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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : la reprise du marché du travail garantit pratiquement une hausse des taux directeurs en juillet
Faits Saillants
- L’emploi total net au Canada a augmenté de 60 k postes en juin 2023, la plus forte hausse mensuelle depuis janvier.
- Les gains de 110 k emplois à temps plein ont éclipsé les pertes d’emplois à temps partiel (-50 k). La totalité de ces gains est attribuable aux salariés (+79 k), le travail autonome étant toujours précaire.
- Les plus fortes progressions ont été enregistrées dans le commerce de gros et de détail (+33 k) et la fabrication (+27 k). La construction et l’éducation (-14 k tous les deux) ainsi que l’agriculture (-6 k) ont subi les plus grosses pertes.
- Le taux de chômage a augmenté de 0,2 % pour s’établir à 5,4 %. Il demeure près de son creux historique, car le taux de participation a grimpé de 0,3 % pour atteindre 65,9 %.
- La croissance de la population en âge de travailler s’est de nouveau accélérée pour passer à 3,14 % (variation mensuelle en rythme annualisé) en juin, un nouveau record (graphique). Le premier semestre a donné lieu à une augmentation sans précédent de la population en âge de travailler, qui a grimpé de 442 k personnes.
- Le nombre total d’heures travaillées est resté pratiquement le même en juin, mais a été 2 % plus élevé que pour le même mois en 2022.
- Le salaire horaire moyen, surveillé par la Banque du Canada (BdC) dans son évaluation des répercussions des salaires sur l’inflation, a reculé pour s’établir à 4,2 % par rapport à l’an dernier à pareille date. Ce taux était de plus de 5 % au cours des quatre mois précédents et représente la plus faible progression depuis mai 2022. Dans certains secteurs qui requièrent beaucoup de main-d’œuvre comme l’éducation et les soins de santé, la croissance des salaires est même passée sous les 3 %. La croissance annualisée sur trois mois du salaire horaire moyen désaisonnalisé va dans le même sens que la nouvelle décélération des mesures annualisées, surtout dans les secteurs de la fabrication et des services professionnels.
- L’Ontario (+56 k) a réalisé la majorité des embauches en juin, tandis que la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador ont également généré des gains importants après les pertes du mois précédent. Le Québec (-8 k) a subi des pertes d’emploi totales nettes pour la troisième fois en cinq mois, et ce résultat semble appuyer les données gouvernementales, qui suggèrent que le nombre de mises à pied a doublé au premier semestre de 2023 comparativement à la même période l’an dernier.
Le marché du travail canadien a affiché un autre solide résultat pour clore le premier semestre de 2023. Une solide progression de l’embauche a plus que compensé les pertes du mois précédent. Nous suspections que les chiffres de mai n’étaient qu’une diversion, et les données de juin semblent maintenant réfuter le fait qu’un ralentissement économique important est imminent. Qui plus est, l’augmentation importante des embauches à temps plein donne à penser que le marché du travail n’a pas encore pleinement ressenti les effets de la hausse marquée des coûts d’emprunt. Cela dit, la modération des gains salariaux est une nouvelle plus positive pour les efforts de maîtrise de l’inflation.
Les gains de population en âge de travailler au Canada du deuxième trimestre de 2023 ont surpassé le rythme déjà effréné atteint au premier trimestre. Nous avons souligné la semaine dernière que le pays a connu son taux d’expansion totale de la population le plus rapide depuis les années 1950 au premier trimestre de 2023 grâce à l’admission de résidents non permanents. Cela exerce une pression à la hausse sur la demande des consommateurs en raison du nombre impressionnant d’arrivées et du fait que ces personnes viennent pourvoir les postes vacants qui se sont accumulés durant la pandémie. Toutefois, une hausse de la population signifie aussi une augmentation de l’offre de main-d’œuvre. La dernière Enquête sur les perspectives des entreprises de la BdC révèle que les employeurs ont moins de difficulté à embaucher des travailleurs et que le taux de postes vacants est de plus en plus bas. Cela devrait atténuer le resserrement du marché du travail et pourrait aider à contenir une inflation salariale potentielle.
Implications
Avec des données sur l’emploi en mains pour l’ensemble du deuxième trimestre, notre estimation de la croissance du PIB réel pour cette même période se situe dans une fourchette de 1,5 % à 2 % (variation trimestrielle annualisée). C'est plus que le 1 % avancé par la BdC dans son dernier Rapport sur la politique monétaire.
Les solides données sur l’emploi garantissent pratiquement une nouvelle hausse de 25 points de base lors de la prochaine réunion de la BdC le 12 juillet, et ce ne sera pas nécessairement la dernière. Pour le moment, la BdC devrait se servir de la vitalité du marché du travail et de la résilience de l’économie en général pour justifier cette autre hausse de taux.
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