- Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Canada : l’inflation s’est accentuée en octobre, mais une baisse des taux est toujours au programme en décembre
Faits saillants
- L’IPC global a augmenté de 2,0 % en octobre par rapport à octobre 2023, en hausse de 0,4 point depuis septembre. C’est un peu plus que ce que prévoyaient les économistes (1,9 %). Les prix ont augmenté de 0,4 % par rapport au mois précédent, mais cette progression est plutôt de 0,3 % après ajustement en fonction des effets saisonniers. Le tableau 1 résume les principales données.
Implications
Personne n’aime voir l’inflation augmenter, mais les ménages canadiens peuvent se rassurer en sachant que la croissance des prix a été égale ou inférieure à la cible de 2 % de la Banque du Canada (BdC) depuis août dernier. Les prix des biens continuent de ralentir la progression des prix globaux, même s’ils sont devenus positifs par rapport à l’an passé pour la première fois en trois mois (0,1 % par rapport à octobre 2023) (graphique 1). Le recul du prix de l’essence (-4,0 % sur un an) explique en grande partie la désinflation des prix des biens (malgré une poussée de 0,7 % par rapport à septembre), tandis que le prix des aliments a légèrement augmenté pour s’établir à 3,0 % en octobre. Excluant les aliments et l’énergie, l’inflation des biens est restée stable au cours du mois, après quatre baisses consécutives par rapport à 2023. De plus, l’inflation des services a ralenti pour un quatrième mois de suite, bien qu’elle soit plus persistante à 3,6 %.
L’inflation liée au logement excluant l’énergie demeure de loin la principale contributrice à l’inflation globale (graphique 2). Le coût des logements en location était toujours élevé, à 7,1 % en octobre par rapport à l’an dernier, mais il s’est beaucoup refroidi depuis son sommet en août et nos recherches Lien externe au site. indiquent qu’il devrait ralentir encore plus rapidement. Par ailleurs, l’inflation plus importante du coût des logements en propriété s’est adoucie pour s’établir à 5,0 % au cours du mois, la plus faible augmentation en variation annuelle depuis juin 2021. Cette amélioration survient même si les taxes foncières, dont le prix est établi en octobre de chaque année, ont grimpé de 6,0 % pour l’année, soit la plus importante augmentation depuis 1992.
En ce qui concerne l’inflation sous-jacente, les mesures privilégiées par la BdC pour évaluer la croissance des prix de base d’une année à l’autre, soit la médiane de l’IPC et la moyenne tronquée, ont avancé de 0,2 point par rapport à septembre (moyenne de 2,6 % en variation annuelle), restant sous la barre des 3 % pour un septième mois d’affilée. L’ancienne mesure privilégiée de l’inflation fondamentale de la BdC, l’IPCX (qui exclut les huit composantes les plus volatiles et les impôts indirects), a augmenté d’un dixième de point pour s’établir à 1,7 %. À l’inverse, l’IPC excluant l’alimentation et l’énergie a légèrement diminué en septembre (2,3 %). Fait intéressant, la moyenne mobile annualisée de ces séries désaisonnalisées a beaucoup progressé en octobre, ce qui laisse présager des pressions inflationnistes plus généralisées dont nous devrons tenir compte (graphique 3).
La remontée de l’inflation en octobre, particulièrement pour les prix de base à court terme, nous donne plus de munitions pour affirmer que la BdC n’annoncera pas une deuxième réduction de 50 points de base consécutive. Cela dit, nous continuons de penser qu’elle va diminuer son taux directeur de 25 points de base en décembre. D’abord, l’inflation se maintient autour de 2 %. Ensuite, le gouverneur Macklem a clairement indiqué en octobre que les effets de base, à savoir la faible croissance des prix en variation mensuelle il y a un an, accentueront la progression des prix en variation annuelle jusqu’à la fin de l’année. Par conséquent, nous croyons que la BdC est susceptible d’ignorer une courte réaccéléreration des prix. En effet, l’inflation est sur la cible ou est inférieure à celle-ci et la croissance économique est aussi en deçà de ses attentes, se rapprochant plus de 1 % au T3 alors que ses plus récentes prévisions la chiffraient à 1,5 %. Et même si le T4 devrait correspondre à ses prévisions, le choc des renouvellements hypothécaires à venir et le ralentissement de la croissance de la population laissent entrevoir des perspectives économiques beaucoup moins roses que ce qu’elle avait anticipé le mois dernier. Le résultat de l’élection américaine vient amplifier ce risque baissier. Pour compenser ces vents contraires, nous voyons la BdC annoncer cinq baisses supplémentaires des taux d’intérêt en 2025. (Voir nos plus récentes Prévisions économiques et financières pour plus d’information sur nos perspectives.)
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