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Commentaire hebdomadaire

Les craintes liées aux renouvellements hypothécaires pourraient venir gâcher Noël

1 décembre 2023
Royce Mendes
Directeur général et chef de la stratégie macroéconomique

Le temps des fêtes bat son plein, mais les consommateurs canadiens semblent moins pressés de dépenser cette année. Les ménages ont continué à accumuler de l’argent dans leurs comptes bancaires en 2023, malgré la réouverture complète de l’économie. Au cours de la dernière année, les dépôts à terme des Canadiens et Canadiennes dans les banques à charte ont atteint 175 G$, soit une hausse d’environ 40 %. Les données publiées cette semaine montrent que les ménages ont épargné 5,1 % de leur revenu disponible au troisième trimestre, soit bien plus que la moyenne de seulement 2,4 % entre 2015 et 2019.

Les ménages canadiens dépensent moins pour épargner plus. En excluant les ventes d’automobiles, qui regagnent le terrain perdu pendant la longue période de perturbations de l’approvisionnement, les ventes n’ont progressé que de 1,2 % par rapport à l’an dernier, un rythme beaucoup plus lent que le taux de croissance annuel moyen prépandémique de 3,5 %. Les données d’hier sur le PIB ont montré une faible croissance des dépenses de consommation totales au troisième trimestre. La consommation réelle par habitant a chuté de 1,0 % au cours de la dernière année.

La récente morosité de la consommation est d’autant plus surprenante que la population de 15 ans et plus a augmenté de 2,9 % au cours des 12 derniers mois. À l’inverse, l’économie américaine a connu une progression démographique plus lente, mais une croissance des dépenses de consommation beaucoup plus élevée.

Au Canada, les détaillants sont en train de s’ajuster. L’embauche dans l’industrie est nulle depuis quelques mois, tandis que le taux de postes vacants dans le secteur est retombé à son niveau prépandémique.

Il est vrai que les ménages canadiens ont consacré au deuxième trimestre la même part de leur revenu au service de leur dette qu’en 2019. Mais on peut facilement imaginer que ceux dont le renouvellement hypothécaire approche s’affairent à mettre de l’ordre dans leurs finances en prévision de la tempête qui s’annonce.

En effet, les hausses de taux risquent de peser considérablement sur le portefeuille des ménages au cours des prochaines années. Si la trajectoire des taux d’intérêt évoquée par les marchés se confirme, les emprunteurs dans les pires situations pourraient voir leurs paiements hypothécaires mensuels bondir de plus de 70 %.

Il y a, bien sûr, des façons d’amoindrir le choc. Plusieurs tenteront d’allonger la durée de l’amortissement de leur prêt hypothécaire, tandis que d’autres seront tentés d’effectuer des paiements ponctuels. Ces options ont toutefois leurs propres coûts.

Des ajustements importants au tableau d’amortissement d’un prêt hypothécaire peuvent avoir une incidence non négligeable sur la trajectoire financière à long terme d’un ménage. Rembourser une dette hypothécaire pendant plus longtemps peut signifier payer des centaines de milliers de dollars de plus en frais d’intérêts, ce qui rend l’emprunteur encore plus vulnérable aux fluctuations des taux d’intérêt pendant encore plus longtemps.

Les paiements ponctuels représentent un moyen plus prudent pour les ménages de réduire le risque lié à leur bilan financier. Mais les montants en jeu sont importants. Ainsi, pour garder ses mensualités hypothécaires inchangées au moment du renouvellement, un propriétaire ayant mis 20 % de mise de fonds et emprunté le reste pour l’achat d’une maison à prix moyen à Toronto pendant la pandémie devrait verser entre 80 000 $ et 200 000 $ sur son prêt.

La perspective d’une augmentation des paiements hypothécaires mensuels, d’un amortissement plus long, de paiements ponctuels importants ou d’une combinaison de tout cela flotte certainement dans l’esprit de nombreux propriétaires en ce moment. Il est encore tôt pour le constater, mais certains signes montrent déjà que les ménages pourraient revoir à la baisse leurs dépenses des fêtes. Au lieu du Grincheux, ce pourrait bien être les renouvellements hypothécaires qui viennent gâcher Noël cette année.

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.