux coûts avec son fonds de prévoyance. Il restait 3,3 G$ dans ce fonds au troisième trimestre. L’Alberta mise sur une réserve prévisionnelle de 1,5 G$ chaque année de son horizon prévisionnel de mi-année. La Colombie‑Britannique est peut-être la plus prudente de toutes, les provisions pour risques planifiées dépassant les déficits prévus jusqu’à l’exercice 2026. De ce montant, 7,5 G$ sont mis de côté pour des augmentations salariales.
Les changements climatiques sont un dernier sujet à surveiller. Au cours de la dernière année, des événements météorologiques extrêmes ont fragilisé les exportations d’électricité du Québec, réduit les revenus de Manitoba Hydro, mis de la pression sur les paiements d’assurance agricole de la Saskatchewan et fait grimper les dépenses d’aide aux sinistrés en Alberta.
En ce début de saison budgétaire 2024, les enjeux à surveiller et à discuter sont donc nombreux. En matière de finances publiques, les effets les plus dévastateurs de la pandémie et l’enthousiasme suscité par les nouvelles mesures d’abordabilité sont probablement derrière nous. Cette année nous en dira plus sur la vision des gouvernements provinciaux pour les prochaines années et jettera les bases de ce qui sera possible pour l’avenir.
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