- Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : l’économie demeure à la traîne en regard des gains démographiques vertigineux
Faits Saillants
- La population canadienne a atteint 40,5 millions de personnes le 1ᵉʳ octobre 2023 – un nouveau record. Cela représente une hausse de 3,2 % par rapport au niveau de l’année précédente, soit le gain le plus important depuis les années 1950. Le tableau ci-dessous résume les principales données.
Implications
Nouveau trimestre, nouvelle croissance démographique effrénée au Canada. Celle-ci atteint des sommets jamais vus depuis des décennies, et elle continue de compliquer le tableau pour ce qui est de la politique monétaire du pays. Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises (ici Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre., notamment), une très forte croissance de la population a des répercussions à court et à long terme. Alors que la Banque du Canada (BdC) tente de maîtriser l’inflation, l’augmentation subite du nombre d’habitants fait grimper la demande pour les biens et les services et risque d’accentuer les pressions sur les prix. Toutefois, avec le temps, ces gains démographiques devraient aussi contribuer à accroître l’offre de travailleurs disponibles, assouplissant ainsi le marché du travail et atténuant le risque d’une inflation induite par la hausse des salaires.
Cela dit, ces données ne changent rien à notre prévision selon laquelle la BdC maintiendra les taux d’intérêt inchangés en janvier, avant de commencer à les réduire vers la mi-2024. De toute évidence, l’économie canadienne s’affaiblit sous le poids des taux d’intérêt nettement plus élevés. L’assouplissement observé dans les mesures privilégiées de l’inflation fondamentale en novembre 2023 renforce cette affirmation. Au bout du compte, même si la forte croissance démographique a été un facteur favorable pour l’économie canadienne, le PIB réel par habitant recule depuis plusieurs trimestres, ce qui n’a pas eu tendance à survenir en dehors des récessions (graphique 1).
renforce cette affirmation. Au bout du compte, même si la forte croissance démographique a été un facteur favorable pour l’économie canadienne, le PIB réel par habitant recule depuis plusieurs trimestres, ce qui n’a pas eu tendance à survenir en dehors des récessions (graphique 1). Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. renforce cette affirmation. Au bout du compte, même si la forte croissance démographique a été un facteur favorable pour l’économie canadienne, le PIB réel par habitant recule depuis plusieurs trimestres, ce qui n’a pas eu tendance à survenir en dehors des récessions (graphique 1).
La contribution soutenue des admissions nettes de non-résidents permanents est particulièrement remarquable. Cette catégorie, qui inclut les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants internationaux, a représenté près de 70 % de la croissance démographique au cours de l’année ayant précédé le 1ᵉʳ octobre 2023. L’apport des résidents non permanents a été le plus important au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique, mais il semble également augmenter à l’échelle du Canada (graphique 2). Au cours du dernier trimestre, près de 60 % des résidents non permanents étaient des détenteurs de permis de travail.
Les gains de population basés sur cette catégorie d’immigration présentent des risques pour la croissance économique. Dans le passé, lorsque la croissance a ralenti, la demande de main-d’œuvre et le recours aux programmes de travailleurs étrangers ont eux aussi diminué. Cela donne à penser que le repli Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. attendu l’an prochain pourrait se traduire par des gains démographiques beaucoup plus lents qui aggraveraient la faiblesse de l’économie. En effet, les données sur les postes vacants publiées hier montrent que le resserrement du marché du travail accumulé pendant la pandémie est en train de s’atténuer (graphique 3). Cela dit, l’utilisation accrue par Ottawa de la migration temporaire comme chemin vers la résidence permanente limite les risques à la baisse, comme nous l’avons souligné récemment.
Tout compte fait, les données d’aujourd’hui soulèvent encore plus de questions quant aux perspectives économiques à long terme du Canada. L’Ontario continue d’enregistrer des flux migratoires quasi-record vers d’autres provinces, en partie en raison de la faible abordabilité de son marché du logement. Compte tenu de l’avantage important de l’Alberta à cet égard, c’est une tendance qui pourrait très bien se poursuivre. Plus largement, les données sur la population renforcent une fois de plus la nécessité d’accroître l’offre de logements et de stimuler les dépenses en infrastructures. Et bien sûr, tant que la sous-performance de longue date du Canada au chapitre de la productivité ne sera pas renversée, nous risquons de voir d’autres baisses du PIB par habitant (et de notre niveau de vie). Il est essentiel de s’attaquer à ces problèmes pour que le Canada demeure un pays accueillant et prospère dans les années à venir.
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