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LJ Valencia
Analyste économique
Canada : moins de capacités excédentaires que prévu appuient une baisse de taux de 25 points de base en décembre
Faits saillants
- Le PIB réel a progressé à un rythme annualisé de 1,0 % au troisième trimestre de 2024. Ce résultat est inférieur d’un dixième de point au consensus des prévisionnistes, et bien en deçà de la prévision de la Banque du Canada (BdC), à 1,5 %. Le tableau 1 donne plus de détails sur les résultats.
- Le PIB réel mensuel a augmenté légèrement en septembre, soit de 0,1 %. Ce résultat est inférieur de deux dixièmes de point au consensus et au résultat provisoire de Statistique Canada (0,3 %). Statistique Canada prévoit que le PIB réel par industrie aura de nouveau progressé de 0,1 % en octobre 2024. Si la croissance du PIB réel demeure inchangée en novembre et en décembre, la croissance annualisée du PIB réel par industrie au quatrième trimestre serait de 0,6 %.
- La croissance trimestrielle du PIB réel au deuxième trimestre de 2024 a subi une légère révision à la hausse de 0,1 % (annualisée); la croissance mensuelle du PIB a elle aussi été révisée à la hausse de manière similaire en août. La croissance mensuelle du PIB de juillet n’a pas changé.
Implications
Si la croissance du PIB canadien s’est établie près des attentes, on ne peut pas dire que le moteur économique du Canada roule rondement. D’abord, les investissements des entreprises ont reculé en raison d’une déduction des dépenses dans les aéronefs et les bateaux, qui a coïncidé avec une baisse des importations de ces mêmes biens au cours du trimestre. Si l’on combine cela à un nouveau déclin des exportations en termes réels, les exportations nettes ont contribué négativement à la croissance au troisième trimestre. À l’inverse, l’investissement résidentiel a connu une progression modeste grâce à une hausse des activités de revente de propriétés. Par ailleurs, la consommation a été vigoureuse dans toutes les catégories, particulièrement du côté des biens durables grâce aux ventes d’automobiles. La consommation des gouvernements a également augmenté pour un troisième trimestre consécutif, les dépenses ayant progressé à tous les niveaux de gouvernement (graphique 1). Du côté des revenus des entreprises, des pertes dans les secteurs manufacturier, de gros et de détail ont entraîné un déclin. La rémunération des employés a connu une autre bonne progression au troisième trimestre (7,1 % annualisée). Cela a permis au taux d’épargne de grimper à 7,1 %, comparativement à 6,2 % au deuxième trimestre. Cependant, le taux d’épargne moyen des trois dernières années a été révisé à la baisse de 1,5 point de pourcentage.
Mais le changement le plus important pour la BdC est peut-être la révision à la hausse du PIB réel. Celle-ci nous a amenés à revoir également à la hausse notre estimation de l’écart de production pour le deuxième trimestre de 2024 : il a augmenté d’environ 0,5 point de pourcentage, passant de -1,3 % à -0,8 %. Cette estimation de l’écart de production est maintenant nettement moins négative que celle de la BdC dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre 2024, à -1,2 %. Cela suggère qu’il y a moins de capacités excédentaires dans l’économie canadienne que ce qui était initialement prévu (graphique 2). Cela renforce notre prévision d’une baisse de taux de 25 points de base (plutôt que de 50) à la prochaine réunion de la BdC.
Nous prévoyons actuellement une croissance annualisée du PIB réel de l’ordre de 1,5 % à 2,0 % au quatrième trimestre, ce qui est légèrement inférieur à la prévision de 2,0 % de la BdC. Malgré les révisions à la hausse, le PIB réel par habitant continue de chuter (graphique 3). En effet, un troisième mois consécutif de gains d’emplois en octobre Lien externe au site. n’a pas suffi à contrebalancer la croissance de la population, qui continue de surpasser la demande de main-d’œuvre. Il s’agit là d’un signe persistant d’un refroidissement du marché du travail. De plus, l’économie fait face aux importants vents contraires émanant de la vague de renouvellements hypothécaires à venir et du ralentissement de la croissance démographique. Enfin, la menace de tarifs douaniers envisagés par la deuxième administration Trump ajoute un degré élevé d’incertitude et accroît les risques de baisse de la croissance et de l’inflation Lien externe au site.. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la BdC abaisse à nouveau le taux directeur à cinq reprises en 2025 afin de contrer les pressions baissières sur les perspectives économiques.
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