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Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Canada : des données positives sur l’emploi n’empêcheront pas une baisse de taux de 50 points de base
Faits saillants
- Le nombre total d’emplois au Canada a augmenté de 47 000 en septembre 2024, soit près du double des 27 000 attendus par les prévisionnistes. Le taux de chômage a baissé d’un cran pour s’établir à 6,5 %, renversant ainsi la hausse observée en août. Le total des heures travaillées a légèrement diminué en septembre (-0,4 %), mais est tout de même en hausse de 1,2 % par rapport à l’année précédente. Le salaire horaire moyen a ralenti au cours du mois pour s’établir à 4,6 % par rapport à l’année dernière. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre prévision de la croissance du PIB réel du Canada au T3 2024 a légèrement augmenté pour atteindre 1,2 %, une attente nettement inférieure au gain annualisé de 2,8 % anticipé dans le récent Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada (BdC).
Implications
Pour un deuxième mois consécutif, le nombre d’emplois créés au Canada a dépassé les attentes des prévisionnistes, compensant largement la faiblesse observée à ce chapitre en juin et en juillet. La croissance de l’emploi s’est concentrée dans les services, particulièrement dans les secteurs de l’information, de la culture et des loisirs (22 000), du commerce de gros et de détail (22 000) et des services professionnels, scientifiques et techniques (21 000). Tous les gains sont attribuables à des emplois à temps plein (112 000), ce qui compense largement la perte d’emplois à temps partiel (-65 000). Autre avance notable en septembre, celle de l’embauche d’employés du secteur privé (61 000).
La hausse de l’emploi du mois de septembre a été bien accueillie, mais elle n’a pas été suffisante pour suivre la croissance de la population, ce qui a contribué à faire baisser le taux d’emploi pour un cinquième mois consécutif. Toutefois, combiné à la baisse de deux dixièmes du taux de participation (qui a atteint 64,9 %) de ce mois-ci, le taux de chômage a inévitablement fléchi. Alors que le recul du taux de chômage était concentré chez les jeunes (15 à 24 ans), en baisse d’un point de pourcentage pour s’établir à 13,5 %, la progression du taux de chômage chez les travailleurs dans la force de l’âge a nui à la baisse (graphique 1). Fait rassurant : ce résultat n’est pas attribuable à une faiblesse des embauches de travailleurs de cette dernière catégorie d’âge, qui ont augmenté de 34 000 pour un deuxième mois consécutif. Les conditions d’emploi des nouveaux arrivants les plus récents se sont améliorées au cours du mois, mais pas suffisamment pour compenser la faiblesse qui s’est accentuée tout au long de l’année.
La croissance toujours vigoureuse de la population s’est poursuivie en septembre, dépassant amplement la demande de main-d’œuvre (graphique 2). Cependant, si le gouvernement fédéral réussit à ramener le nombre de résidents non permanents à 5 % de la population au cours des trois prochaines années, cela devrait peser sur l’inflation et la croissance du PIB réel, encourageant la BdC à continuer de réduire le taux directeur.
Malgré le rythme effréné de la croissance de la population, la croissance des salaires des employés permanents demeure bien au-dessus du rythme de l’inflation, quoique la croissance annualisée soit la plus faible depuis juin 2023, à 4,5 % par rapport à l’année dernière. Cette situation serait normalement plus préoccupante pour la BdC, mais cette dernière accorde beaucoup moins de poids à l’Enquête sur la population active dans la mesure de la croissance des salaires. Elle préfère les données des Comptes nationaux Lien externe au site. et de productivité Lien externe au site.. Et dans chacun de ces cas, la hausse des salaires a été beaucoup plus faible que dans l’Enquête sur la population active (graphique 3). Quoi qu’il en soit, ces indicateurs salariaux montrent que les Canadiens récupèrent une partie des salaires réels perdus pendant la récente poussée d’inflation.
Avec le retour de l’inflation à la cible de 2 % de la Banque du Canada en août, l’importance du marché du travail se met à ressortir. Bien que les données de septembre indiquent que le marché du travail pourrait ne pas avoir dit son dernier mot, nos suivis indiquent que la croissance du PIB réel au T3 sera beaucoup plus faible que les dernières prévisions de la BdC. Compte tenu de l’accentuation du ralentissement économique, nous sommes toujours d’avis que celle-ci réduira le taux directeur de 50 points de base (pdb) en octobre. Il devrait y avoir une autre baisse de 25 pdb en décembre, puis six de plus en 2025. Toutefois, si la faiblesse du marché de l’emploi commence à s’aggraver, la question ne sera plus de savoir si la BdC continuera de réduire les taux, mais bien si le rythme des baisses de taux devra s’accélérer par rapport à nos attentes et à celles du marché.
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