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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : l’emploi se maintient, mais le marché du travail faiblit encore
Faits saillants
- Le nombre total net d’emplois au Canada a encore une fois bondi en février 2024, soit de 40 700. Le taux de chômage a légèrement augmenté pour s’établir à 5,8 % après un petit recul en janvier. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre prévision pour le T1 2024 est demeurée sensiblement la même, soit une croissance annualisée du PIB réel entre 1 % et 1,5 %. C’est plus que la progression de 0,5 % anticipée par la Banque du Canada (BdC) en janvier.
Implications
Les embauches se sont poursuivies en février. Les gains se sont concentrés dans les postes à temps plein et les heures travaillées se sont maintenues. Cela dit, comme ce fut le cas pour la plus grande partie de la dernière année, les embauches dans le secteur privé sont toujours en retard sur les avancées dans le secteur public. Cependant, la plus grande partie de la progression de l’emploi est attribuable aux travailleurs autonomes. Par conséquent, le marché du travail n’est pas en si bonne santé, surtout dans le contexte de faillites d’entreprises nettement plus élevées en janvier.
Le rythme de croissance de l’emploi demeure un indice trompeur, car la croissance de la population a encore une fois dépassé la création nette d’emplois (graphique 1). La population du Canada a connu une autre hausse record par rapport à l’année précédente et conserve un solide rythme mensuel au-dessus de 3 % annualisé. Dans ce contexte, pour maintenir le taux d’emploi, il aurait fallu qu’environ 65 000 postes soient créés le mois dernier. Par conséquent, le marché de l’emploi continue de se détendre malgré une bonne reprise des embauches.
Par province, la croissance plus faible de l’emploi est plus marquée en Ontario (graphique 2). Cependant, l’écart avec la progression de la population est aussi considérable, quoique dans une moindre mesure, dans les trois autres provinces les plus importantes.
Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises, d’un point de vue économique, l’explosion de la population a aussi des inconvénients. Dans la mesure où elle stimule la demande des consommateurs et l’activité économique générale, il y a un risque qu’elle relance l’inflation à court terme. Les pénuries de main-d’œuvre continuent toutefois de peser sur la croissance canadienne, à court comme à long terme. Étant donné que l’intégration des nouveaux arrivants sur le marché du travail s’est améliorée au cours des dernières années, il y a lieu de penser que l’immigration internationale peut contribuer à atténuer les pénuries et à stimuler l’offre de main-d’œuvre ainsi qu’à calmer l’inflation potentielle par l’entremise d’une hausse des salaires au fil du temps.
Le ralentissement de la hausse des salaires (graphique 3) en février est une bonne nouvelle pour les efforts visant à ramener l’inflation à sa cible de 2 %. La BdC suit de près les salaires des employés permanents pour mesurer les signes de cette possible inflation par l’entremise d’une augmentation des salaires. Le taux de croissance annualisé de cet indicateur a baissé pour un deuxième mois consécutif et est inférieur à 5 % pour la première fois depuis juin dernier. Cela dit, la rigidité dans la croissance des salaires continue de pousser le risque d’inflation vers le haut, et la BdC devra continuer de suivre la situation de près. En effet, elle a souligné Lien externe au site. la nécessité de voir d’autres signes d’un ralentissement de la croissance des salaires dans son annonce des taux d’intérêt de mercredi.
Nous sommes toujours d’avis que la BdC commencera à réduire son taux directeur au deuxième trimestre de cette année. Nous pensons aussi qu’elle va accorder plus d’importance au soulagement de la pression sur les prix et à la chute des postes vacants qu’aux gains d’emplois globaux et qu’au PIB réel, qui sont soutenus par l’explosion démographique. Et nous sommes encore d’avis que, comme les consommateurs et les entreprises du Canada ressentent de plus en plus les effets des hausses antérieures du coût des emprunts, la politique monétaire sera moins restrictive à compter du milieu de l’année.
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