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Nouvelles économiques

Canada : malgré une baisse de l’inflation totale, l’inflation sous-jacente s’accroche et demeure élevée

18 juillet 2023
Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne

Faits Saillants

  • L’inflation totale mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 2,8 % par rapport à juin de l’an dernier, ce qui est bien en deçà du résultat de 3,4 % en mai, et surpasse les attentes des prévisionnistes (3,0 %). Il s’agit du rythme de croissance des prix le plus lent depuis mars 2021. Sur une base mensuelle, le gain de 0,1 % en juin (désaisonnalisé) représente une légère hausse par rapport à mai, mais demeure sous les moyennes des derniers mois.
  • Les prix de l’énergie ont encore une fois fortement contribué à ralentir l’inflation globale mesurée par l’IPC, puisqu’ils ont baissé de 14,6 % en juin par rapport au même mois l’an dernier. Les prix de l’essence ont notamment reculé de 21,6 % sur un an. Ceux du mazout et du gaz naturel ont aussi contribué à la décélération. Ainsi, juin représentera probablement le maximum du ralentissement sur une base annuelle des prix de l’énergie, car la valeur du pétrole brut a atteint un sommet au cours du même mois l’an dernier. 
  • La croissance des prix des aliments est demeurée stable en juin, la variation annuelle de 8,3 % correspondant sensiblement à la progression de mai. Les prix à l’épicerie (9,1 %) ont mené la hausse, soutenus par des gains annuels dans les deux chiffres pour les produits de boulangerie (12,9 %), les fruits frais (10,4 %) et les autres préparations alimentaires (10,2 %). En contrepartie, les aliments achetés au restaurant ont connu une progression plus modeste (6,6 %).
  • Si l’on exclut les aliments et l’énergie, les prix ont augmenté de 3,5 % en juin comparativement à l’année précédente, soit un léger recul par rapport aux 4,0 % observés en mai. Les coûts des services cellulaires ont joué un rôle important dans l’histoire, chutant de 14,7 % par rapport à juin de l’an dernier après avoir enregistré une autre baisse substantielle en mai. À -22,1 %, les coûts des services de garde ont également continué de freiner de façon notable l’inflation fondamentale. Mais ces reculs dureront-ils? La question demeure. En revanche, les mesures d’inflation plus durables et plus importantes pour les logements locatifs et en propriété demeurent élevées, à 5,8 % et 5,4 %, respectivement. Ces pourcentages sont descendus de leurs sommets, mais ils se déplacent latéralement au cours des derniers mois plutôt que d’afficher des améliorations continues.
  • Sur une base mensuelle, l’IPC excluant les aliments et l’énergie a progressé de 0,1 % en juin (désaisonnalisé), soit la même croissance qu’en mai. Cela a fait décélérer brusquement le taux d’inflation annualisé sur trois mois, qui est passé de 3,3 % en mai à 2,5 % en juin.
  • Les mesures de l’inflation fondamentale utilisées par la Banque du Canada (BdC), soit la moyenne tronquée et la médiane, ont ralenti pour s’établir respectivement à 3,7 % et à 3,9 % en juin, comparativement à environ 3,9 % en mai. Pendant ce temps, sur une base annualisée de trois mois, qui évalue mieux les pressions actuelles sur les prix, les résultats ont été plus mitigés en juin, la médiane étant demeurée à 3,6 % et la moyenne tronquée s’étant légèrement bonifiée, passant de 3,9 % en mai à 4,0 %. Parallèlement, les services de base excluant le logement ont aussi légèrement diminué en juin pour atteindre 4,8 %, selon nos calculs.

Implications

Somme toute, juin a apporté son lot de bonnes nouvelles pour ce qui est de l’inflation. L’IPC total avec et sans l’énergie et l’alimentation a considérablement ralenti sur une base annuelle. Toutefois, une vaste gamme de mesures de l’IPC de base indique que l’inflation sous-jacente reste embourbée dans la fourchette de 3,5 % à 5,0 %, ce qui laisse croire que nous sommes toujours loin de la cible de 2 % de la BdC. Mais comme cette dernière s’est donné jusqu’à la mi-2025 pour ramener l’inflation à 2 % dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire, elle ne semble pas pressée. Étant donné qu’elle a même envisagé de mettre les hausses en pause lors de sa dernière réunion, les résultats en matière d’inflation, meilleurs que prévu, renforcent nos prévisions selon lesquelles le taux des fonds à un jour restera à 5 % pour le reste de l’année.