- Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Canada : les données d’octobre sur l’emploi indiquent un possible ralentissement de la croissance de la population
Faits saillants
- L’emploi total au Canada a progressé de 15 000 en octobre, ce qui représente environ la moitié de la hausse attendue par les prévisionnistes. Le taux de chômage s’est maintenu à 6,5 %. Le total des heures travaillées a augmenté de 0,3 % en variation mensuelle et de 1,6 % par rapport à l’année dernière, tandis que le salaire horaire moyen a grimpé de 4,9 % sur une base annuelle, après un ralentissement observé en septembre. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre prévision de croissance du PIB réel canadien au T4 2024 est maintenue dans la fourchette de 2 à 2,5 % sur une base annualisée à la suite de la publication des données d’octobre sur l’emploi, ce qui est généralement conforme aux prévisions de la Banque du Canada (BdC) figurant dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire. Nos prévisions pour le troisième trimestre demeurent inchangées à environ 1 %, ce qui est inférieur aux dernières prévisions de la Banque, soit 1,5 %.
Implications
Le marché de l’emploi au Canada a affiché une croissance en octobre pour un troisième mois consécutif. Les embauches se sont concentrées dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien (29 000), alors qu’elles ont diminué dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (-13 000) et les administrations publiques (-9 000). Tous les gains sont des emplois à temps plein (26 000), et les embauches dans le secteur privé (21 000) ont enregistré une autre belle remontée durant le mois. Par province, l’Alberta (13 000) et la Colombie-Britannique (8 000) ont connu les plus importantes hausses, tandis que l’Ontario (-11 000) a cédé le plus d’emplois.
Bien que les gains au chapitre de l’emploi en octobre aient été bien reçus, ils n’ont pas été suffisants pour suivre le rythme de croissance de la population (graphique 1), ce qui a contribué à faire baisser le taux d’emploi pour un sixième mois consécutif (à 60,6 %). Toutefois, combiné à la baisse de un dixième du taux d’activité durant le mois, qui a atteint 64,8 %, le taux de chômage a peu varié. Le taux de chômage des jeunes travailleurs (15 à 24 ans) a baissé de nouveau en octobre, reculant de 0,7 point de pourcentage à 12,8 %, après avoir chuté de un point de pourcentage en septembre. Fait encore plus préoccupant, le nombre d’emplois des travailleurs du principal groupe d’âge actif (entre 25 et 54 ans) a chuté de 11 000 en octobre. Il s’agit de la première baisse mensuelle depuis mai et du deuxième recul seulement cette année. Le taux de chômage de ce groupe est ainsi passé à son plus haut niveau en deux ans, à 5,6 %.
Même si la croissance importante de la population a encore largement surpassé celle de la demande de main-d’œuvre en octobre, la progression mensuelle de la population est la plus lente observée depuis décembre 2023. Ce pourrait être le début d’une décélération de l’élan de croissance de la population canadienne, car le gouvernement fédéral prévoit réduire le nombre de résidents permanents Lien externe au site. et non permanents Lien externe au site. admis au cours des prochaines années. Si cette initiative est mise en œuvre, cela aura un effet négatif sur la croissance du PIB réel à l’échelle nationale Lien externe au site. et dans toutes les provinces Lien externe au site., ce qui favorisera les baisses de taux de la Banque du Canada. Si les plans du gouvernement fédéral sont pleinement mis en œuvre, cela représentera également pour la banque centrale un risque baissier considérable sur le plan des perspectives économiques, lesquelles s’appuient sur une croissance forte et soutenue de la population (graphique 2).
Malgré le rythme encore rapide de la croissance de la population, celle des salaires des employés réguliers est demeurée bien supérieure au rythme de l’inflation en octobre pour s’établir à 4,9 % par rapport à l’année dernière, après avoir affiché la plus faible croissance depuis plus d’un an en septembre (graphique 3). Cette situation serait normalement plus préoccupante pour la Banque du Canada, mais cette dernière accorde beaucoup moins de poids à l’Enquête sur la population active dans la mesure de la croissance des salaires. Quoi qu’il en soit, tous les indicateurs salariaux montrent que les Canadiens récupèrent une partie des salaires réels perdus pendant la récente poussée d’inflation. Sur une note plus positive, les hausses des salaires se sont concentrées dans le secteur privé en octobre, ce qui a permis de renverser temporairement la tendance haussière de la rémunération dans le secteur public que nous avions déjà soulignée Lien externe au site..
L’inflation ayant chuté sous la cible de 2 % établie par la Banque du Canada en septembre, le marché du travail a pris une importance accrue dans la prise de décision concernant la politique monétaire. Bien que les données d’octobre indiquent que le marché du travail pourrait ne pas avoir dit son dernier mot, notre prévision pour le second semestre de 2024 pointe vers une croissance du PIB réel modérément plus faible comparativement aux prévisions de la Banque du Canada pour octobre. Les perspectives économiques de la Banque du Canada pour 2025 et 2026 sont maintenant également exposées à un risque baissier accru en raison du ralentissement de la croissance de la population et d’une nouvelle escalade potentielle du protectionnisme commercial à la suite de l’élection américaine Lien externe au site.. Par conséquent, nous sommes toujours d’avis que la Banque réduira le taux directeur de 25 points de base en décembre, et que cette réduction sera probablement suivie de cinq autres baisses comparables en 2025. Toutefois, si la faiblesse du marché de l’emploi et de l’économie dans son ensemble commence à s’aggraver, la question ne sera plus de savoir si la Banque du Canada continuera de réduire ses taux, mais plutôt de savoir si le rythme des baisses de taux devra s’accélérer par rapport à nos attentes et à celles du marché.
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