- Kari Norman
Économiste
Canada : les ventes de propriétés sont en baisse, mais le retour à l’abordabilité n’est pas pour demain
Faits saillants
- Le rythme des mises en chantier au Canada s’est maintenu à 240 000 unités en avril (variation trimestrielle à rythme annualisé). La tendance légèrement à la baisse des projets de logements collectifs a été contrebalancée par une faible croissance du côté des maisons unifamiliales. Le tableau 1 ci-dessous présente les principales données.
- Les ventes de propriétés existantes ont reculé de 1,7 % au Canada en avril. Le tableau 2 ci-dessous présente les principales données.
- Au début du T2, nos estimations suggèrent une croissance annualisée du PIB réel avoisinant 1,7 % pour le trimestre. Ce chiffre est légèrement supérieur à l’estimation de la Banque du Canada (BdC) publiée en avril. Nous continuons de prévoir une progression d’un peu plus de 2 % au T1, ce qui est inférieur à la dernière prévision de la BdC, à 2,8 %.
Implications
Des nuages noirs semblent s’amonceler au-dessus de la grande région de Toronto et d’Hamilton pour ce qui est des mises en chantier de logements collectifs. Un récent rapport Lien externe au site. d’Urbanation soulignait que les préventes de nouvelles copropriétés au T1 (1 461 unités) ont chuté à des niveaux jamais vus depuis le début de 2009 et la fin des années 1990, soit des périodes où la population de la région était considérablement moindre. Les préventes dans les projets en préconstruction avoisinaient les 50 %, ce qui est nettement inférieur au taux typique de 70 % d’absorption nécessaire pour le financement de la construction. Il faudra du temps pour que les mesures gouvernementales récemment annoncées fassent leur chemin dans le système jusqu’aux premières pelletées de terre. La confiance des constructeurs demeure également plutôt morose, tant du côté des maisons unifamiliales que de celui des logements collectifs. Cela n’est pas surprenant, compte tenu des récentes manchettes faisant état de projets de construction suspendus ou annulés. L’effet des taux d’intérêt élevés pourrait avoir rattrapé le marché de la construction de copropriétés. Il reste à voir à quelle vitesse cet effet se dissipera lorsque les taux d’intérêt commenceront à diminuer.
Le marché de la construction de logements unifamiliaux ne se porte pas beaucoup mieux. Les mises en chantier ont augmenté faiblement en avril, mais elles sont demeurées inférieures de plus de 40 % au sommet atteint au début de 2021 (graphique 1).
Sur le plan régional, par rapport à mars, les travaux de construction ont été plus nombreux à démarrer en Ontario et en Alberta, mais moins nombreux en Colombie-Britannique et au Québec. Cela dit, les mises en chantier sont en baisse dans la plus grande province du Canada, où de nombreux projets avaient été financés l’an dernier avant que les taux d’intérêt augmentent.
Les ventes de propriétés existantes sont restées dans les normes saisonnières, bien qu’elles se situent près du bas de la fourchette (graphique 2). Les prix moyens et les prix de référence à l’échelle nationale sont demeurés stables en avril. La très forte croissance démographique, la résilience de la création d’emplois et les gains salariaux robustes vont probablement permettre le maintien des prix, même si les taux hypothécaires toujours élevés incitent les acheteurs à patienter encore un certain temps. Malgré la baisse des ventes de propriétés en avril, les prix moyens à l’échelle nationale n’ont pas reculé. Ils ont augmenté d’environ 1 % par rapport au mois précédent et de près de 5 % par rapport à avril 2023.
Les écarts entre les marchés régionaux ont persisté en avril. Les conditions de l’offre et de la demande à Vancouver et à Toronto continuent de se rapprocher d’un marché favorable aux acheteurs. À l’inverse, Calgary et Halifax se situent résolument en territoire favorable aux vendeurs.
D’ici la fin de 2024, les baisses progressives de taux d’intérêt, qui devraient commencer en juin, pourraient ramener certains acheteurs sur le marché. Mais comme les ventes de propriétés ont augmenté après la pause du resserrement monétaire au début de 2023, la BdC surveillera attentivement la situation pour éviter qu’un tel scénario se reproduise cette année. La construction résidentielle continuera d’être aux prises avec la pénurie de main-d’œuvre, la hausse du coût des matériaux de construction et la faible confiance des constructeurs. Cela dit, l’intention récemment annoncée du gouvernement fédéral de réduire le nombre d’admissions de résidents non permanents devrait contribuer à harmoniser davantage la demande globale de logements avec l’offre au fil du temps.
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