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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : un ralentissement du marché du travail qui semble mettre la Banque du Canada sur la touche
Faits Saillants
- L’emploi total net au Canada n’a augmenté que de 18 000 postes en octobre 2023, ce qui est bien inférieur à la moyenne de plus de 50 000 emplois des deux derniers mois. Le taux de chômage a grimpé à 5,7 %, sa première hausse en quatre mois. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre prévision de la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel au quatrième trimestre de 2023 a peu changé, ce qui laisse tout de même croire à une légère accélération après la quasi-stabilité du troisième trimestre – soit nettement en deçà des dernières prévisions de la Banque du Canada pour les deux trimestres (+0,8 %).
Implications
Les résultats sont faibles presque partout. La croissance de l’emploi a considérablement ralenti, l’embauche de travailleurs à temps partiel ayant compensé la légère diminution des emplois à temps plein et les gains annualisés pour les heures travaillées ont également diminué. L’embauche dans le secteur privé est demeurée à la traîne de celle dans le secteur public. En ce qui concerne les provinces, un gain démesuré en Alberta a masqué les baisses importantes de l’emploi au Québec et en Ontario.
Le ralentissement de la croissance des salaires des employés permanents (graphique) s’avère particulièrement positif du point de vue de la maîtrise de l’inflation. Cette mesure est suivie étroitement par la Banque du Canada pour déceler les signes d’une éventuelle inflation par augmentation salariale, elle avait accéléré au cours des trois derniers mois.
La réaccélération de la croissance de la population âgée de 15 ans et plus continue de poser différents risques à court et à long terme, comme nous l’avons déjà souligné à maintes reprises. Cette accélération a suivi un léger apaisement en septembre. Le fait que la population surpasse encore la création d’emplois a entraîné une hausse du taux de chômage. Dans le contexte actuel, alors que la Banque du Canada tente de maîtriser l’inflation, les gains de population risquent de stimuler la demande de biens et de services et d’accentuer les pressions sur les prix. Au fil du temps, ces gains devraient toutefois continuer d’accroître l’offre de travailleurs disponibles ainsi que soulager le resserrement du marché du travail et faire reculer l’inflation potentielle causée par la hausse des salaires.
Nous sommes toujours d’avis que la prochaine décision de la Banque du Canada consistera en une baisse au deuxième trimestre de 2024. Les tensions du marché du travail semblent s’atténuer, et les consommateurs et les entreprises du Canada n’ont pas encore ressenti pleinement les effets des augmentations antérieures des coûts d’emprunt. Nous prévoyons encore que l’économie connaîtra une légère récession au cours des prochains trimestres. Les prochaines données sur l’inflation s’avéreront évidemment cruciales, même si elles semblent également évoluer dans la bonne direction.
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