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Nouvelles économiques

Canada : un vendredi 13 malchanceux pour des propriétaires de plus en plus éprouvés

13 octobre 2023
Marc Desormeaux
Économiste principal

Faits Saillants

  • Les ventes de propriétés existantes au Canada ont chuté de 1,9 % en septembre 2023. Il s’agit de la troisième baisse mensuelle consécutive. Le tableau 1 présente les principales données.
  • Nous prévoyons toujours une croissance annualisée du PIB réel de l’ordre de 0 % à 0,5 % au T3 2023, ce qui est bien en deçà de la plus récente projection de la Banque du Canada, qui est de 1,5 %.

Implications

Ce vendredi 13 tombe environ quatre mois après que la Banque du Canada a recommencé à hausser les taux d’intérêt, et il s’avère effectivement malchanceux pour le marché de l’habitation. Le Canada a perdu près de 40 % de la hausse des ventes observée entre janvier – lorsque la banque centrale a mis un frein à son cycle de resserrement – et juin – moment où elle a relancé la hausse des taux d’intérêt. Cette faiblesse continue de s’étendre au-delà de Toronto et de Vancouver, qui ont connu les plus fortes baisses depuis juin. Cela suggère que de plus en plus de marchés réagissent aux effets cumulatifs des coûts d’emprunt plus élevés.

Le ralentissement persistant des achats de propriétés a un effet de recul sur les propriétés à vendre. Nous connaissons depuis maintenant six mois une hausse continue et généralisée des nouvelles inscriptions, qui ont enregistré un bond de 35 % depuis mars à l’échelle nationale. Il s’agit de la hausse la plus importante pour cette période si l’on ne tient pas compte de la pandémie. Si la faiblesse des ventes se maintient au cours des mois à venir, on peut raisonnablement s’attendre à ce que les inscriptions reculent. La tendance observée dans les inscriptions signifie que les nombreuses personnes qui ont profité des faibles taux d’intérêt pour l’achat de leur propriété font maintenant face à des coûts d’emprunt beaucoup plus élevés.

Ce ne sont toutefois pas toutes les régions qui se trouvent dans cette situation. Attirés par les logements relativement abordables, les gens affluent à Calgary et à Edmonton, où les ventes demeurent fortes malgré les effets modérateurs des taux d’intérêt plus élevés. Depuis plusieurs mois, les achats de propriétés dans la plus grande ville de l’Alberta ont presque doublé par rapport à l’année qui a précédé la pandémie, ce qui contraste fortement avec la plupart des autres grands centres canadiens (graphique 1). À court terme, l’équilibre entre l’offre et la demande à Calgary s’accompagne aussi de conditions favorables aux vendeurs – et de pressions à la hausse sur les taux d’intérêt –, tandis que Toronto a connu pour un troisième mois consécutif un marché favorable aux acheteurs (graphique 2). Halifax et Vancouver suivent la même tendance que la Ville Reine. Il s’agit là d’une inversion de la tendance prépandémique, où les marchés de l’Ontario et de la Colombie-Britannique étaient les plus serrés et où les villes des provinces productrices de pétrole faisaient face à d’énormes surplus.

En somme, malgré quelques exceptions, il ne fait aucun doute que le marché de l’habitation au Canada s’est affaibli depuis le printemps. Nous nous attendons à ce que le ralentissement de la croissance économique et de l’emploi Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. ainsi que la hausse soutenue des taux d’intérêt viennent plomber davantage la demande de logements. Cela dit, le manque à gagner pour ce qui est de l’offre de logements à long terme Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre., qui s’est accru depuis plusieurs décennies, signifie qu’un retour à l’abordabilité n’est pas pour demain. Compte tenu de la pression à la baisse sur les prix et de l’abordabilité du logement limitée, qui devraient se maintenir, du moins à court terme, la chance ne devrait pas sourire aux propriétaires ni aux acheteurs potentiels au-delà de ce vendredi 13.