- Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : les résidents non permanents continuent d’accélérer la croissance de la population, mais ça ne devrait pas durer
Faits saillants
- La population canadienne a établi un nouveau record le 1ᵉʳ janvier 2024, atteignant 40,8 M. C’est une hausse de 3,2 % par rapport à la même période l’an dernier. Il s’agit encore une fois de la plus importante augmentation depuis les années 1950. Le tableau 1 ci-dessous présente les principales données.
Implications
Les implications de la croissance de la population, la plus forte depuis des décennies, ne changent pas. L’explosion démographique vient brouiller les cartes pour la macroéconomie et la politique monétaire. D’une part, elle stimule la demande de biens et de services, et potentiellement l’inflation, alors que la Banque du Canada (BdC) tente toujours de soulager la pression haussière sur les prix. Toutefois, étant donné l’amélioration de l’intégration des nouveaux arrivants au marché du travail, le principal facteur à l’origine des avancées récentes, ces gains de population devraient rehausser l’offre de main-d’œuvre au fil du temps. De ce fait, la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation potentielle provenant de la progression des salaires pourraient toutes deux s’améliorer. L’explosion démographique récente a également aidé à masquer la faiblesse de l’économie sous-jacente. Le PIB réel par habitant poursuit sa chute depuis six trimestres consécutifs, chose rare en dehors d’une récession (graphique 1).
Ce qui a changé depuis la dernière publication? L’environnement politique et les perspectives de croissance de la population, ces dernières étant maintenant résolument plus pessimistes. L’annonce faite la semaine dernière par Ottawa Lien externe au site. de la diminution progressive du nombre de résidents temporaires à l’échelle nationale tarira la principale source des récents gains démographiques. Il y aura donc une incidence sur la croissance économique canadienne Lien externe au site. au cours des prochaines années. Par province, nous estimons que les reculs les plus importants se manifesteront en Ontario et en Colombie-Britannique Lien externe au site., qui demeurent les plus dépendantes à l’égard de la migration temporaire (graphique 2). Cela dit, la baisse du nombre de résidents non permanents (RNP) devrait également atténuer la crise d’abordabilité du logement tout en bonifiant modestement la croissance du PIB réel par habitant et des salaires réels.
Autre élément intéressant : les gens quittent moins l’Ontario pour d’autres provinces (graphique 3). Nous avons souvent parlé de l’exode hors de l’Ontario, qui s’explique en partie par le fait que des résidents plus jeunes cherchent un logement plus abordable ailleurs au Canada. Le flux migratoire net hors de la plus grande province canadienne demeure toutefois près des sommets historiques. La province qui a le plus bénéficié des mouvements de population interprovinciaux est l’Alberta, renversant ainsi la tendance négative observée entre 2016 et 2021.
La publication d’aujourd’hui ne change en rien notre opinion selon laquelle la BdC commencera à réduire les taux d’intérêt en juin prochain. Pour l’instant, elle devrait se concentrer sur la lutte contre l’inflation, l’amélioration de la productivité et le fait que nous n’avons pas encore pleinement ressenti les répercussions des hausses de taux déjà mises en place. Après un autre trimestre de PIB par habitant moribond et un changement de politique important à l'horizon, les perspectives économiques à plus long terme au Canada soulèvent encore beaucoup de questions.
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