Choisir vos paramètres
Choisir votre langue
Nouvelles économiques

Canada : la poussée des emplois de septembre cache des faiblesses, les pressions inflationnistes persistent

6 octobre 2023
Marc Desormeaux
Économiste principal

Faits Saillants

  • Le nombre total net d’emplois au Canada a augmenté de 64 k en septembre 2023, pour une deuxième hausse mensuelle consécutive. Le taux de chômage est demeuré inchangé à 5,5 % pour un troisième mois d’affilée. Le tableau 1 présente les principales données.
  • Malgré le solide résultat total, nous prévoyons toujours une croissance annualisée du PIB réel à peu près stable au troisième trimestre de 2023. Cette estimation demeure bien en deçà de la plus récente projection de la Banque du Canada (BdC), soit une augmentation de 1,5 %.

Implications

La création d’emplois poursuit sa lancée, mais un examen plus minutieux révèle certaines faiblesses. Cette fois-ci, l’avancée de l’emploi était concentrée dans les postes à temps partiel, tandis que l’embauche dans le secteur privé n’a connu qu’une légère augmentation après deux chutes consécutives. En outre, la vigueur des chiffres du mois de septembre s’explique en grande partie par le rebond des postes dans le secteur de l’éducation. Nous avons déjà souligné que ces données sont très volatiles d’un mois à l’autre en raison de leur désaisonnalisation, de sorte que cette reprise ne reflète sans doute pas la vigueur du marché du travail sous-jacent. Parallèlement, le nombre d’heures travaillées a légèrement baissé au cours du mois. Malgré l’essor de la main-d’œuvre canadienne, les résultats de septembre n’ont pas d’incidence importante sur notre estimation du PIB au troisième trimestre (bien qu’ils assurent une transition décente vers le quatrième trimestre).

La troisième accélération consécutive des salaires des employés permanents est toutefois plus inquiétante. Cet indicateur est suivi étroitement par la BdC pour évaluer la possibilité d’une spirale inflationniste alimentée par les salaires. Nous observerons toujours une tendance à la hausse dans de nombreux secteurs.

Même si le taux d’expansion mensuelle de la population s’est refroidi dans l’ensemble du pays en septembre (graphique), il demeure de beaucoup supérieur à la création d’emplois. Au fil du temps, la forte augmentation de la population devrait contribuer à accroître l’offre de travailleurs disponibles, en particulier grâce à l’amélioration de l’intégration des immigrants sur le marché du travail, ce qui pourrait contribuer à soulager la pression sur le marché du travail et à limiter le risque de spirale inflationniste alimentée par les salaires. En contrepartie, les gains de population risquent de stimuler la demande de biens et de services et pourraient générer de nouvelles pressions à la hausse sur les prix. 

Pour l’instant, nous nous en tenons à notre prévision : la BdC ne haussera pas les taux lors de sa réunion d’octobre. Le marché du travail n’apparait pas aussi solide que ce que la hausse du nombre de postes global ne le laisse entendre. En dehors du secteur de l’éducation, l’emploi est resté pratiquement stable. De plus, les consommateurs et les entreprises du Canada n’ont pas encore pleinement ressenti les effets des poussées antérieures des coûts d’emprunt, et la récente hausse des taux obligataires de long terme resserre les conditions financières et pourrait réduire le besoin d’augmentations supplémentaires des taux directeurs. Cependant, la poursuite de l’accélération des salaires est effectivement préoccupante. Les données sur l’inflation de septembre, qui seront publiées dans deux semaines, auront une importance cruciale.