- Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : l’abordabilité ne devrait pas s’améliorer, si l’on en croit le recul des mises en chantier et des ventes de propriétés
Faits Saillants
- Les mises en chantier au Canada ont chuté à 255 000 unités (à rythme annualisé) en juillet 2023. Le tableau ci-dessous résume les principales données. Les ventes de propriétés à l’échelle nationale ont aussi diminué en juillet, une première en six mois, comme annoncé hier.
- Nos estimations suggèrent une croissance trimestrielle annualisée du PIB réel d’environ 0,8 % au T3 2023. Cette progression est inférieure au taux enregistré avant la publication des dernières données sur les ventes et les mises en chantier et des plus récentes prévisions de la Banque du Canada (BdC) pour le troisième trimestre. Il ne s’agit toutefois que de données préliminaires. Les choses peuvent donc encore changer.
Implications
À la question de savoir si la construction résidentielle allait connaître le même genre de baisse que le marché de la revente, les mises en chantier de juillet ont répondu « pas tout à fait ». Historiquement, nous avons observé des mouvements conjoints dans les achats de propriétés et les constructions neuves (graphique), mais les données continuent d’envoyer des messages contradictoires à cet égard. D’un côté, la baisse de juillet maintient la tendance d’un léger ralentissement du total des mises en chantier. De l’autre, l’ensemble des chiffres relatifs aux constructions neuves demeure très élevé par rapport aux niveaux historiques. Nous prévoyons un ralentissement plus prononcé, ce qui sera conforme aux pénuries de main-d’œuvre dans le secteur de la construction, aux coûts d’emprunt et des matériaux élevés, à la confiance faible des constructeurs de logements et aux attentes quant au refroidissement de l’activité économique.
La BdC devrait probablement se réjouir de la faiblesse des ventes et des mises en chantier notée cette semaine, surtout après les récentes baisses du PIB, de l’emploi, du commerce et de l’inflation de base. Le recul de ces indicateurs suggère que les taux d’intérêt plus élevés refroidissent la croissance économique et réduisent les pressions sur les prix. Par conséquent, nous nous attendons toujours à ce que la BdC maintienne son taux directeur à 5 % lors de sa réunion de septembre.
De plus, les tendances en construction par région et par type de logement n’améliorent pas l’abordabilité. Par exemple, la résilience des mises en chantier jusqu’à présent en 2023 a été aidée par la robustesse de la construction d’immeubles à logements multiples en Ontario et en Colombie-Britannique. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il y a plus de nouveaux logements abordables dans ces provinces où les prix sont élevés : nos recherches indiquent que les immeubles plus dispendieux au mètre carré ont la cote. En revanche, le soi-disant « chaînon manquant » reste largement absent de la construction de maisons neuves. La baisse des mises en chantier ailleurs au pays est également un signe plus direct que l’offre sera plus limitée à l’avenir. Les stocks du Québec et des provinces productrices de pétrole, des régions jusqu’à présent relativement épargnées par les dernières hausses de taux d’intérêt, sont maintenant bien inférieurs aux niveaux atteints dans les cinq années avant la pandémie.
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