Canada : contre toute attente, les mises en chantier restent élevées

Un nouveau mois, une nouvelle surprise pour le secteur canadien de la construction, qui fait preuve d’une résilience étonnante. Le résultat d’octobre est le meilleur depuis juin et le deuxième plus fort de l’année en cours, ce qui a fait grimper la moyenne mobile sur 12 mois (graphique 1). Le segment des immeubles multilogements a dominé, mais les mises en chantier de maisons unifamiliales ont atteint un sommet de huit mois.

Comme pour la construction résidentielle, qui a constamment dépassé les attentes depuis que les hausses de taux ont commencé à peser sur le marché des propriétés existantes, nous ne voyons pas comment cela peut continuer. Outre l’essor démographique actuellement observé presque partout au pays, aucun indicateur ne suggère que les conditions sont favorables à la construction résidentielle. Les taux d’intérêt et le coût des matériaux de construction sont à leur niveau le plus élevé depuis des décennies. La confiance au sein du milieu de la construction résidentielle est très faible. Le secteur demeure confronté à une pénurie de main-d’œuvre. La corrélation historique entre les ventes et les mises en chantier semble s’être rompue récemment (graphique 2). Cependant, la baisse particulièrement marquée des achats de propriétés, qui survient au cours du même mois que ce rebond des mises en chantier, n’augure rien de bon pour la construction résidentielle à l’avenir. Comme toutes ces tendances devraient persister dans une certaine mesure pour les prochaines années, et puisque l’activité économique devrait ralentir à l’approche de 2024, nous prévoyons que les mises en chantier reculeront l’an prochain.

Les récentes tendances régionales de construction se sont maintenues, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les prévisions de croissance provinciales. Les mises en chantier sont restées robustes en Ontario et en Colombie-Britannique. Cette construction plus importante que prévu à la fin de 2023 pourrait atténuer les effets néfastes sur l’investissement résidentiel causés par la faiblesse du marché de la revente de maisons dans ces provinces depuis que la BdC a recommencé à hausser les taux en juin. Les mises en chantier ont ralenti en Alberta, mais sont restées élevées par rapport aux dernières années, ce qui a également stimulé l’économie de la province en cette fin d’année.

Si les données sur la construction résidentielle continuent d’étonner, les résultats sur les mises en chantier d’octobre ne changent rien pour la BdC. Même si les activités de construction résidentielle se montrent résistantes aux effets des taux d’intérêt élevés et du ralentissement de l’économie, nous croyons que la BdC accordera plus d’importance à la récente décélération de l’emploi et de l’inflation. Par conséquent, les données d’aujourd'hui ne modifient pas notre opinion selon laquelle la BdC maintiendra son taux directeur à sa prochaine réunion, et qu’elle commencera probablement à le réduire d’ici la mi-2024.