- Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique • Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne
En bref : nouvelle politique canadienne sur l’immigration
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En ce qui concerne la stratégie d’immigration du Canada, le balancier semble avoir complétement inversé sa course. Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi son intention de réduire le nombre d’admissions de résidents permanents, qui est passé d’environ 470 000 en 2023 à 485 000 cette année pour s’établir à 395 000 en 2025 (graphique) Si l’on combine ce facteur à l’objectif de réduction du nombre de résidents temporaires au pays annoncé précédemment, il est probable que la croissance de la population soit au point neutre l’an prochain. Cela représente une volte-face spectaculaire étant donné le sommet historique du taux de croissance démographique atteint en 2023, qui était de plus de 3 %.
Les entreprises canadiennes avaient déjà exprimé des préoccupations quant aux répercussions économiques de la réduction du nombre de résidents temporaires. La révision des cibles de résidents permanents augmentera sans doute les inquiétudes des dirigeants d’entreprise quant à la croissance des revenus et à l’offre sur le marché du travail pour 2025. Même si nous croyons que les conséquences sur la croissance du PIB pourraient être atténuées par certains facteurs compensatoires et que le choc sur les revenus pourrait être moins grave, nous ne serions pas surpris que la pénurie de main-d’œuvre redevienne une importante source de préoccupation plus tard en 2025.
L’objectif est de permettre à l’offre de logements et d’infrastructures de rattraper la demande. Avec le vieillissement rapide de la population, cet objectif à court terme nuira toutefois à la résolution des difficultés à long terme liées à la main-d’œuvre au Canada. Nos analyses ont déjà montré que le ratio de dépendance connaîtra une hausse marquée, même avec les anciennes cibles d’immigration.
Les conséquences économiques à court terme ne sont cependant pas aussi graves qu’elles en ont l’air. D’un côté, nous retranchons seulement 0,2 point de pourcentage de notre prévision sur la croissance de la population pour 2025. De l’autre, la révision de la croissance du PIB n’est pas aussi marquée. Une diminution du nombre de chercheurs d’emploi pourrait faire croître les salaires à un niveau plus élevé que ce que nos prévisions précédentes démontraient. Cela soutiendrait, en apparence, la reprise de la consommation par habitant que recherche maintenant la Banque du Canada (BdC). De plus, si la croissance plus faible de la population permet d’améliorer l’abordabilité des logements, les ménages pourraient avoir plus de liquidités à dépenser dans d’autres secteurs de l’économie, surtout ceux qui ont récemment connu des difficultés.
Les retombées économiques de cette nouvelle annonce ne modifient pas immédiatement nos prévisions pour la BdC. Une réduction du nombre d’admissions de résidents permanents exercera pratiquement la même pression à la baisse sur les volets « offre » et « demande » de l’économie. Par conséquent, l’annonce de jeudi ne change en rien nos prévisions quant à l’écart de production au Canada et, par conséquent, à la trajectoire des taux à court terme. Cela dit, comme le PIB potentiel est un facteur important dans les estimations du taux d’équilibre, les derniers changements renforcent notre conviction à l’égard de nos prévisions. Nous croyons toujours que la BdC devra ramener son taux directeur à 2,25 % en 2025.
Pas plus tard que mercredi, la BdC doutait de la capacité du gouvernement à réduire le nombre de résidents non permanents aussi rapidement que prévu. Contrairement aux changements apportés à l’admission de résidents permanents, la baisse prévue du nombre de résidents temporaires, surtout les étudiants, fera diminuer davantage la demande que l’offre, puisque ces résidents ajoutaient peu à la capacité de production de l’économie. Ainsi, comme nous l’avons dit mercredi, il y a un risque que la banque centrale révise à la baisse ses perspectives économiques si les décideurs commencent à intégrer pleinement les plans des gouvernements pour les résidents non permanents. En ce moment, il ne s’agit que d’un risque. De plus, il est peu probable que la BdC apporte des changements importants à ses prévisions avant son Rapport sur la politique monétaire de janvier.
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