Canada : la forte croissance démographique continue de compliquer la situation économique

La récente tendance haussière de la croissance démographique au Canada s’est maintenue au deuxième trimestre de 2023. La croissance démographique a atteint un rythme annuel jamais observé depuis les années 1950 (graphique 1). La quasi-totalité des gains provient de la migration internationale, dont plus de 60 % dans la catégorie des résidents non permanents. Les admissions sous ce volet, qui comprend les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants internationaux, continuent d’expliquer l’essentiel de la hausse de la population dans de nombreuses provinces.

Cet apport toujours important des admissions nettes de résidents non permanents continue de suggérer un risque baissier pour la croissance économique à l’avenir. Au cours des précédentes périodes de repli économique, la faiblesse de la croissance et de la demande de main-d’œuvre a fait diminuer le recours au programme des travailleurs étrangers temporaires. Par conséquent, l’expansion économique soutenue par la croissance démographique devrait ralentir au cours des prochains mois.

Les données renforcent le point de vue présenté dans nos perspectives de croissance économique provinciales Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. du dernier trimestre. D’une part, des provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique pourraient voir leurs gains économiques et démographiques diminuer au cours des prochains trimestres, puisque l’augmentation de leur population est attribuable à une migration temporaire. L’Ontario continue également de connaître des flux migratoires quasi records vers d’autres provinces (graphique 2), probablement en raison de l’abordabilité limitée du logement  Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre.. Les départs ont toutefois diminué et ont été largement contrebalancés par les gains migratoires internationaux. En revanche, les importants gains de population de l’Alberta et de l’Île-du-Prince-Édouard, appuyés par de nombreuses sources, augurent relativement bien pour leur croissance.

Nous continuons de croire que, même si la forte croissance démographique et la meilleure intégration des immigrants sur le marché du travail apportent une contribution positive à la prospérité économique à long terme du Canada, ces éléments compliquent également la politique monétaire. Les nouveaux arrivants qualifiés peuvent contribuer à combler les pénuries de main-d’œuvre, réduisant ainsi les probabilités d’une spirale inflationniste alimentée par les salaires. Mais la croissance démographique quasi record peut également contribuer à stimuler la consommation et, par conséquent, accroître davantage les prix. La croissance fulgurante de la population renforce également la nécessité d’augmenter l’offre de logements, surtout dans un environnement où l’abordabilité à ce chapitre est fortement limitée. Notre équipe a récemment publié une série de recommandations Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. à cet égard.

Ces données ne changent pas notre prévision selon laquelle la Banque du Canada maintiendra les taux d’intérêt stables à sa réunion d’octobre. Les effets de la hausse marquée des taux ne se sont pas encore pleinement matérialisés dans l’économie canadienne, et il y a de plus en plus de signes que le nombre de postes vacants, très élevé pendant la pandémie, est en train de diminuer. Mais les gains démographiques soutenus continueront assurément de jouer un rôle important dans les perspectives économiques de notre pays, à la fois à court et à long terme. Les décideurs et les observateurs du marché doivent continuer d’y être attentifs.