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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : les gains d’emploi ne font pas diminuer le taux de chômage
Faits Saillants
- Le nombre total net d’emplois au Canada a augmenté de 40 k en août 2023, mettant fin à une série de baisses. Le taux de chômage est demeuré à 5,5 %. Le tableau 1 présente les principales données.
- Avec ces résultats étonnamment bons, nous prévoyons maintenant que le PIB réel restera en grande partie stable au T3 2023. C’est une amélioration par rapport aux données précédentes, mais encore loin de la dernière prévision de la Banque du Canada (BdC) qui table sur une hausse de 1,5 %.
Implications
Les résultats concernant l’emploi au mois d’août causent une certaine surprise, puisque plusieurs indicateurs se montraient faibles depuis le dernier rapport sur la situation du marché du travail. Le communiqué d’aujourd’hui comporte cependant à la fois des signes de force et de faiblesse. Ainsi, la montée fulgurante de l’emploi s’est concentrée dans les postes à temps plein, et les heures travaillées ont augmenté considérablement, soit de 0,5 %, au cours du mois. Cela dit, sur l’ensemble des gains d’emploi, 49,5 k postes de travail autonome ont été créés, tandis que l’emploi traditionnel a chuté de 9,6 k. Les emplois dans le secteur privé ont aussi reculé de plus de 20 k, soit une deuxième baisse mensuelle importante consécutive.
Du point de vue du contrôle de l’inflation, la nouvelle accélération de la croissance des salaires des employés permanents est préoccupante. Cet indicateur est suivi étroitement par la BdC pour évaluer une potentielle inflation qui proviendrait des augmentations salariales. En plus de la hausse globale, bon nombre de secteurs ont connu une réaccélération le mois dernier.
Cependant, la croissance démographique a une fois de plus été sous les feux de la rampe. Les gains de la population source ont établi un nouveau record historique de 3,9 % (variation mensuelle annualisée) en août (graphique). La création d’emplois reste en retard par rapport à la croissance de la population et au rythme d’embauche induit par celle-ci. La BdC a souligné cette situation hier comme étant un signe du refroidissement de la demande de main-d’œuvre, ce qui risque d’exercer une pression à la hausse sur la demande de biens et services. Bien sûr, la forte croissance de la population renforcera également l’offre de main-d’œuvre, ce qui devrait soulager les tensions sur le marché du travail et pourrait aider à contenir une potentielle inflation par augmentation salariale.
Somme toute, nous ne croyons pas que les données d’août vont inciter la BdC à changer d’idée, elle qui ne devrait pas toucher au taux lors de sa réunion d’octobre. Les consommateurs et les entreprises canadiennes n’ont pas encore pleinement ressenti les effets des hausses précédentes, et il existe de plus en plus de preuves que la croissance économique et l’inflation ralentissent. Mais la reprise de la montée des salaires et la poussée continue attribuable à la croissance démographique nous indiquent que le rééquilibrage de l’économie n’est pas terminé.
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